Budget 2026 : "Nous sommes au point de départ de ce qui devra être un nouveau compromis", déclare Amélie de Montchalin

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par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mercredi 16 juillet 2025 à 20:44, mis à jour le Mercredi 16 juillet 2025 à 21:29

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a été auditionnée ce mercredi 16 juillet par les députés membres de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Après les annonces budgétaires de François Bayrou, elle a précisé et détaillé certaines mesures, sans échapper aux critiques des oppositions. 

Son audition aura duré plus de 2h15 ce mercredi 16 juillet. La ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a assuré le service après-vente des annonces budgétaires de François Bayrou devant la commission des finances de l'Assemblée nationale. "Nous avons encore notre destin en main, c'est l'heure de prendre notre responsabilité ensemble", a-t-elle déclaré, défendant un "plan de responsabilité et de liberté", à la "trajectoire claire, prévisible et sincère". "Je ne nie pas l'effort, mais il est réparti et il est réaliste", a ajouté Amélie de Montchalin dans sa prise de parole introductive. 

L'occasion aussi pour la ministre, interpellée sur plusieurs mesures par les députés présents, sur place ou en visio, de préciser certains points. "Nous proposerons un projet de loi sur la fraude pour un dépôt au mois de septembre", a-t-elle annoncé, en réponse à une question du rapporteur général du budget, Charles de Courson (Liot), après avoir détaillé les montants attendus de la lutte contre la fraude fiscale et sociale. Le décompte des 7,1 milliards d'euros d'économies que doit permettre de récupérer "l'année blanche" a également été précisé. 

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Interrogée par le président de la commission Eric Coquerel (La France insoumise) sur les niches fiscales qui pourrait être concernées par un coup de rabot, Amélie de Montchalin a indiqué que cela ferait "l'objet d'un travail avec les parlementaires en amont du dépôt du projet de loi de finances", mais qu'outre "la suppression de niches obsolètes, inefficaces ou arrivées à échéance", se posait aussi le sujet des services à la personne. En "protégeant (les) gardes d'enfants, (les) personnes âgées, (les) personnes handicapées", il faut que "sur le reste, nous puissions faire des ajustements", a indiqué la ministre, qui estime que si le rendement est supérieur aux 3,4 milliards d'euros planifiés, "il semble utile de réfléchir à baisser des impôts en contrepartie". 

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L'économiste Gabriel Zucman lui répond sur X

Sur la participation des plus riches à l'effort budgétaire, qui "paraît fort peu" toujours selon Eric Coquerel, Amélie de Montchalin a affirmé que le dispositif définitif n'était pas encore arrêté. "On a deux objets : la contribution différentielle sur les hauts revenus et des enjeux de lutte contre la suroptimisation du patrimoine non-productif qui peut être logé dans des holdings. Soit nous faisons un même outil (...), soit deux outils", a-t-elle expliqué.

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Elle n'a pas manqué de rappeler quelques minutes plus tard l'opposition du gouvernement à la taxe dite Zucman, qui "touche les biens professionnels" et qui "conduirait massivement au départ des 1 800 contribuables visés". Ce qui lui a valu une réponse de l'intéressé sur X. "On ne peut plus aujourd’hui, au regard des savoirs existants et des propositions sur la table, s’abriter derrière ce risque pour justifier la préservation des privilèges fiscaux des milliardaires", écrit l'économiste français. 

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Sur la question des retraites, et le remplacement de l'abattement fiscal de 10% par un forfait de 2.000 euros, la ministre a défendu "une mesure de solidarité", qui a "le mérite de la justice et de l'équité entre les retraités". 

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Concernant la suppression de deux jours fériés, autre mesure controversée du budget de François Bayrou, Amélie de Montchalin a indiqué qu'un cycle de consultations allait débuter "dans les toutes prochaines heures" avec les partenaires sociaux, sous l'autorité des ministres Catherine Vautrin (Travail et Santé) et Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi). L'objectif est d'augmenter le temps de travail de 1.607 à 1.621 heures par an. Egalement concernés par ces nouvelles discussions : la réforme de l'assurance chômage et l'amélioration de l'accès à l'emploi. Car "produire plus, c'est être plus nombreux à travailler", a-t-elle plaidé.

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En toute fin d'audition, le sujet des jours fériés, qui ne seraient plus chômés, a été l'objet d'une passe d'armes entre la ministre et Eric Coquerel, à propos de l'impact réel de cette mesure sur le salaire net d'un employé.  

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La ministre refuse de se prononcer sur un éventuel 49.3

Face aux députés de la commission des finances, Amélie de Montchalin a toutefois refusé d'entrer sur le terrain politique, malgré des critiques parfois vives venues des oppositions. "Au fond, votre premier réflexe en temps de crise, c'est d'aller frapper dans la vie des diabétiques, des petits qui ont la mucoviscidose, des ouvriers avec des handicaps lourds, des malades d'Alzheimer, plutôt qu'aller frapper à la porte de Bernard Arnault", a notamment lancé l'Insoumis David Guiraud. Le budget proposé est "inacceptable", "profondément injuste et inefficace économiquement", "parce qu'il fait reposer l'eessentiel del'effot sur les classes populaires et mouyennes", a pour sa part déclaré le socialiste Philippe Brun.

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Le député du Rassemblement national, Jean-Philippe Tanguy, a également dénoncé la copie du gouvernement : "Tout cela va encore échouer lamentablement. Une fois de plus, l'effort injuste est insupportable, mais alors l'effort inutile est intolérable." En guise de réponse, la ministre a rétorqué ne pas pouvoir "laisser dire que ce plan serait anecdotique ou décoratif".

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Elle a alors annoncé une baisse de 1,6 milliards de la contribution française au budget européen pour l'année 2026 - une demande du Rassemblement national notamment. "Le prélèvement était envisagé à 7,3 milliards d'euros, il sera de 5,7 milliards d'augmentation", a précisé Amélie de Montchalin. 

Face aux difficultés annoncées, qu'en sera-t-il lors de l'examen budgétaire, à l'automne. Le recours au 49.3 est-il d'ores et déjà envisagé ? La question est venue de l'écologiste Christine Arrighi. "Aujourd'hui, ce n'est pas le moment d'avoir à se prononcer (sur cela)", a répliqué Amélie de Montchalin, qui avait débuté son audition sur la nécessaire recherche de compromis : "Nous sommes aujourd'hui au temps zéro, au point de départ de ce qui devra être inévitablement un nouveau compromis pour que nous donnions un budget au pays à l'automne."

"Mon rôle est d'écouter toutes vos propositions pour enrichir la copie et qu'elle devienne la copie de la Nation", avait-elle alors assuré, insistant sur "le devoir de construire un compromis".