En 1981, à la photographe Gisèle Freund chargée de tirer son portrait officiel, François Mitterrand confie : « Tenez compte que je suis un écrivain avant d’être un homme politique ». De fait, il sera le seul président de la Vème République à poser devant une bibliothèque, avec un ouvrage à la main. De l’enfant livrovore à l’élu polygraphe, de ses discours brillants à ses amitiés littéraires, en passant par l’immense corpus des Lettres à Anne et du Journal pour Anne (plus d’un millier de pages écrites entre 1962 et 1995), la trajectoire de François Mitterrand ne peut pas être séparée du champ littéraire.
Le film interroge : François Mitterrand était-il vraiment en paix avec son choix de vie politique ? Et si sa carrière publique n’avait été qu’un enchâssement dans une existence plus vaste et plus intime, celle de la littérature ?
A l’occasion des trente ans de sa disparition, sa fille Mazarine Pingeot entreprend de lire enfin les textes laissés par son père. Philosophe, écrivaine et témoin directe de son héritage, elle raconte cette autre vie possible – celle qui aurait sans doute transformé la sienne – et mène ce récit à la fois comme fille et comme femme de lettres attentive à la crise démocratique actuelle. À travers son regard, se dessine un Mitterrand habité par la langue française, dont la vision du monde et la pratique du pouvoir furent façonnées par la littérature.
Réalisé par Catherine Aventurier, ce portrait intime mêle archives méconnues, manuscrits, photos et lettres inédites. Mazarine Pingeot y interroge pour la première fois à l’écran l’héritage de son père, questionnant ce que devient le goût des mots et du temps long dans notre civilisation de l’instant.


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