Consultations à l'Élysée : le NFP confiant, le camp présidentiel et la droite déterminés à faire "barrage" à LFI

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Emmanuel Macron, en 2019. DR
Emmanuel Macron, en 2019. DR
par Soizic BONVARLET, le Vendredi 23 août 2024 à 17:48, mis à jour le Vendredi 23 août 2024 à 20:41

Le président de la République a reçu ce matin à l'Élysée les représentants du Nouveau front populaire, parmi lesquels Lucie Castets, désignée par son camp pour briguer le poste de Première ministre. La journée s'est poursuivie avec la réception des membres et alliés du camp présidentiel, dont le président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée nationale, Gabriel Attal, et les représentants de la droite.

Après la trêve estivale, un ballet incessant d'allées et venues a animé la cour de l'Élysée, ce vendredi 23 août. Comme annoncé une semaine auparavant, Emmanuel Macron a reçu tout au long de la journée les présidents des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que les chefs de partis représentés au Parlement.

Des échanges qui se poursuivront lundi 26 août, avec la venue à l'Élysée des dirigeants du Rassemblement nationalMarine Le Pen et Jordan Bardella, ainsi que de leur désormais allié, Éric Ciotti. "La nomination d'un Premier ministre interviendra dans le prolongement de ces consultations et de leurs conclusions", avait indiqué la semaine dernière le communiqué présidentiel.

Le NFP fait part de son optimisme

"Nous sommes prêts", a simplement indiqué sur X Lucie Castets au sortir de l’Élysée, photo de l'ensemble des membres du Nouveau front populaire à l'appui. Devant les journalistes réunis dans la cour du Palais, celle qui aspire au poste de Première ministre a loué une "discussion très riche" avec le président de la République, qu'elle a qualifié de "lucide" quant à la situation politique issue des urnes le 7 juillet dernier, lors du second tour des élections législatives anticipées. 

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"Je me tiens prête dès aujourd’hui pour aller construire des coalitions, discuter avec les autres forces politiques", a aussi conclu la haute fonctionnaire, avant de laisser la parole aux représentants des différentes forces qui composent le NFP présents à ses côtés.

"Nous sommes confiants, confiants dans la suite", a déclaré le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, quand Olivier Faure a relevé "un signal important" de la part d'Emmanuel Macron, estimant que "le président [avait] reconnu très clairement que la stabilité qu’il appelle de ses vœux ne signifie pas la continuité de la politique qui a été jusqu’ici conduite par le chef de l’Etat lui-même". "Le changement est possible, nécessaire (...) Il a acté cette nécessité", a aussi indiqué le premier secrétaire du Parti socialiste, avant d'ajouter : "Il n'y a qu'une seule proposition tangible, c'est la nôtre". Olivier Faure a par ailleurs fait savoir que le président de la République avait laissé entendre que la nomination d'un nouveau Premier ministre interviendrait de manière "rapide". 

Marine Tondelier a également fait part de son optimisme, évoquant notamment le fait que "dans l'ordre protocolaire [les représentants du NFP] aient été reçus les premiers". "Il nous faut une réponse mardi", a cependant exigé la secrétaire nationale des Écologistes, le NFP revendiquant la prérogative de former un gouvernement en vertu des résultats du second tour des élections législatives anticipées, au cours duquel la coalition a obtenu le plus de sièges, devant le bloc présidentiel et celui emmené par le Rassemblement national.

"Le président de la République semble commencer à comprendre qu'il a perdu les élections législatives, mais ne semble pas en tirer encore toutes les conséquences", a pour sa part déclaré Manuel Bompard dans la cour de l'Élysée. Tempérant l'optimisme de ses alliés, le coordinateur de La France insoumise a déploré le franchissement du "record", dont il a rappelé qu'il était jusqu'à présent détenu par la Quatrième République, de "durée de vie d'un gouvernement démissionnaire".

Les alliés du président en ordre de bataille

À la mi-journée, Emmanuel Macron s’est entretenu environ deux heures durant avec ses alliés, à savoir le président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée nationale, Gabriel Attal, également Premier ministre démissionnaire, le président du parti Horizons, Edouard Philippe, ou encore le président du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou.

