Des députés ouvrent la porte à une légalisation des fumigènes dans les stades

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Des députés ouvrent la porte à une légalisation des fumigènes dans les stades
par Clement Perrouault, le Mercredi 20 mai 2020 à 07:57, mis à jour le Vendredi 29 mai 2020 à 14:42

Un rapport parlementaire "sur les interdictions de stade et le supportérisme", présenté ce mercredi à l'Assemblée nationale, préconise la légalisation, à moyen terme et sous conditions, des fumigènes dans les stades de football. Les co-rapporteurs, Marie-George Buffet (GDR) et Sacha Houlié (LaREM), plaident pour conditions d’utilisation sécurisées et une phase préalable d’expérimentation. L’objectif est de mettre un terme à une situation jugée hypocrite par de nombreux acteurs du football.

Dans les stades français, l’utilisation des fumigènes tient, depuis une vingtaine d’années, du jeu du chat et de la souris. Officiellement, ces petits engins pyrotechniques sont interdits dans les enceintes sportives. Verts à Saint-Etienne, bleus à Marseille, ils continuent pourtant, presque chaque week-end, d’éclairer les tribunes. « Les pouvoirs publics ne peuvent pas empêcher de faire rentrer dans les stades des éléments de 10 cm de long », assure Sacha Houlié, député La République En Marche, co-rapporteur de la mission d’information sur le régime d’interdictions de stade et le supportérisme, avec la députée communiste Marie-George Buffet. « Les fumigènes peuvent être déposés dans un sandwich, une chaussette ou des chaussures… Et il existe des négociations sous le manteau entre les clubs et les supporters pour les tolérer pendant tel ou tel match. La vérite, c’est que cela renforce l’attractivité du spectacle », explique le député. A tel point que certains diffuseurs n’hésitent pas à les utiliser à des fins promotionnelles. « Dans les clips de Canal+ pour vendre les OM-PSG, 9 fois sur 10 il y a des images de fumis », souligne Sacha Houlié. Une situation paradoxale qui fait des fumigènes un point de crispation récurrent entre supporters et autorités publiques.

 

Sacha Houlié : "Il m’est arrivé de craquer un fumi sur le parvis du stade"

Dans le rapport publié ce mercredi, la mission d’information parlementaire sur le supportérisme prend clairement position. Elle suggère une légalisation, à terme, de l’usage des fumigènes dans les stades. « Il m’est arrivé de craquer un fumi sur le parvis du stade Vélodrome, à Marseille, confie Sacha Houlié. Cela fait partie du spectacle. » Dans leur rapport, les députés préconisent la mise en place en tribunes de zones sécurisées, équipées de seaux d’eau et placées à distance des spectateurs. Le principe serait de permettre aux supporters, sous la surveillance des stadiers et avec l’accord des clubs, d’allumer les fumigènes dans des conditions limitant les risques d’accident. Quant à la responsabilité civile et pénale, elle incomberait aux présidents d’associations de supporters, et non aux clubs comme c’est le cas aujourd’hui. Le principe est donc de responsabiliser les supporters et lever certaines craintes des dirigeants de clubs.

Une première phase d’expérimentation

La mission parlementaire suggère une première phase d’expérimentation limitée à certains stades. La généralisation aurait lieu si cette première phase se déroule sans accroc. Cette proposition est clairement une main tendue aux premiers utilisateurs des fumigènes : les Ultras. Ces supporters radicaux, qui consacrent leur vie à leur club, souffrent d’une réputation sulfureuse et se plaignent d’être régulièrement stigmatisés. «Oui, on peut faire confiance aux Ultras, estime Sacha Houlié. Contrairement à ce qu’on a pu raconter sur eux, ce sont des gens responsables. Ils viennent au stade pour encourager leur équipe, là où les hooligans viennent pour la violence ». Les stades français où les fumigènes sont les plus répandus sont situés à Paris, Marseille, Saint-Etienne et Lens. Les députés de la mission souhaiteraient que les clubs de ces villes soient associés à la phase d’expérimentation.