Après juin 1944, pour les Français traumatisés par l'occupation allemande, l'espoir se lève. La libération de la France, cette libération tant attendue est enfin là... ou presque. Car elle sera longue, cette Libération : elle s'étendra sur une année. Avec la Bataille de Normandie, la libération de la France ne fait que commencer. Viendra celle de Paris, le débarquement en Provence, mais aussi la libération de Lille et le martyre du Havre, l'attente interminable des ports de l'Atlantique et la terrible Bataille d'Alsace. Chaque région, du sud au nord, de l'ouest à l'est, chaque ville et chaque village connaîtront leur libération. Les populations se soulèveront et les résistants se mobiliseront. Mais l'euphorie se mêlera bientôt à la peur et à l'angoisse. Car les civils devront affronter une dure réalité : le retour de la guerre sur le sol français. Des bombardements raseront des villes entières. Des massacres seront commis, provoquant incompréhension et colère.
En cette fin d'été 1944, la libération du territoire français est presque achevée. En trois mois, la Normandie, le sud, les Alpes, la vallée du Rhône, Paris et le Nord ont été libérés. Le 12 septembre 1944, la jonction s’opère près de Dijon entre les armées alliées, venues des bords de la Manche, et celles qui remontent depuis la Méditerranée. Une page de la campagne de France se tourne. Les Alliés se préparent maintenant à livrer la bataille ultime : celle de l'Alsace annexée par le IIIième Reich. Pour les Français de l'Est, et ceux des poches de l'Atlantiques encore contrôlées par les Allemands, la guerre continue. Pour les autres, le retour à la vie normale se fait attendre. Le pays est en ruines et l'heure des règlements de compte a sonné.
À l'automne 1944, alors que les Alliés se montrent optimistes car ils sont parvenus à libérer les troisquarts du territoire, du côté des civils, l'euphorie est vite retombée. La vie quotidienne des Français s'améliore peu : ils vivent toujours dans le chaos de la guerre. La France rationnée et appauvrie attend avec une impatience grandissante le retour des absents. Cette France meurtrie mais libre côtoie une France occupée où des millions de civils des régions de l'Est et d'une partie de l'Ouest connaissent toujours un sort dramatique. Ils devront attendre de longs mois les libérateurs. Le 8 mai 1945, la réconciliation semble encore impossible avec ceux qui ont collaboré. Comment reconstruire la France dans un climat d'amertume, de mensonge et parfois de haine ?