Marine Le Pen présentera, mercredi 25 septembre, les propositions que les députés Rassemblement national porteront lors de leur journée d'initiative parlementaire. Annoncée de longue date, la proposition de loi visant à revenir sur le report de l'âge légal de départ en retraite à 64 ans sera examinée le 31 octobre prochain. Elle embarrasse le Nouveau Front populaire, qui veut lui aussi abroger la réforme, sans donner le point au RN.
Après la bataille de la réforme des retraites, adoptée en 2023, la bataille pour tenter de l'abroger... Déposée la semaine dernière à l'Assemblée, la proposition de loi par laquelle le Rassemblement national veut abroger la réforme des retraites sera débattue dans l'hémicycle le 31 octobre, lors de la journée d'initiative parlementaire des députés RN.
Avec 126 élus, le groupe présidé par Marine Le Pen est celui qui détient le plus de sièges au Palais-Bourbon, ce qui lui permet d'être le premier groupe à bénéficier d'une journée au cours de laquelle il peut inscrire ses propositions de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée. Et de prendre ainsi de vitesse les groupes du Nouveau Front populaire qui veulent, eux aussi, revenir sur le report de l'âge légal de départ en retraite à 64 ans. Une situation qui embarrasse la gauche, déterminée à faire ses propres propositions pour abroger la réforme des retraites.
Lors d'une conférence de presse, ce mardi 24 septembre, la présidente des députés La France insoumise, Mathilde Panot, a par exemple annoncé que son groupe, dont la niche parlementaire aura lieu le 28 novembre, présentera également un texte d'abrogation.
Mais avant d'examiner la proposition de loi des insoumis, les membres de l'alliance de gauche auront à se prononcer sur le texte du Rassemblement national. "Cette proposition de loi est un piège que veut tendre le RN", a réagi mardi la porte-parole du groupe "Ecologiste et social", Léa Balage El Mariky, lors d'une autre conférence de presse. "En réalité, le Rassemblement national s'en contrefiche de la question de la réforme des retraites", estime-t-elle.
S'ils restent fidèles à leur volonté de ne soutenir aucun texte du groupe "Rassemblement national", les députés du Nouveau Front Populaire pourraient donc voter contre la proposition de loi. Compte tenu de l'état des forces en présence au Palais-Bourbon, même une abstention de leur part aboutirait à un rejet de la proposition de loi. Lors de la même conférence de presse, Benjamin Lucas (Écologiste et Social) a reconnu "chez beaucoup de collègues" un "tiraillement" entre la volonté d'abroger la réforme des retraites et "les principes essentiels que sont le refus de la compromission avec l'extrême droite et le barrage républicain".
Pour expliquer le peu d'empressement à voter le texte du Rassemblement national, Léa Balage El Mariky considère que cette initiative n'a de toute façon "que peu d'avenir", puisque sans groupe au Sénat, le parti présidé par Jordan Bardella ne pourra pas transmettre sa proposition de loi au Palais du Luxembourg.
"Nous, nous savons décrire le chemin législatif [de notre texte]", a indiqué Mathilde Panot. La cheffe de file des députés LFI a cependant expliqué que son groupe n'avait pas encore choisi la position qu'il allait adopter lors de l'examen de la proposition de loi du RN. Ajoutant que pour les députés du groupe de Marine Le Pen, "le moyen le plus simple pour abroger la réforme est la censure du gouvernement de Monsieur Barnier".
Dans un communiqué publié ce mardi soir, le groupe "Socialistes et apparentés" dénonce une "arnaque" et un "triple mensonge" - politique, institutionnel et social - de la part des députés du RN. "Nous ne votons ni ne nous associons à aucune initiative du Rassemblement national", assume le groupe présidé par Boris Vallaud, affirmant vouloir rester fidèle à sa "ligne de conduite" de "front républicain".
Disant, en outre, vouloir "donner les meilleures chances à l'abrogation de la réforme des retraites d'aboutir", les socialistes annoncent qu'ils proposeront de le faire dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, en octobre, soulignant que ce véhicule législatif sera plus rapide que la proposition de loi des élus du Rassemblement national. En cas d'échec lors du PLFSS, les députés PS évoquent cependant la possibilité d'une proposition de loi "commune de la gauche" dans le cadre de la journée d'initiative parlementaire de leurs collègues LFI.
Dès la semaine dernière, le groupe "Gauche démocrate et républicaine" avait avancé l'idée d'une abrogation dans le cadre des débats sur le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025. "Il se peut que la proposition du Rassemblement national soit obsolète si, dans le PLFSS, on a une majorité pour voter un amendement d'abrogation de la réforme des retraites", avait déclaré le député communiste Stéphane Peu, au nom du groupe GDR.