L'Assemblée nationale a adopté le projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi), en première lecture, par 419 voix contre 116. Outre les groupes de la majorité, Les Républicains et le Rassemblement national ont voté en faveur du texte. A gauche, La France insoumise a voté contre, tandis que les élus socialistes se sont abstenus.
Après le Sénat, l'Assemblée nationale a voté, mardi 22 novembre, en faveur du projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi). Le texte a été largement adopté en première lecture, par 419 voix contre 116. "Les policiers, gendarmes, pompiers et agents de préfecture, qui font un travail formidable, [...] ont désormais un texte à la hauteur de leurs moyens pour protéger les Français", s'est félicité Gérald Darmanin à l'issue du scrutin.
Présentée comme la grande loi de sécurité du quinquennat, la Lopmi prévoit une hausse de 15 milliards d'euros de crédits pour le budget de la place Beauvau, répartis jusqu'en 2027. Cette enveloppe doit notamment servir au recrutement de 8 500 policiers et gendarmes supplémentaires, conformément aux engagements d'Emmanuel Macron. Au-delà, le texte ancre la vision et les priorités du ministère de l'Intérieur pour les prochaines années.
Sans surprise, les groupes de la majorité présidentielle (Renaissance, Démocrate, Horizons) ont voté à l'unanimité pour le texte, comme le montre l'analyse du scrutin. Les élus du Rassemblement national ont fait de même. Sans pour autant donner leur quitus à l'exécutif. "Ce texte représente une petite avancée pour nos forces de l'ordre, mais qui reste insuffisante", a déploré Jordan Guitton, appelant à une réforme en profondeur de la justice en parallèle.
"La Lopmi va dans le bon sens", a pour sa part salué Ian Boucard, qui représentait Les Républicains. L'ensemble du groupe a également voté en faveur du projet de loi, bien qu'en y apportant quelques bémols. "Nous aurions aimé qu'elle aille plus loin", a précisé le député du Territoire de Belfort, critiquant "l'angélisme" de la majorité présidentielle en matière sécurité lors du précédent quinquennat. Il s'est toutefois réjoui de l'augementation des places en centres de rétention administrative, mesure qui était portée par Éric Ciotti (LR).
De son côté, le groupe Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires (Liot), s'est partagé entre votes "pour" (16) et abstention (4).
Au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, les députés insoumis, communistes et écologistes ont voté contre le texte. En revanche, les députés socialistes, qui ont fait adopter plusieurs amendements au cours de la discussion, comme la création d'un collège de déontologie auprès du ministère de l'Intérieur, se sont abstenus. Le orateur lors du vote, Roger Vicot, a toutefois souligné les "carences" du texte et les "choix contestables" de l'exécutif, citant l'extension de l'amende forfaitaire à une vingtaine de délits supplémentaires ou la départementalisation de la police nationale.
"Ce sont toujours les mêmes vieilles méthodes héritées de Nicolas Sarkozy que vous avez 'pimpées'" a, quant à elle, regretté Sandra Regol (Écologiste), critiquant la résurgence du spectre de la politique du chiffre et le peu de considération apportée à la sécurité civile. Élisa Martin (LFI) a pointé du doigt la mise en place d'une "technopolice" et "l'érosion du pouvoir judiciaire face au pouvoir administratif".
Adopté au Sénat au mois d'octobre, le texte va désormais être examiné par une délégation de parlementaires de chacune des deux Chambres en commission mixte paritaire. La majorité présidentielle ne pas cache son ambition de trouver une issue conclusive à cette réunion.