C’est un combat de près d’un siècle, qui n’a jamais été raconté en documentaire, celui que les personnes handicapées physiques ont mené pour revendiquer un droit simple, celui d’exister. De l’entre-deux-guerres où quelques visionnaires prêchent dans le désert, à la première politique nationale du handicap votée en juin 1975, se dévoilent des décennies de luttes, d’émancipation et d’éveil politique. Éclairé par des militants handicapés d’hier et d’aujourd’hui confrontés à des archives méconnues, ce projet mémoriel inédit croise l’intime et le politique. Il décrypte les racines d’un débat très actuel.
De la rééducation des mutilés de la Première Guerre mondiale aux revendications radicales des « Handicapés Méchants » dans les années 1970, en passant par l’injonction à marcher imposée aux polios dans les années 1950, ce film retrace une histoire faite de ruptures, de mobilisations et de revendications identitaires. De l’entre-deux-guerres aux lois fondatrices de juin 1975 – dont on célèbre aujourd’hui le cinquantenaire – les personnes handicapées se battent pour leur droit à exister, à être visibles, à vivre dignement. À travers des archives rares et les voix de militantes et militants d’hier et d’aujourd’hui, le film explore les racines d’un débat toujours actuel, autour de l’antivalidisme, de la vie autonome ou de la fermeture des institutions.
Les personnes handicapées forment aujourd’hui la première minorité de France. Pourtant, le handicap – qu’il soit moteur, mental, sensoriel ou psychique – demeure la principale cause de discrimination dans notre société. Malgré des signes d’avancée, comme le succès du film Un p’tit truc en plus (réalisé par Artus) ou l’engouement croissant pour les Jeux paralympiques, l’égalité réelle reste hors de portée. Mais connaît-on réellement l’histoire de ce combat ? Peut-on « vivre ensemble » sans se connaître ? Alors que les mouvements antipsychiatriques ont été médiatisés grâce à des figures comme Michel Foucault ou Gilles Deleuze, le handicap moteur, lui, est resté un angle mort de l’histoire sociale française, privé de grands porte-voix. Ce documentaire comble ce vide. Il interroge notre rapport au corps, à la norme et à la performance, à travers le récit d’un siècle de résistances souvent passées sous silence.
Diffusions :
Laetitia Møller est journaliste en presse écrite et réalisatrice. Ses premières réalisations audiovisuelles – Viol, les voix du silence et Le Mythe du pervers narcissique, diffusées à la télévision, décryptent les mécanismes de pouvoir dans notre société. En 2021, L’Énergie positive des dieux, son premier documentaire de création sur le groupe de rock Astéréotypie composé d’interprètes autistes, est primé dans de nombreux festivals – prix du jury et de la presse au Champs Élysées film festival, Etoile de la Scam... – et diffusé au cinéma.
Passionnée par l’archive, l’histoire orale et les grands sujets socio-historiques, Isabelle Foucrier, productrice à l’INA, a beaucoup travaillé sur les questions du handicap ces dernières années. En tant qu’initiatrice et productrice d’Il suffit d’écouter les femmes, une collection de témoignages filmés sur le vécu ordinaire de l’avortement clandestin avant 75, ainsi qu’un prime France 5 associé à ce projet mémoriel, elle s’attache particulièrement à consigner et transmettre sous forme documentaire les paroles et les vécus menacés d’oubli.