Ils décident d’enquêter sur les Rwandais accusés d’avoir participé au génocide et qui se sont réfugiés en France. Ils sont nombreux, plusieurs centaines sans doute, et ont refait leur vie sur notre sol. Ils sont professeurs, médecins, agents de sécurité ou prêtres. La France refusant de les extrader vers le Rwanda, c’est à notre justice de les juger au nom de la compétence universelle. Mais il faut des éléments pour déposer plainte, des preuves ou des témoignages.
Alain et Dafroza Gauthier partent donc sur les routes rwandaises, cherchent des survivants capables de témoigner ou interrogent des bourreaux derrière les barreaux de leur prison.
En plus de 20 ans, ils ont déposé une trentaine de plaintes. Grâce à eux, six hommes ont été conduits devant la justice et condamnés à de lourdes peines. Le dernier, Philippe Hategekimana a été jugé devant la Cour d’Assises de Paris entre mai et juin 2023. Pour ce documentaire, nous avons suivi les Gauthier sur ses traces au Rwanda jusqu’au verdict du tribunal qui l’a condamné à la réclusion à perpétuité.
Diffusions :
Une bande dessinée signée Thomas Zribi et Damien Roudeau, racontant la vie et le parcours d’Alain et Dafroza Gauthier, vient également de paraître aux éditions Steinkis/Les Escales.
Le journaliste Thomas Zribi et Damien Roudeau, spécialisé dans le dessin de reportage, racontent le combat de Dafroza et Alain Gauthier à travers un récit sensible et pudique qui retrace des destins brisés, car un génocide, ce n’est pas qu’un nombre de morts, c’est une addition de visages et de noms. Cet album, à travers leur histoire, permet de comprendre non seulement le déroulé du génocide, sa préparation, sa mise en place, mais aussi de prendre conscience de l’injustice française : alors que l’on estime qu’entre 200 et 400 génocidaires présumés vivraient sur notre sol, la France refuse de les extrader vers le Rwanda tout en mettant des années, parfois des dizaines d’années, à les juger elle-même.
Cet album est avant tout une histoire humaine. Celle d’un couple ordinaire qui a décidé de consacrer toute sa vie et toute son énergie à la lutte pour la justice. Alain le dit lui-même : « depuis 1994, il n’est pas un jour où nous n’avons pas prononcé le mot génocide ».