Nucléaire : Arnaud Montebourg dénonce un accord PS-Verts "impossible" à tenir qui a "affaibli" la filière

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par Léonard DERMARKARIAN, le Mercredi 1 mars 2023 à 18:23, mis à jour le Vendredi 10 mars 2023 à 13:00

Auditionné à l'Assemblée nationale en tant qu'ancien ministre de l’Économie et du Redressement productif de 2012 à 2014, Arnaud Montebourg a regretté une perte d'indépendance et de souveraineté énergétique "par nos propres soins". Fustigeant l'accord électoral conclu en 2011 entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts qui a "affaibli" la filière nucléaire, il a aussi critiqué les règles européennes concernant le marché de l'électricité. 

Après nombre d'anciens responsables gouvernementaux (Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, Ségolène Royal, Manuel Valls, Nicolas Hulot, etc.) c'était au tour d'Arnaud Montebourg d'être auditionné, mercredi 1er mars, par les membres de la commission d'enquête "visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance de la France".

Candidat de la "démondialisation" défait en 2011 lors de la primaire socialiste, ancien ministre de l'Economie et du Redressement productif (2012-2014), le témoignage d'Arnaud Montebourg était visiblement attendu par les membres de la commission, notamment désireux de comprendre les dessous de la vente d'Alstom ou des débats autour de la fermeture de la centrale de Fessenheim.

PS-Verts : un "accord de coin de table" ayant "affaibli" la filière nucléaire

Signé le 15 novembre 2011 par Martine Aubry et Cécile Duflot, quelques mois avant l'élection présidentielle de 2012 ayant vu l'accession de François Hollande à l'Elysée,  l'"accord politique de majorité parlementaire" entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts prévoyait notamment la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français de 75% en 2011 à 50% en 2025. Selon Arnaud Montebourg, cet accord électoral, un "accord contre des circonscriptions", est un élément important pour comprendre "le problème de l'affaiblissement de la filière nucléaire".

Estimant l'accord électoral "impossible" à tenir, l'ancien ministre, en restituant les discussions au sein du gouvernement de l'époque, a jugé que les fermetures de centrales nucléaires prévues pour respecter l'accord représentaient une "impasse technique, économique, financière et industrielle", ajoutant que "c'était une destruction de valeur pure par bêtise politique".

François Hollande "empêtré dans ses compromis et ses synthèses"

Tout en déplorant la "valse des ministres de l'Environnement et de l'Energie" durant son ministériat, Arnaud Montebourg a également critiqué en substance les tergiversations de François Hollande sur ce sujet au cours de son quiquennat. Ce dernier ayant en quelque sorte hérité de l'accord Aubry-Duflot sans être convaincu de son bien-fondé, mais sans pour autant clairement revenir dessus. L'ancien ministre a décrit un Président "empêtré dans ses compromis et ses synthèses". Il a également donné son point de vue sur le rôle d'Elisabeth Borne, à l'époque directrice de cabinet de la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, dans la volonté d'établir une liste des 24 réacteurs nucléaires visés par une fermeture afin de respecter l'accord électoral.

L'actuelle Première ministre sera d'ailleurs auditionnée, ce jeudi 2 mars en fin d'après-midi, par les membres de la commission d'enquête, afin de témoigner de son rôle en tant que directrice de cabinet de Ségolène Royal, puis comme ministre des Transports et de la Transition écologique et solidaire durant le premier mandat d'Emmanuel Macron.

L'ancien président de la République, François Hollande, aura quant à lui l'occasion d'expliquer ses choix en matière énergétique, ainsi que sa vision des faits, le 16 mars, puisqu'il sera lui-même auditionné, ce jour-là, par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale.