Trois élections législatives partielles doivent se tenir d'ici à la mi-octobre, après l'invalidation des résultats de juillet 2024 par le Conseil constitutionnel. Mails alors que les sortants, déclarés inéligibles, ne peuvent pas se représenter, le choix des candidats crée d'ores et déjà des tensions au sein des coalitions, voire même dans certaines familles politiques.
La rentrée parlementaire sera chargée, entre un délicat budget 2026 en construction, un probable débat à venir sur la loi Duplomb et les pesticides, mais aussi trois élections législatives partielles, déjà sources de tensions au sein même des coalitions, voire des familles, politiques de 2024. Après l'invalidation des scrutins précédents par le Conseil constitutionnel, les électeurs de ces circonscriptions retourneront aux urnes d'ici la mi-octobre. Mais qui sera candidat, alors même que les sortants, désormais inéligibles pour un an, ne peuvent pas en être ? C'est bien là la principale question.
D'ores et déjà, c'est vers la deuxième circonscription de Paris, fief historique de la droite passée macroniste en 2017, que les regards se tournent. Après l'invalidation du scrutin de l'été 2024, l'ex-Premier ministre Michel Barnier (Les Républicains) a dégainé le premier, en candidatant dès le 16 juillet pour la partielle à venir. Au grand dam de la ministre de la Culture et maire du VIIe arrondissement, Rachida Dati, qui a, elle aussi, dans la foulée, fait acte de candidature auprès de la commission nationale d'investiture des Républicains. "Barnier, c'est plus pour embêter Laurent Wauquiez [le président du groupe à l'Assemblée nationale, ndlr] que Rachida Dati. Avoir un poids lourd dans le groupe, fidèle à Bruno Retailleau, c'est pratique", commentait il y a quelques jours un cadre de Renaissance, y voyant "un acte d'autorité du nouveau chef de LR", qui a rapidement soutenu l'option Barnier. La commission d'investiture doit se réunir ce lundi 28 juillet à partir de 17 heures pour trancher.
La décision sera-t-elle respectée par les deux intéressés ? Rachida Dati - qui, selon Politico, n'a toutefois toujours rien envoyé d'officiel à ladite commission - estime que Michel Barnier "est instrumentalisé par certains qui veulent la division" ; quand l'ex-Premier ministre insiste sur le fait qu'il n'a "aucune ambition municipale" pour 2026 dans la capitale, sous-entendu contrairement à la ministre.
Il faut qu'il y ait un candidat pour incarner l'opposition face à 50 nuances de macronisme. Thierry Mariani, candidat DU Rassemblement national
Autre problème : à l'Assemblée, le sortant Jean Laussucq, qui est un très proche de la ministre de la Culture, siégeait au sein du groupe Ensemble pour la République et non dans celui de la Droite républicaine. Ce dernier gagnerait donc un siège en cas de victoire de Dati ou de Barnier. Forcément, cela ne plaît pas vraiment du côté d'EPR, où l'idée d'un ticket entre la ministre et Antoine Lesieur, conseiller spécial de Gabriel Attal, a, selon nos informations, été évoqué avec Rachida Dati. Lors de l'élection législative de 2024, Antoine Lesieur était déjà le suppléant de Jean Laussucq. Si tel était le cas et que le duo l'emportait, il siégerait dans l'hémicycle tant que Dati serait au gouvernement.
Le nom de la ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, a également circulé pour prétendre à l'investiture EPR. "S'il y a trois candidats [Chappaz, Barnier, Dati], c'est absurde mais c'est rigolo", anticipait déjà le cadre macroniste précité.
Lui, a officialisé sa candidature. L'eurodéputé Thierry Mariani (Rassemblement national) sera sur la ligne de départ de la partielle. "Je serai le candidat anti-Macron. (...) Il faut qu'il y ait un candidat pour incarner l'opposition face à 50 nuances de macronisme", a-t-il justifié auprès de l'AFP.
A gauche, la circonscription avait été fléchée socialiste lors de l'accord du Nouveau front populaire. Mais récemment élue présidente des Scouts et Guides de France, Marine Rosset, devrait ne pas y retourner. "Elle est encore en réflexion", indique-t-on au Parti socialiste. Auprès de L'Opinion, Quitterie de Villepin, ancienne du Modem désormais proche de Lucie Castets, a fait acte de candidature : "Je suis prête à faire face à Michel Barnier, si les partis en décident ainsi, à porter les couleurs des forces d’union qui le souhaitent."
"Encore en réflexion" également, la socialiste et ex-députée Valérie Rabault, qui s'était inclinée (48,75% des suffrages) face à Brigitte Barèges (UDR, avec le soutien du Rassemblement national) au second tour de l'élection législative anticipée de 2024 dans la 1ère circonscription du Tarn-et-Garonne. "C'est plutôt non", indique toutefois à LCP un député socialiste. Cette spécialiste des questions budgétaires, ancienne première vice-présidente de l'Assemblée, vient d'être nommée, en janvier, conseillère maître en service extraordinaire à la Cour des comptes.
La sortante Brigitte Barèges, déclarée inéligible pour un an, a quant à elle convié ses soutiens à une soirée le 28 août "pour débattre de [son] bilan, mais également de l'avenir". "J'ai décidé de m'engager pleinement sur les élections législatives à venir du mois d'octobre. (...) Je suis sûre que la victoire sera au rendez-vous", déclare aussi l'élue, sans en dire davantage sur celui qui pourrait la remplacer sur la ligne de départ.
De son côté, Renaissance a décidé d'investir Catherine Simonin-Benazet, issue de la société civile, qui était déjà la candidate du parti macroniste en 2022 et en 2024. L'année dernière, elle avait fini en troisième position.
Reste la 5e circonscription des Français établis hors de France, comprenant notamment l'Espagne et le Portugal, où l'élection du député Stéphane Vojetta a été également invalidée par le Conseil constitutionnel. Après l'avoir emporté en candidat dissident lors des législatives de 2022, face notamment à Manuel Valls étiqueté EPR, il s'était de nouveau imposé en 2024. Cette fois, pour la partielle à venir, Renaissance présentera son ancienne suppléante : Nathalie Coggia, qui vit à Madrid depuis plus de dix ans et est déléguée consulaire depuis 2021.
Arrivé deuxième l'an dernier, Maxime Da Silva laisse sa place à une autre insoumise, en la personne de Martha Peciña, pour "tourner la page des macronistes Vojetta et Coggia" et "élire une députée de combat". Bénéficiera-t-elle du soutien de l'ensemble des forces du Nouveau front populaire, comme en 2024 ? Dans un communiqué, La France insoumise a mis en garde les autres partis de gauche, en les appelant à "respecter leurs engagements pris devant les électrices et les électeurs". Le parti attend aussi de voir "si les candidatures proposées [dans les deux autres circonscriptions] s’engagent explicitement à défendre le programme de rupture du NFP à l’Assemblée nationale et à censurer le gouvernement Bayrou" et précise "se préparer à faire face à tous les scénarios".