Loi Duplomb : l'initiatrice de la pétition demande à nouveau d'abroger le texte

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Capture d'écran de la lettre ouverte de Eleonore Pattery.
Capture d'écran de la lettre ouverte de Eleonore Pattery. LCP
par Maxence Kagni, le Jeudi 24 juillet 2025 à 12:43, mis à jour le Vendredi 25 juillet 2025 à 12:04

Dans une lettre ouverte publiée sur Linkedin, Eleonore Pattery, dont la pétition contre la loi Duplomb atteint 1,9 million de signature, demande une nouvelle fois l'abrogation du texte. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a de son côté affirmé que la loi sera promulguée par Emmanuel Macron.

Eleonore Pattery demande une nouvelle fois d'abroger la loi Duplomb. L'initiatrice de la pétition contre la proposition de loi "visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur" a publié ce mercredi 23 juillet une lettre ouverte sur le réseau professionnel Linkedin, dans laquelle elle remercie "tous ceux et toutes celles qui croient encore en l'humanité".

Dans son texte, l'étudiante de 23 ans, dont la pétition a déjà réuni près de 1,9 million de signatures, met en cause les arguments avancés par les défenseurs de la loi Duplomb : "Si les arguments majeurs en sa faveur se résument à 'faire comme les voisins' ou à dire que 'de toute façon on mange du Nutella', alors cela en dit long.

Eleonore Pattery annonce également qu'elle souhaite prendre du recul : "Porter un combat ne devrait jamais reposer sur les épaules d’une seule personne." L'étudiante, qui ne "souhaite pas être médiatisée plus que de raison", affirme que sa lettre sera "probablement" son "dernier message sur ce sujet". 

Je dois d'abord préserver ma propre paix intérieure. Extrait de la lettre ouverte

Appelant les citoyens à "s'informer", "s'éduquer" et à se "rapprocher des personnes qui ont voué leur vie à rendre le monde meilleur" comme les scientifiques et les professionnels de santé, Eleonore Pattery persiste dans sa demande d'abroger la loi Duplomb. Mais l'étudiante ne semble pas très optimiste sur les suites données à sa pétition : "Même si la pétition n’aboutit pas à un acte réglementaire, elle prouve que l’intelligence collective existe — et qu’elle triomphera, tôt ou tard."

Genevard écarte toute abrogation

Mercredi, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a semblé écarté toute abrogation du texte, en marge d'un déplacement dans le Val-d'Oise : "De toute façon le texte sera promulgué. Le président de la République le rappelait ce matin, à l'issue du conseil des ministres, qu'il est dans l'obligation de promulguer la loi."

La pétition devrait permettre l'organisation à l'Assemblée nationale d'un débat sans vote sur la loi Duplomb, qui a été adoptée le 8 juillet dernier et qui autorise la réintroduction sous condition de l'acétamipride, un pesticide interdit en France mais autorisé dans d'autres pays européens.

Même avec ce texte de loi, nous avons le système le plus rigoureux, le plus encadré. Annie Genevard

Le gouvernement n'envisage pas, en revanche, de provoquer un second vote sur le texte : "Il n'a pas été question du tout d'une seconde délibération, ce qui me paraîtrait être extrêmement périlleux parce que là, d'abord, ça contreviendrait à ce que les parlementaires eux-mêmes ont voté", a expliqué Annie Genevard. 

400 chefs cuisiniers contre le texte

La loi Duplomb, qui doit encore passer le filtre du conseil constitutionnel avant de pouvoir être promulguée par le président de la République, continue de faire réagir. Un collectif de près de 400 chefs cuisiniers et acteurs de la restauration a appelé ce jeudi matin au retrait du texte, dans une tribune publiée par Le Monde. "Si nous prenons la parole aujourd’hui, c’est que nous sommes estomaqués par l’aveuglement de nos politiques et par les liens, devenus trop évidents, de ces derniers avec l’agro-industrie", écrivent-ils, avant d'affirmer "faire ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner".

Interrogé ce matin par FranceinfoMichel-Edouard Leclerc a déploré le fait que "la politique (prenne) la place de la science" dans les débats autour de la loi Duplomb. Le président du comité stratégique des supermarchés E.Leclerc a abordé la question sous le prisme de la "distorsion de concurrence" tout en précisant que "moins de pesticides, c'est bien" : "Si c'est autorisé (en Europe), on n'a pas à emmerder les agriculteurs. Par contre si c'est pas autorisé en France et que c'est pas bon pour la santé, il faut obtenir la même chose en Europe."

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