Nucléaire, taxe sur les carburants, colère sociale... Les réponses d’Emmanuel Macron aux gilets jaunes

Actualité
Image
Couverture : Nucléaire, taxe sur les carburants, colère sociale... Les réponses d’Emmanuel Macron aux gilets jaunes
par Jason Wiels, le Mardi 27 novembre 2018 à 11:45, mis à jour le Jeudi 19 mars 2020 à 14:57

Le président de la République a évoqué mardi les prochaines étapes de la transition énergétique du pays. Quatre à six réacteurs nucléaires seront fermés d'ici à 2030, plus de moyens seront dédiés aux énergies renouvelables et une "adaptation" de la taxe sur les carburants en cas d'envolée des prix du baril sera discutée chaque trimestre.

Après deux semaines de manifestations partout en France, le président de la République a répondu aux vives inquiétudes du mouvement des gilets jaunes. Si Emmanuel Macron a reconnu que tout ne pourrait pas être réglé en un seul discours, il a dessiné la feuille de route des grandes orientations énergétiques du pays et a proposé de prolonger la réflexion dans les prochains mois.

Le résumé de son intervention en cinq points.

Comprendre la colère, condamner les casseurs

Emmanuel Macron est d'abord revenu sur les incidents qui ont émaillé la manifestation sur les Champs-Élysées, samedi. Il a distingué les "concitoyens qui veulent faire passer un message" de ceux qui "veulent la destruction et le désordre" :

Le président a également souhaité faire preuve d'empathie vis-à-vis des Français qui cumulent les difficultés :

Ils disent que ce sont toujours les mêmes qui font les efforts et ils ont raison. Discours d'Emmanuel Macron, le 27 novembre 2018

Vers une taxe sur les carburants flottante ?

Le chef de l'État a mentionné une "adaptation" de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques en cas d'envolée des prix sur les marchés internationaux. Une annonce qui ressemble à la "TICPE flottante" évoquée par certains dans le débat public, qui pourrait être réévaluée "tous les trimestres".

Alors que Renaul traverse une zone de turbulences, il a aussi envoyé un signal positif à l'industrie automobile en France, en rappelant que "la voiture avait un avenir en France".

Nucléaire : moins de réacteurs pour une énergie "d'avenir"

Si la France ne sortira pas demain du nucléaire, Emmanuel Macron a toutefois évoqué la fermeture d'une douzaine de réacteurs d'ici à 2035. Le rythme des fermetures sera néanmoins soumis à "l'évolution du mix énergétique", comprendre selon la vitesse de déploiement des énergies renouvelables.

Le président de la République considère que l'atome reste une "énergie d'avenir" et a maintenu la porte ouverte au développement de l'EPR. EDF devra soumettre un "programme de nouveau nucléaire" en 2021.

Plus de moyens pour les énergies renouvelables

Le rythme d'investissement dans les énergies vertes devrait croître dans les années à venir de 2 à 3 milliards d'euros supplémentaires.

Dans le détail, il veut d'ici à 2030 tripler la production de l'éolien terrestre et quintupler celle de l'électricité photovoltaïque. À terme, le président de la République vise une sortie des énergies carbonées (gaz et pétrole) en "une génération", à savoir en 2050.

Plus de solutions concrètes... à venir

Fustigeant le caractère compliqué du chèque-énergie, Emmanuel Macron a donné trois mois aux élus et experts réunis devant lui pour trouver des solutions "concrètes" et "simples" pour répondre aux inquiétudes de ceux qui ont "dix euros à la fin du mois sur leur compte en banque". Il propose que le débat ait lieu "partout sur le territoire", y compris avec des représentants des gilets jaunes.

 

Les principaux opposants à l'exécutif n'ont pas tardé à faire valoir leurs critiques. Éric Woerth (LR) voit un "retour vers le futur" avec la taxe carburant flottante, "créée par Jospin".

Marine Le Pen (RN) comme Jean-Luc Mélenchon (LFI) dénoncent des réponses qui tardent à venir : "À ceux qui se demandent comment boucler leur budget dans trois jours, Emmanuel Macron répond rendez-vous dans 3 mois...", ironise la première. "Résumé du discours du président au peuple : encore trois mois, monsieur le bourreau...", raille le second.