Une affiche mettant sur le même plan Olivier Faure et Marine Le Pen publiée, mercredi 5 février, sur le compte des députés de La France insoumise a provoqué l'ire des socialistes et suscité de nombreuses critiques à gauche. Le visuel a depuis été supprimé.
Le Parti socialiste et La France insoumise irréconciliables ? Un tweet, publié par le compte X du groupe de La France insoumise de l'Assemblée nationale, mercredi 6 février, après le rejet des deux motions de censure défendue par LFI, a fait monter la tension avec le Parti socialiste, déjà forte, de plusieurs crans. Rapidement supprimé, le tweet a suscité de nombreuses réactions et continue à faire parler, provoquant des réactions indignées venues du PS, mais aussi d'autres forces du Nouveau Front populaire. On y voyait un montage mettant sur le même plan Marine Le Pen et Olivier Faure, dos à dos, barré de l'expression "Les nouvelles alliances". Ce à quoi le premier secrétaire du Parti socialiste a répondu, sur X, d'un : "Viendra sans doute le moment des excuses."
"Je ferai des excuses à Olivier Faure lorsqu'il fera des excuses pour avoir fait passer un budget aussi violent", a rétorqué sur BFMTV la présidente des députés LFI, Mathilde Panot. Sans dire qu'elle regrettait la publication d'une telle image, elle a souligné que "ce n'est pas le visuel officiel que vous trouvez sur l'ensemble des comptes" et précisé qu'il "n'y a rien de commun entre le PS et l'extrême droite". Ajoutant cependant qu'il "y a une responsabilité du PS et du RN de laisser ce gouvernement" de François Bayrou en place.
Une source interne au groupe LFI, contactée par LCP, affirme que le montage "a été surinterprété". Avant d'assurer que "l'idée n'était pas de dire que le PS était égal au RN, mais que tous ceux qui n'avaient pas voté la censure sont dans la majorité par défaut, d'où la présence aussi d'Emmanuel Macron sur l'image". Pourquoi alors l'avoir supprimé ? "On n'a pas changé d'avis, mais on ne veut pas qu'on nous fasse dire ce qu'on n'a pas dit."
Cette affiche n'aurait pas dû être publiée. On n'assume pas, ni sur le fond ni sur la forme. Eric Coquerel (LFI)
Salle des Quatre-Colonnes à l'Assemblée nationale, le député Eric Coquerel (La France insoumise) considère, quant à lui, ce jeudi 6 février au micro de LCP (voir la vidéo en tête de page) que cette affiche n'aurait pas dû être publiée". "On n'assume pas, ni sur le fond ni sur la forme", déclare-t-il, tout en relevant : "Par contre, je doute que le Parti socialiste, lui, n'assume pas son vote d'hier sur la censure qui me semble largement plus grave."
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Depuis, un autre visuel a été publié par LFI sur le réseau social, avec cette fois François Hollande, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. "Les excuses", selon la députée Danièle Obono.
Ce sont "des méthodes staliniennes et dégueulasses qui participent au brouillage des clivages", déplore auprès de LCP un élu socialiste, tandis qu'un autre estime que les insoumis "se comportent comme des petits collégiens harceleurs".
Sur X, le secrétaire général du PS et eurodéputé Pierre Jouvet rappelle à ses – désormais ex ? – alliés que les forces du NFP s'étaient engagées, dans le préambule de l'alliance, a refuser "la diffusion de fausses informations, la calomnie, le cyberharcèlement et les incitations à la haine, y compris sur internet".
De son côté, le député socialiste Jérôme Guedj, qui a pris ses distances avec La France insoumise depuis de longs mois, estime qu'il "n'y aura plus jamais d'alliance entre le PS et LFI" après la publication de ce visuel. Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias juge qu'il s'agit d'une "faute morale, politique et historique".
Une faute, c'est aussi l'avis des ex-insoumis Alexis Corbière et Clémentine Autain, qui siègent aujourd'hui au sein du groupe Ecologiste et social."Jamais depuis 1945 (...) une orga de gauche n'a fabriqué un visuel mettant sur le même plan un fasciste et le chef du PS", estime le premier, considérant que cela "doit cesser". Et sa collègue d'écrire : "Le désaccord, la colère, l'explication franche, oui. L'amalgame, le lynchage, le brouillage des repères, non. Mettre sur le même plan graphique, symbolique, et donc politique, le PS et l'extrême droite, c'est une faute morale."
"C'est triste", a encore réagi le député socialiste Arthur Delaporte. "Je les appelle à se ressaisir. Ce n'est pas avec ce type de communication qui nous renvoie aux heures sombres de notre histoire que nous arriverons à construire une alternative à Emmanuel Macron", a-t-il développé au micro de LCP.
Réserver ses coups les plus durs à ses partenaires politiques, c'est un peu dommage. Marine Tondelier
Egalement membre du NFP, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a déclaré mercredi soir sur BFMTV qu'une telle image lui "fend le coeur, comme je pense plein d'électeurs qui ont voté pour le Nouveau Front populaire et qui voient là qu'on se donne en spectacle sur les réseaux sociaux". Poursuivant : "Réserver ses coups les plus durs à ses partenaires politiques, même si ce soir on est fâché, c'est un peu dommage."
"Il y a des choses qui ne sont pas acceptables. Je n'accepte pas les visuels qui mettent sur un pied d'égalité le PS et le RN, ce n'est pas possible", a également déploré la présidente du groupe "Ecologiste et social", Cyrielle Chatelain. "On ne peut pas laisser des désaccords se transformer en détestation, c'est la route vers la défaite !", a-t-elle mis en garde. Des mots repris dans un communiqué commun publié jeudi 6 février après-midi par les groupes "Ecologiste et social" et GDR, qui affirment "réprouver les visuels publiés par La France insoumise". "Nous refusons de laisser la censure dessiner les contours de l’appartenance à notre coalition", peut-on également y lire.
"C'est une grave faute parce que cela banalise l’extrême droite et ça fait tomber les digues", a également regretté sur TF1 la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.