A l'occasion de la rentrée, la présidente de l'Assemblée nationale s'est rendue dans un lycée professionnel du Loiret, où elle a salué les "piliers de la République" que sont les enseignants, alors que la profession traverse une crise des vocations.
Encore un coup de serpillière, puis le conseiller principal d'éducation retrace le parcours soigneusement millimétré une dernière fois. Les élèves sont déjà en rangs dans la salle des machines. Le lycée des métiers Maréchal Leclerc de Hauteclocque, situé à Saint Jean de la Ruelle, fait la fierté de son proviseur et d'Orléans : locaux neufs, plusieurs espaces dédiés à la réparation des voitures et des motos, partenariat avec Suez et Toyota... Ce n'est donc pas un hasard si Yaël Braun-Pivet a choisi cet établissement pour effectuer sa rentrée jeudi après-midi en tant que nouvelle présidente de l'Assemblée nationale.
Des étoiles dans les yeux, un élève de BTS en maintenance des véhicules lui explique pourquoi il a absolument voulu étudier "à Maréchal", comme une partie de sa famille avant lui. Ici, on répare aussi bien les boîtiers de vitesse que les engins hybrides ou électriques, et une piste est même dédiée au contrôle technique.
"Je voulais venir dans un lycée professionnel parce que la voie professionnelle est une voie d’avenir, d’excellence et que nous souhaitons la transformer pour lui donner encore plus de souffle. Celui-là est particulièrement éblouissant !", commente Yaël Braun-Pivet. "L'état d'esprit qui règne ici est tout à fait extraordinaire", lui confirme Jean-Pierre Sueur. Le sénateur socialiste et ancien maire d'Orléans pendant vingt ans fait partie de la petite délégation, tout comme la préfète, des élus locaux et la garde rapprochée du quatrième personnage de l'État.
Derrière le décor énergisant d'un établissement qui fonctionne bien, et qui a bénéficié d'investissements importants de la part de la région Centre-Val de Loire, la rentrée scolaire 2022-2023 se fait avant tout sous le signe de la pénurie d'enseignants. 4000 postes sont vacants selon le ministère de l'Éducation nationale. Problème d'attractivité, de reconnaissance, d'autorité aussi : le métier ne séduit plus.
À tel point qu'Emmanuel Macron a promis fin août qu'"aucun enseignant ne commencera sa carrière sous 2000 euros nets mensuels". Une mesure qui pourrait devenir réalité au plus tôt 2023, alors que les enseignants certifiés débutent aujourd'hui leur carrière autour de 1520 euros nets, selon le simulateur de carrière du ministère. "Les enseignants sont vraiment un des piliers de notre République, affirme la présidente de l'Assemblée à LCP. C’est ce qu’on voit dans ce lycée : des enseignants fiers de leur métier et de la transmission qu’ils effectuent, qui font cheminer leurs élèves vers l’excellence, la confiance en soi et de nouvelles compétences."
Interrogée sur la grande dépression que traverse la profession, la députée souhaite "soutenir" les enseignants car "nous avons besoin d'eux". Elle renvoie au ministre Pap Ndiaye et à sa collègue en charge de la formation professionnelle Carole Grandjean le soin de "mieux valoriser" et de rendre "plus attractives" les filières de l'enseignement.
Deux jours avant la rentrée, la présidente de l'Assemblée nationale a aussi reçu sur son bureau une proposition de loi de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. Le texte vise à rendre gratuits les transports, la cantine, les fournitures et les sorties scolaires pour un montant de près de 8 milliards d'euros par an selon son auteur Paul Vannier (La France insoumise).
Un bon moyen de lutter contre les inégalités à l'école ? Yaël Braun-Pivet préfère miser sur la tarification sociale, mise en place par certaines collectivités. "On aide les gens qui en ont besoin. En revanche, les personnes qui ont des revenus satisfaisants et qui peuvent faire face à ces dépenses annexes doivent pouvoir continuer à le faire", estime-t-elle.
L'ancienne présidente de la commission des lois fera lundi une autre rentrée, plus médiatique, comme invitée de la matinale de France Inter puis l'émission de télévision Quotidien. L'occasion de gagner en notoriété pour celle qui n'a été élue pour la première fois qu'en 2017. Et pour mieux peser dans les débats ? "Elle ne parlera que quand elle aura quelque chose à dire, pas question de faire trois matinales par semaine", promet son entourage.