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28 octobre 2021
Le 08 octobre dernier la prison de haute sécurité de Condé-sur-Sarthe était le théâtre d'une énième prise d'otage, deux surveillants ayant été retenus plusieurs heures par un détenu. Les conditions d'incarcération défraient régulièrement la chroniques depuis deux décennies, et malgré les condamnations de la France par la CEDH le problème ne semble pas trouver de solution. Le gouvernement vient certes d'augmenter de façon historique le budget de la Justice. Mais les nouveaux centres de détention viennent remplacer les vielles prisons insalubres, et la surpopulation carcérale est désormais structurelle : Depuis 2003, la densité carcérale a toujours oscillé autour de 115%, contre 77% pour l'Allemagne et 100% pour l'Italie. Ainsi au 1erjuillet 2021 les prisons françaises comptaient 67 971 détenus pour 60 398 places opérationnelles.
Emmanuel Macron s'était engagé en 2017 à construire 15000 places supplémentaires lors de son quinquennat. Mais la chancellerie a indiqué en 2018 que cet objectif devrait finalement s'étaler sur 10 ans, renvoyant à 2027 sa réalisation. Le problème de la surpopulation carcérale est-il résorbable ? Si la construction de nouvelles places est évidemment nécessaire, la réforme de la réponse pénale, et en particulier le recours plus régulier aux peines alternatives, ne permettrait-elle pas d'abaisser le nombre de personnes nouvellement incarcérés ?
Invités :
- Grand témoin : Maître Marie Dosé, avocate, député LR des Yvelines
- Emmanuelle Masson, porte-parole du ministère de la Justice
- Jean-Francois Forget, Secrétaire général de l'organisation syndicale UFAP-UNSA
LE GRAND ENTRETIEN / Marie Dosé : avocate à contrecourant
Grand témoin : Maître Marie Dosé, avocate, auteure de l'essai « Éloge de la prescription » (Éditions de l'Observatoire)
Dans son essai intitulé « Eloge de la prescription », Marie Dosé, avocate et ténor du barreau de Paris spécialisée en droit pénal, montre en quoi ce principe est menacé par la sphère publique et médiatique. Sévèrement critiqué dans une société hypermnésique, elle juge que ce principe fondamental ne doit pas disparaître et que l'imprescriptibilité doit rester exceptionnelle dans un état de droit. Marie Dosé va jusqu'à affirmer que la prescription protège les victimes et prend ainsi le contrepied de la quasi-totalité des opinions dans ce domaine. Elle s'évertue à dénoncer la dictature de l'émotion qui a conduit le garde des sceaux à réformer ce principe. Par ailleurs, elle évoque la nécessité d'améliorer la justice réparatrice, soulignant que la sphère judiciaire n'est pas thérapeutique. Si elle défend ardemment la prescriptibilité, qu'elle juge essentiel, elle rappelle néanmoins que la société va mal. Pour illustrer son propos, Marie Dosé prend l'exemple de Bertrand Cantat et affirme que la prescription n'existe déjà plus quand les coupables sont destinés à purger leur peine toute leur vie. Comment réconcilier l'opinion publique avec la prescription ? Comment mieux éduquer les Français au droit et à la justice ?
LES AFFRANCHIS
- Thomas Legrand, éditorialiste à France Inter
- Emmanuelle Ducros, journaliste à L'Opinion
- Vincent Hugeux, grand reporter