Également présents, plusieurs députés et sénateurs, parmi lesquels le président du groupe Rassemblement des Démocrates, Progressistes et Indépendants au Sénat, François Patriat, et le président du groupe Horizons à l'Assemblée, Laurent Marcangeli. Les soutiens du président de la République sont sortis de la réunion sans faire de déclaration à la presse, mais un point aurait fait consensus : le refus d'un gouvernement dont La France insoumise serait partie prenante. Emmanuel Macron a par ailleurs fait valoir auprès des participants à cette réunion que les élections législatives avaient envoyé un "message d'alternance" sans pour autant constituer "un désaveu complet" pour le camp présidentiel, rapporte l'AFP.

Nous avons proposé un 'pacte d'action pour les Français' (...) tendant la main aux autres forces politiques avec des ouvertures sur la justice fiscale s’agissant des super-profits, ou sur les questions institutionnelles. Gabriel Attal dans une lettre adressée aux députés Ensemble pour la République

Gabriel Attal a en outre fait parvenir une lettre aux députés de son groupe à l'issue de la rencontre avec le président de la République, indiquant qu'il avait "défendu la nomination d’un nouveau Premier ministre ne venant pas des partis du bloc central, avec un gouvernement représentant un large spectre de sensibilités de la gauche à la droite républicaines, qui permettrait probablement d’avancer dans l’intérêt des Français".

Le Premier ministre démissionnaire a également indiqué avoir réitéré sa proposition de "pacte d'action pour les Français", décrit comme une "base programmatique (...) tendant la main aux autres forces politiques avec des ouvertures sur la justice fiscale s’agissant des super-profits, ou sur les questions institutionnelles". Gabriel Attal a également partagé auprès de ses troupes l'état d'esprit du chef de l’État, qu'il a décrit comme la volonté "de faire émerger une solution institutionnellement stable, à même d’éviter une nouvelle dissolution".

Gabriel Attal indique enfin avoir précisé à Emmanuel Macron que son groupe adopterait "une motion de censure immédiate dans le cas d’un gouvernement comportant des ministres issus de LFI". "L’ensemble des autres groupes du bloc central a adopté la même position", a-t-il aussi affirmé.

La droite redit son refus de participer à une coalition de gouvernement

En milieu d'après-midi, ce fut au tour des chefs de file de la droite d'être reçus par Emmanuel Macron, à savoir Laurent Wauquiez, président du groupe La droite républicaine à l’Assemblée nationale, la députée et secrétaire générale du parti Les Républicains Annie Genevard, ainsi que Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat.

"Il est hors de question d'envisager une présence de LFI dans un quelconque gouvernement", a martelé ce dernier, après que Laurent Wauquiez ait fait part de la détermination de son camp à "[faire] barrage à La France insoumise". Les députés de La droite républicaine voteraient "immédiatement une motion de censure" contre un gouvernement comprenant des ministres de La France insoumise (LFI), a aussi indiqué Laurent Wauquiez.

"Nous ne participerons à aucune coalition gouvernementale, nous ne croyons pas à ce système de coalitions gouvernementales", a par ailleurs déclaré le chef de file des députés de droite, tout en disant leur refus d'endosser le rôle d'"opposants systématiques, parce que le pays a besoin de continuer d'avancer".

Les députés LIOT, Christophe Naegelen et Stéphane Lenormand, ont également été reçus en fin de journée, ce dernier, président du groupe à l'Assemblée, estimant que La France insoumise constituait un "point de blocage". Les consultations menées par le président de la République dans la perspective de la nomination d'un nouveau chef de gouvernement se poursuivront lundi. Emmanuel Macron recevra les représentants du bloc qui a talonné celui du NFP lors des élections législatives, à savoir le Rassemblement national. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et son homologue au Sénat, Gérard Larcher, seront également consultés.

Selon les informations du Parisien, Emmanuel Macron a en outre fait savoir aux leaders de son camp que s’il constatait à l’issue de ce cycle d’échanges que les différentes forces politiques en présence ne parvenaient pas à surmonter leurs dissensions et continuaient à brandir la menace d'une motion de censure, il pourrait amorcer un nouveau cycle de discussions dès mardi