Image
DD-JEAN PAUL II

Jean-Paul II, le triomphe de la réaction-débatdoc jeudi 8 février à 20h30

Les Coulisses de l'histoire, saison 2

La postérité nous a légué de Jean-Paul II, l’image d’un pape moderne, champion des libertés. En l’espace d’une décennie, il aurait restauré la souveraineté d’une Église durement éprouvée par les affres du XXème siècle. Et pourtant ! Privilégiant les tenants de la morale traditionnelle sur les progressistes, le Saint Père a étouffé les scandales qui auraient pu entacher une institution qui se voulait exemplaire. Des zones d’ombre jusque-là effacées par sa canonisation précoce…

Le 16 octobre 1978, Jean-Paul II devient le premier pape non-italien depuis près de 400 ans, une révolution ! Le nouveau souverain pontife est porté par une double ambition :
restaurer la place de l’Eglise dans la société et mener une croisade contre l’athéisme représenté par le communisme. A peine intronisé, il porte un premier coup à cette idéologie. Lors de son voyage en Amérique latine, il condamne le courant baptisé « la théologie de la libération », d’inspiration marxiste, et désavoue ouvertement les prêtres qui y adhérent au profit des plus conservateurs. En 1979, le second coup est porté en Pologne, où, en visite dans sa terre natale, le pape appelle à ne plus avoir peur du régime soviétique. Grâce à sa puissance médiatique, le message se répand comme une trainée de poudre, entraînant un mouvement de grève sans précédent. Moscou, acculé, n’a pas d’autre choix que de céder en acceptant la création du premier syndicat libre : Solidarnosc.


Deux ans plus tard, Jean-Paul II survit à un attentat. Pour lui c’est un signe. Il lui reste une mission divine à accomplir : mettre à bas le communisme. Avec l’assistance à peine camouflée des États-Unis, il soutient pleinement la résistance contre la dictature polonaise jusqu’à sa chute. Mais tandis qu’il se pose en défenseur des droits de l’Homme en Europe, le souverain pontife persiste à appuyer les dictatures anticommunistes en Amérique latine. En 1982 à Buenos Aires, le pape salue le dictateur Galtieri mais refuse de rencontrer les organisations humanitaires qui ont sollicité une audience. Cinq ans plus tard, au Chili, il ferme les yeux sur la répression sanglante organisée par le général Pinochet contre ses opposants.


Conservateur, Jean-Paul II l’est aussi quand il s’agit de la vie de ses fidèles. Condamnant la contraception et le préservatif, il compare l’avortement à une nouvelle Shoah. Et malgré ses coups d’éclat médiatiques devant des scènes de liesse des premières JMJ à Paris ou ses prières devant le mur des lamentations à Jérusalem, les croyants demeurent dans l’incompréhension d‘un pape qui se déclare en faveur d’une modernisation de l’Église catholique mais qui en réalité prône des dogmes d’un autre âge. Une position qu’il veut inflexible alors même que l’Eglise se retrouve au pied du mur en 2002 éclaboussée par les scandales de pédophile du diocèse de Boston. Trois en plus tard, terrassé par la maladie de Parkinson, le pape décède laissant une image de martyr pour la postérité. Sa canonisation balayera pour l’Histoire, ses dernières zones d’ombre.

  • Réalisé par : Christiane Ratiney
  • Durée : 52'  / Année : 2020
  • Production : Cinétévé, Arte France
Video file

Diffusions : 

  • Mardi 6 février à 00h30
  • Jeudi 8 février à 20h30
  • Dimanche 18 février à 00h
  • Et en replay sur LCP.FR 

Suivi d'un débat présenté par Jean-Pierre Gratien avec :

Sur le thème "Jean-Paul II : la fin d'un mythe ?" avec :

  • Gilles Ferragu, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nanterre
  • Frédéric le Moal, docteur en histoire et professeur au lycée militaire de Saint-Cyr. Spécialiste de l'histoire du fascisme
  • Bernadette Sauvaget, journaliste à Libération
Image
Jean Pierre Gratien