Dix ans après la série d'attentats djihadistes qui a endeuillé la France, décimant notamment la rédaction de Charlie Hebdo et frappant l'Hyper Cacher, Emmanuel Macron a présidé plusieurs cérémonies d'hommage aux victimes, ce mardi 7 janvier. Un jour de recueillement partagé par les responsables politiques de toutes tendances.
Il y a dix ans, en quelques jours, ils étaient dix-sept à perdre la vie lors d'une série d'attentats djihadistes. Parmi les premières victimes, douze tombent sous les balles des frères Kouachi le 7 janvier, dont huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo à Paris, cible initiale des terroristes islamistes. En parallèle, Amedy Coulibaly, lié aux frères Kouachi, assassine une policière municipale, Clarissa Jean-Philippe, à Montrouge, avant d'achever son parcours avec la prise d'otage de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, le 9 janvier. Le même jour, les Kouachi terminent leur périple meurtrier en se retranchant dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, au nord-est de Paris
Une décennie après cette série d'attentats, de nombreuses personnalités politiques ont célébré "l'esprit Charlie" de l'hebdomadaire satirique, qui s'affiche "increvable" sur la Une de son numéro spécial publié ce mardi 7 janvier. En fin de matinée, les survivants de la rédaction et les familles des victimes ont participé aux cérémonies d'hommage présidées par Emmanuel Macron, qui ont commencé devant les anciens locaux de Charlie Hebdo dans le 11ème arrondissement de Paris.
Dépôt de gerbes, sonnerie aux mort, minute de silence, Marseillaise... Conformément aux souhaits des familles, la séquence a été sobre, sans prise de parole publique. Outre le président de la République, la cérémonie a notamment eu lieu en présence de François Hollande, chef de l'Etat à l'époque des attentats, de la maire de Paris, Anne Hidalgo, ou encore du Premier ministre, François Bayrou.
Le cortège s'est ensuite dirigé à quelques encablures de l'ancienne rédaction, boulevard Richard Lenoir, pour rendre hommage au policier Ahmed Merabet, abattu alors qu'il tentait de stopper les frères Kouachi dans leur fuite. La séquence s'est achevée devant le magasin Hyper Cacher, où quatre personnes ont été tuées par Amedy Coulibaly le 9 janvier 2015.
"Nous ne les oublions pas", a sobrement écrit le président de la République, Emmanuel Macron, sur le réseau social X (ex-Twitter). Son message est accompagné du portrait photo des douze victimes du 7 janvier - Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski... ainsi que de celui de Simon Fieschi, grièvement blessé lors de l'attentat, qui a été retrouvé mort en octobre 2024.
Sur le réseau social, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a rendu hommage aux victimes tuées parce qu'elles "incarnaient la liberté d'expression". "Se souvenir, ne rien céder, défendre nos valeurs républicaines contre le terrorisme et tous les fanatismes : nous le leur devons, à jamais."
"10 ans après, toujours Charlie. Le terrorisme islamiste, la barbarie fanatique, la haine de ce que nous sommes n’auront jamais raison de nous", a également réagi Gabriel Attal, ex-Premier ministre et président du groupe Ensemble pour la République de l'Assemblée nationale. Elu du même groupe, David Amiel se propose, "comme tous les ans", de "republier les caricatures" du prophète sur son compte X, ces "simples dessins pour lesquels les terroristes islamistes ont assassiné". Le chef de file des députés du MoDem, Marc Fesneau, a pour sa part dénoncé "l'abject massacre terroriste commis par des fanatiques islamistes". "[Les victimes] sont les visages de la résistance à la bêtise, à la haine et à l’intolérance à laquelle nous devons toutes et tous, plus que jamais, prendre notre part."
"Le 7 janvier 2015, Charlie Hebdo payait le prix du sang parce qu'ils refusaient la soumission. Hier comme aujourd’hui, ceux qui aiment la France et les principes qu’elle incarne seront toujours Charlie" a, quant à lui, considéré le président du groupe "Droite républicaine" de l'Assemblée, Laurent Wauquiez.
De son côté, Marine Le Pen a écrit : "Le 7 janvier 2015 et les deux jours qui ont suivi, la France basculait dans l’horreur du terrorisme islamiste. Dix ans après, l’émotion est toujours aussi vive". Et la présidente du groupe "Rassemblement national" du Palais-Bourbon d'ajouter : "La guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée que si elle se fixe comme objectif l’éradication partout et sous toutes ses formes de l’idéologie islamiste qui entend nous asservir."
A gauche aussi, les hommages se sont multipliés. "N’oublions jamais et défendons toujours la liberté d’expression et le droit à la caricature", a écrit le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard. "10 ans après, ne jamais oublier. 10 ans après, défendre nos libertés et nos valeurs sans céder. 10 ans après, toujours Charlie", a rappelé le président des députés du groupe "Socialistes", Boris Vallaud. Et "il n’y a aucun 'oui, mais' qui vaille pour combattre le totalitarisme. 10 ans après, plus que jamais Charlie pour défendre la liberté d’expression, l’irrévérence, le blasphème, la laïcité", a souligné son collègue Jérôme Guedj.
"Pensées aux victimes, aux survivants, à leurs proches. À celles et ceux qui ont tenu bon, qui continuent à dessiner, à écrire, à s'exprimer, à vivre libre" a, quant à elle, abondé la députée écologiste Marie-Charlotte Garin. "Pensées aux victimes, aux survivants et à leurs proches. Face à la haine et à la barbarie, restons inébranlables", a renchéri la députée communiste Elsa Faucillon, partageant la Une du journal L'Humanité qui rend hommage à la rédaction décimée.
Les commémorations se poursuivront mercredi, à Montrouge, où sera organisé un hommage à la policière municipale Clarissa Jean-Philippe.