Législatives 2024 : la France politique en cartes et en infographies à l'issue des élections

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Voix exprimées au premier tour des législatives 2022 et 2024
Les résultats au premier tour des législatives 2022 et 2024 (© LCP)
par Raphaël MarchalAdèle Daumas, le Dimanche 14 juillet 2024 à 11:45, mis à jour le Dimanche 14 juillet 2024 à 12:00

La "clarification" souhaitée par Emmanuel Macron a abouti à l'élection d'une Assemblée nationale divisée en trois blocs et sans majorité claire. Dynamique et ancrage territorial des forces politiques, efficacité des désistements et des reports de voix... Eclairage en chiffres, cartes et graphiques sur la situation politique du pays à l'issue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.

Loin de la majorité absolue qu'il a un temps espérée, le Rassemblement national - qui n'est aujourd'hui que le troisième bloc du Palais-Bourbon en nombre de députés - a marqué les élections législatives de son empreinte en arrivant en tête du premier tour.

Un résultat qui a largement déterminé les conditions du second tour, en poussant le Nouveau Front populaire et Ensemble à mettre en œuvre une stratégie de "front républicain", qui a permis de diviser par trois le nombre de triangulaires qui auraient pu avoir lieu.

Cette stratégie s'est donc révélée particulièrement efficace en matière de désistements d'abord et en matière de reports de voix ensuite. Rendue possible par le mode de scrutin des élections législatives, elle a permis à l'alliance de gauche et à la coalition présidentielle de barrer la route à la formation de Marine Le Pen dans de nombreuses circonscriptions. 

Le Rassemblement national a néanmoins réussi à faire élire un nombre record de députés : 126 (à comparer aux 89 de 2022), auxquels il faut ajouter les 17 élus de l'alliance entre Eric Ciotti et le RN.

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A l'issue du premier tour, le 30 juin, c'est le Rassemblement national et ses alliés qui sont arrivés en tête avec 33,22% des voix. A lui seul, le parti présidé par Jordan Bardella a obtenu 29,26% des suffrages, tandis que son score s'établissait à 18,68% en 2022, soit une progression de 10,58 points. En comparaison, le Nouveau Front populaire (auquel sont ajoutés quelques candidats issus de la gauche) progresse, mais de seulement 2,54 points par rapport à la Nupes (en passant de 25,66% à 28,20%, Tandis que la coalition présidentielle Ensemble (à laquelle sont ajoutés quelques candidats qui peuvent y être associés) perd 4,99 points en passant de 25,75% il y a deux ans à 20,76% cette année.  

Une emprise territoriale renforcée pour le Rassemblement national...

Logiquement, c'est une France fortement colorée par le Rassemblement national qui est donc apparue au soir du premier tour, avec une emprise territoriale approfondie et élargie, tandis que les zones de forces géographiques des autres formations politiques se sont réduites, même si en Bretagne, en Ile-de-France, dans le Centre et le Sud-Ouest, les électeurs ont globalement privilégié l'alliance de gauche, la coalition présidentielle, ou les députés de droite sortants dès le premier tour. 

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...Mais un "front républicain" efficace

Le "front républicain", c’est-à dire le désistement quasi systématique du candidat arrivé en troisième position dans le cadre de triangulaires où le Rassemblement national était en bonne position pour l’emporter, s'est montré efficace dans la plupart des circonscriptions. Les reports de voix ont cependant mieux fonctionné lorsque les candidats encore en lice étaient issus d'Ensemble et des Républicains, que lorsqu'ils étaient issus du Nouveau Front populaire. Sur 128 duels Ensemble-RN, 105 ont été remportés par la coalition présidentielle, soit 82%. Résultat similaire du côté des Républicains, qui ont gagné 82,1% de leurs duels contre le parti de Jordan Bardella. En revanche, le Nouveau Front populaire n'a remporté que 59,2% de ses duels contre le Rassemblement national (soit 90 duels sur 152).

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Dans les quelques circonscriptions où, malgré l’arrivée du RN en tête au premier tour, le candidat arrivé troisième a refusé de se désister, le résultat est sans appel : sur ces 11 cas de triangulaires, 10 ont remportées par le Rassemblement national.

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Dans le détail, selon l'enquête d'Ipsos Talan fournies le soir du second tour, ce sont les électeurs du Nouveau Front populaire qui ont le mieux suivi la stratégie du barrage contre le Rassemblement national. Dans 7 cas sur 10, ils ont accordé leur voix au candidat qui affrontait celui du RN.

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Les électeurs de la coalition présidentielle se sont montrés plus partagés, notamment lorsqu'il s'agissait de voter pour un candidat de La France insoumise. Dans ce cas, 43% indiquent avoir voté pour le candidat de la gauche, tandis que 38% se sont abstenus, ont voté blanc ou nul. Enfin dans cette configuration, 19% ont choisi le candidat du RN. Le taux de report s'est avéré nettement meilleur, en s'établissant à 54%, lorsque le candidat du NFP était issu d'une autre composante de la gauche (PS, Ecologistes, PCF). Enfin à près de 80%, les électeurs d'Ensemble ont privilégié le candidat des Républicains lorsque celui-ci affrontait un représentant du Rassemblement national, les reports en faveur de ce dernier chutant dans ce cas à 4%.

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Dans le cadre d'un duel RN-LFI, les électeurs des Républicains se sont quant à partagés à part presque égales entre vote pour le candidat du RN (38%) et abstention, vote blanc ou nul (36%), tandis qu'une minorité d'entre eux se sont reportés sur le candidat du parti de Jean-Luc Mélenchon (26%). Lorsque la gauche était représentée par des candidats du Parti socialiste, des Ecologistes ou du Parti communiste, l'enquête d'Ipsos fait état d'un taux de report de 29% en sa faveur contre 34% pour le candidat du Rassemblement national. En revanche, en cas de duel face à un représentant de la coalition présidentielle, c'est ce dernier qui a été largement choisi par les électeurs de droite (53% pour Ensemble contre 26% pour le RN).

Les forces en présence au Palais-Bourbon

A l'issue du second tour des élections législatives, c'est donc une France plus diversement colorée politiquement qui est apparue. Avec pour résultat un hémicycle de l'Assemblée nationale composé de trois grands blocs, sans majorité absolue, ni même une majorité relative claire. Une situation inédite depuis le début de la Vème République en 1958. 

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