"La menace russe est là", déclare Emmanuel Macron, affirmant que "face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie"

"Nous rentrons dans une nouvelle ère." Lors de son allocution aux Français, prononcée ce mercredi soir, Emmanuel Macron a tiré les conclusions de la "menace russe" et de l'inquiétude suscitée par la stratégie de Donald Trump depuis son retour à la présidence des Etats-Unis. "Face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie", a lancé le chef de l'Etat, prévenant les Français que la situation géopolitique nécessitera "des réformes" et "du courage". 

Notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines. Emmanuel Macron

"L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou", a martelé Emmanuel Macron, décidé à imposer l'Europe à la table des discussions. En Ukraine, tout d'abord, affaiblie par la suspension de l'aide militaire américaine, et où la paix ne saurait être "imposée à n'importe quel prix". De nouveau, le chef de l'Etat a mis sur la table l'envoi de troupes européennes, qui ne seraient pas destinées à participer aux combats, mais à maintenir la paix une fois celle-ci négociée. Un sommet sera organisé à Paris avec les alliés qui le souhaitent à cet effet. Il a également mis en garde contre un cessez-le-feu qui serait "trop fragile", et qui ne permettrait pas une paix durable.

Emmanuel Macron l'a affirmé avec force lors de son allocution : "La Russie est devenue une menace pour la France et pour l'Europe". "Qui peut croire (...) que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ?", a-t-il interrogé, évoquant l'"agressivité" tous azimuts de Moscou sous l'impulsion de Vladimir Poutine.

"Je veux croire que les Etats-Unis resteront à nos côtés ; mais il nous faut être prêts si tel n'était pas le cas" a, par ailleurs, déclaré le Président, appelant à renforcer l'indépendance militaire de l'Europe. A ce titre, il s'est félicité des premières annonces de Bruxelles et de la tenue d'un sommet européen extraordinaire, ce jeudi 6 mars. "L'Europe de la Défense que nous défendons depuis huit ans devient une réalité", a-t-il estimé. 

Un débat stratégique sur l'élargissement de dissuasion nucléaire française

A l'échelle nationale, Emmanuel Macron a annoncé des "investissements supplémentaires" devenus "indispensables" en matière de défense, sans augmentation d'impôts, au-delà de ceux déjà prévus par la loi de programmation militaire 2024-2030. "Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics", a indiqué le chef de l'Etat.

Et disant répondre à "l'appel historique" du futur chancelier allemand, Friedrich Merz, le président de la République a annoncé avoir "décidé d'ouvrir le débat stratégique sur la protection, par notre dissuasion, de nos alliés du continent européens". Cette option, controversée en France, avait notamment été évoquée lors du débat organisé à l'Assemblée nationale il y a deux jours. "La décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République", a cependant assuré Emmanuel Macron à propos du recours à l'arme nucléaire française.

En conclusion, Emmanuel Macron a appelé à ne céder "ni aux excès des va-t-en guerre, ni à ceux des défaitistes", avant d'en appeler à l'engagement des Français : "La patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose ; mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation."