"Être européen c'est quoi ?" La question est posée dans une collection d'entretiens de personnalités sous un angle original : et si l'idée de l'Europe était une Europe des idées ?
A travers leurs témoignages, recueillis par Julie Morelle, une journaliste belge, six personnalités retracent leur parcours, parlent de leur inspiration, évoquent leur propre conception d'une Europe culturelle et artistique.
Française d'origine bulgare, Julia Kristeva s'est interrogée longuement sur l'identité de l'Europe, « une identité en mouvement » dit-elle. La psychanalyste développe ici sa « vision universaliste et diversifiée que représente le rêve européen ». L'atout majeur de cette Europe, c'est sa culture multiple, héritage des nations qui la composent.
Julia Kristeva, qui se définit comme « une pessimiste énergique », met en garde contre les « souverainismes trop présents » qui rendent ce vaste ensemble « bringuebalant ». Elle souhaite que l'Europe soit plus unie, et de fait, « plus attentive ».
D'origine roumaine, avec un nom d'emprunt hérité de son père, Radu Mihaileanu se sent profondément européen. Ce qui fait la force de l'Europe selon lui, c'est sa diversité : un ensemble de nuances et de lumières avançant dans un seul et même sens. Ce sont des valeurs communes qui passent d'abord par l'éducation et la culture.
Le réalisateur met en garde quant à la montée des nouveaux nationalismes, de cette façon « le dénouement ne peut qu'être tragique » dit-il. Il faut veiller à ce que « l'humanité ne se laisse pas enfermée » dans une inertie dramatique.
Né en France de parents grecs, Nikos Aliagas a toujours eu par sa double culture et ses différents métiers un attachement profond à l'Europe. Nikos Aliagas n'oublie pas son histoire familiale, l'arrivée de son père en France dans les années 60 après avoir quitté une dictature.
Pour l'homme de télévision et le photographe reconnu, la paix n'est possible que si les pays sont unis en Europe. C'est d'ailleurs pour défendre cette idée européenne qu'il est sorti de sa réserve quant aux sujets politiques lors du référendum grec de 2015.
Oui, la gastronomie est une forme de culture et l'identité de l'Europe peut aussi se retrouver dans nos assiettes, au bout de nos fourchettes. Les ingrédients varient selon les régions, selon les préférences et les habitudes culinaires, mais au fond les plats se ressemblent quelque peu, et l'important c'est la convivialité autour de la table.
Elvira Masson parle de son enfance façonnée de souvenirs culturels entremêlés. À la maison, les coutumes suédoises de sa mère se mélangent aux bonnes vieilles traditions françaises : « une éducation européenne » finalement. Et si la chroniqueuse croit encore aujourd'hui en une Europe « terre d'accueil pour tous », c'est bien grâce à ses « parents très ouverts sur l'Europe », qui lui ont su lui transmettre ce goût pour le partage.
Diffusions :
Julie Morelle est journaliste à la RTBF depuis 22 ans. Diplômée en journalisme et communication de l’Université Libre de Bruxelles, elle rejoint le média de service public en 2000 dès la fin de ses études. Elle travaille d'abord comme reporter pour différents magazines d’info et pour le journal télévisé pendant 10 ans, avant de de s’installer à la présentation des éditions JT du week-end pendant les 10 années qui suivent. Depuis 2021, elle anime « Déclic », un nouveau magazine d’info diffusé quotidiennement en télévision et en radio, et qui ambitionne de proposer chaque jour décodage et débats d’actualité avec différents chroniqueurs et invités. Passionnée d’actualité, de voyages, de randonnée et de littérature, elle saisit chaque occasion qui lui permet de faire des rencontres et de découvrir le monde dans sa diversité. Mariée et mère de 2 filles, elle vit aujourd’hui à la Hulpe, au sud de Bruxelles.