Pacification, stratégie du « zéro mort », usage proportionné de la force : les canons du maintien de l'ordre public « à la française » ont été complètement ébranlés lors de la crise des Gilets jaunes fin 2018. La doctrine a radicalement muté vers une logique de camp contre camp, à l'opposé des principes édictés par le préfet Grimaud au lendemain des violences de mai 68.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelles conséquences ces choix politiques ont-ils sur la fonction et les citoyens ? Le nombre de violences policières a explosé : ces actes sont-ils des dérapages individuels ou le maintien de l'ordre légitime-t-il certaines violences ? Au final c'est un des piliers démocratiques qui est en jeu : notre droit de manifester en tant que citoyen et de le faire en toute sécurité.
CRS, gendarmes mobiles, membres des BRAV, BRI, tous situés en première ligne lors de ces événements mais aussi leur commandement : ministre de l'Intérieur, préfets, commissaires... racontent les choix tactiques et la réalité du terrain. Cette parole inédite au coeur du dispositif permet de décrypter de l'intérieur la stratégie du l'usage de la force.
Des séances de formations au théâtre des opérations, de la salle de commandement à la rue : comment l'ordre est-il conçu, pensé, appliqué ? De la mort de Malik Oussekine en 1986, en passant par la mort d'un manifestant à Creys-Malville en 1977, déjà à cause d'une grenade offensive de type militaire, 27 ans avant la mort de Rémi Fraisse à Sivens jusqu'aux affrontements de Notre-Dame des Landes et des Gilets Jaunes : comment cette doctrine a-t-elle évolué jusqu'à être aujourd'hui questionnée au sein mêmes de ses troupes ? Jusqu'alors érigée comme modèle à l'étranger, désormais l'Europe, l'ONU dénoncent certaines pratiques.