Dans un contexte international en perpétuel mouvement, Yves Thréard s’intéresse à l’influence grandissante de l’Afrique sous tous ses aspects, en donnant à la parole pour cette seconde cession d’entretiens sur le thème “Souvenirs et avenir d’Afrique” à Amin Maalouf, Pierre Vermeren, Souleymane Bachir Diagne, Niagale Bagayoko, François Soudan et George Arthur Forrset.
Académicien Franco-Libanais
Ses premières passions, ses premières lectures étaient liées à l'Afrique. Très jeune Amin Maalouf s'indigne de l'apartheid, choisit l'Afrique pour ses débuts en tant que journaliste et sera l'un des rares sur place lors de la chute Haïlé Sélassié le 12 septembre 1974 avant de devenir plus tard directeur de la rédaction de Jeune Afrique. Le romancier raconte au cours de cet entretien son faible pour l'histoire éthiopienne, sa fascination pour l'Afrique du Sud et l'extraordinaire générosité de Nelson Mandela ou encore sa rencontre avec l'homme politique Olivier Tambo. Interrogé sur l'immigration, il rappelle la tendance ancienne des libanais à émigrer et sait « qu'il y a des moments où il faut partir parce qu'on ne peut pas résoudre les problèmes de son pays ». Selon Amin Maalouf, les maux de l'immigration n'ont pas de solution, les gens n'arrêteront pas de chercher des endroits pour vivre mieux, et c'est une réalité avec laquelle nous devons accepter de vivre. Toujours en lien avec la déstabilisation du continent, l'Académicien n'accuse pas l'occident d'avoir renverser Mouammar Kadhafi mais d'être intervenu ponctuellement et de s'être aussitôt désintéressé de la situation. S'il dit contempler le monde arabe avec angoisse, Amin Maalouf assure aussi avoir le droit et même le devoir d'assumer toutes ses appartenances et d'être une passerelle entre elles.
Spécialiste du Maghreb et des sociétés arabo-berbères.
Dans cet entretien, il retrace l'origine de la passion française pour l'Afrique, dont la puissance et l'attrait persistent aujourd'hui. Selon lui, c'est en réaction à la montée de l'Allemagne en Europe dès le XIXème siècle que la France a investi sur ce continent une grande partie de ses forces intellectuelles, économiques et militaires. L'historien affirme qu'il n'y a pas une nostalgie de cette époque mais bien une histoire à clarifier et à enseigner, qui loin des polémiques serait en réalité facteur de pacification face à une mémoire chargée d'affects. Dans cette émission, Pierre Vermeren déconstruit certaines grandes idées préconçues sur l'histoire de la colonisation française en Afrique. Notamment celle d'une assimilation culturelle imposée et massive des populations locales, contredite par la réalité historique d'une école distribuée avec une extrême parcimonie à une élite restreinte. C'est plus tard, selon lui, que les gouvernements fraîchement indépendants ont créé des écoles françaises et développé la francophonie en Afrique. Il éclaire également les différences fondamentales entre les colonisations française et britannique, en décrivant la première comme « une colonisation du pauvre » qui a envoyé sur place de force des fonctionnaires et militaires, et qui n'était pas l'affaire des français mais des élites françaises. Constatant l'échec du "développementalisme" dans la région, ainsi que la détérioration des relations entre l'Algérie et la France, Pierre Vermeren croit au pouvoir de l'histoire et donne sa confiance aux nombreux intellectuels du Maghreb menant un travail de clarification historique et politique, accompagnés par des mouvements comme les Printemps arabes ou le Hirak en Algérie, preuves « de l'aspiration de ces peuples à la liberté, la dignité, l'égalité et au travail ».
Philosophe sénégalais et Professeur à l’université de Columbia
Chercheuse en relations internationales
Journaliste français et directeur de la rédaction de « Jeune Afrique »
Homme d’affaires belgo-congolais
"Les grands entretiens" est une collection d’interviews diffusées sur LCP.
Oubliez les plateaux de télévision placés sous le feu des projecteurs, oubliez les éclats de voix des débats et la frénésie de l’actualité, place à une rencontre singulière avec une personnalité du monde politique, des arts, du spectacle ou de la société civile.
Une volonté affichée de laisser s’exprimer les émotions, la force des mots, le poids des silences et l’intensité des regards. Le décor est plongé dans l’obscurité, une mise en images tout en profondeur et en élégance où seuls les visages du présentateur et de son invité s’éclairent dans l’intensité de cet échange.
Le journaliste-interviewer choisit le thème de ces entretiens et recueille la parole des personnalités.