Plusieurs membres du gouvernement ont fini par réagir face au succès de la pétition contre la loi Duplomb, qui a dépassé le stade des 1,6 million de signataires. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a défendu le texte, tandis qu'Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a préconisé de faire appel à l'Anses concernant la réintroduction de l'acétamipride.
La pétition contre la loi Duplomb n'en finit plus de faire réagir. Alors que le texte a dépassé ce mardi 22 juillet le stade des 1,6 million de signataires - un record absolu -, le gouvernement, discret pendant que le compteur grimpait, a fini par s'exprimer. Avec des avis plutôt divergents à propos de ce texte controversé, qui réintroduit notamment, à titre dérogatoire, l'acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, suspecté d'être dangereux pour la santé.
La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, qui avait défendu le texte pendant son examen au Parlement, s'est montrée "pleinement disponible" en cas d'organisation d'un débat à l'Assemblée, qui devrait être vraisemblablement approuvée par la Conférence des présidents du Palais-Bourbon. Mais elle a avant tout défendu les mesures de la loi, qui "vise à répondre à une situation d’urgence que vivent certaines filières et éviter, demain, qu’elles ne s’éteignent". "Les parlementaires ont adopté une version strictement encadrée, fondée sur l’avis de l’Agence sanitaire européenne de référence, précisément pour en contrôler la portée. Les règles prévues par cette loi demeureront les plus strictes au niveau européen et donc au monde", a poursuivi Annie Genevard, dans un post publié sur X ce lundi soir.
Une heure et demi plus tard, c'était au tour de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, de s'exprimer, toujours sur X. Dans une nuance quelque peu différente. Rappelant qu'elle avait toujours été défavorable à une réintroduction de l'acétamipride, Agnès Pannier-Runacher a recommandé de faire appel à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour "éclairer scientifiquement ce débat". "Il y aurait une solution simple et immédiate pour sortir par le haut de cette discussion : que l'Anses puisse donner son avis sur les dérogations que la loi prévoit, afin que les décisions soient prises avec la meilleure connaissance des données scientifiques disponibles", a-t-elle préconisé. Une telle expertise prendrait toutefois plusieurs mois, repoussant de facto l'entrée en vigueur du texte.
"Il n'y a pas à avoir en permanence des avis personnels. [...] Quand vous êtes membre d'un gouvernement, vous êtes solidaire des décisions qui sont prises parce que sinon, cela crée de la confusion", a réagi en miroir Aurore Bergé ce mardi matin. "La ligne a été claire, la ligne du gouvernement, c'est que nous avons soutenu la proposition de loi Duplomb", a précisé la ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, au micro de France Info.
Neuf parlementaires visés
Le ministère de l'Intérieur a recensé neuf atteintes à des parlementaires, votants ou non de la proposition de loi Duplomb. La plupart des faits sont des dégradations de permanences, des rassemblements devant les permanences ou des outrages sur les réseaux sociaux. Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a dénoncé ce lundi des "menaces inacceptables", appelant à la "grande fermeté" des procureurs de la République.