La pétition citoyenne contre la loi Duplomb a dépassé, ce samedi 19 juillet à 16 heures, les 500.000 signataires. La Conférence des présidents de l'Assemblée nationale se réunira à l'automne pour déterminer s'il y a lieu d'organiser un débat dans l'hémicycle du Palais-Bourbon.
C'est tout simplement un record : la pétition citoyenne demandant l'abrogation de la loi Duplomb, déposée il y a neuf jours sur la plateforme dédiée de l'Assemblée nationale, a dépassé le seuil des 500.000 signatures, ce samedi 19 juillet, autour de 16 heures. Un palier critique : si ce cap n'entraîne évidemment pas l'abrogation du texte, il ouvre potentiellement la voie à un débat dans l'hémicycle de l'Assemblée. La Conférence des présidents du Palais-Bourbon, qui rassemble notamment la présidente de l'Assemblée et les présidents des groupes parlementaires, se réunira à l'automne pour décider s'il y a lieu d'organiser un débat en séance publique.
La proposition de loi "visant à "lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur", dite "loi Duplomb", contient une mesure qui avait particulièrement fait débat : la réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions de l'acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Banni du territoire national depuis 2020, ce pesticide est demandé par certaines filières, comme celle de la noisette, en raison de l'absence d'alternatives. Au cours de l'examen du texte, les groupes de gauche avaient dénoncé cette disposition, la jugeant dangereuse pour la santé et la biodiversité. Le Conseil constitutionnel doit encore se prononcer sur le texte, qui a définitivement été adopté par le Parlement.
La pétition a été déposée par Eleonore Pattery, une étudiante de 23 ans, apprentie de la SNCF. "La Loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire. Elle représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens", écrit la jeune femme dans le texte accompagnant la pétition.
Jusqu'à maintenant, aucune pétition citoyenne n'avait suscité un tel engouement sur la plateforme de l'Assemblée nationale. Précédemment, une pétition demandant la dissolution des brigades de répression de l'action violente motorisée (BRAV-M) avait dépassé les 260 000 signatures. Mais son classement par la commission des lois avait bloqué le compteur. Les signatures de la pétition contre la loi Duplomb pourront au contraire continuer à s'accumuler durant l'été.
Le cap des 500 000 signatures n'a pas manqué de provoquer des réactions, notamment chez les opposants au texte. "L’Assemblée est dans l’obligation d’organiser un débat dans l’hémicycle", a réagi sur X la présidente du groupe La France insoumise, Mathilde Panot, qui a salué une "magnifique mobilisation citoyenne". Contacté par LCP, Arthur Delaporte, porte-parole du groupe Socialistes et apparentés, juge pour sa part que cette mobilisation inédite est la "conséquence du sentiment de déni démocratique et surtout de mépris de la santé humaine". L'élu du Calvados insiste lui aussi pour que le débat soit bien organisé : "C'est une première et nous ne pouvons brider ces aspirations."
"Un vrai débat à l’Assemblée s’impose, et le Président doit renoncer à promulguer cette loi, imposée par un passage en force et massivement rejetée", a également revendiqué le groupe Ecologiste et social sur le réseau social Bluesky, louant un "raz-de-marée citoyen inédit qui envoie un message clair".