Onze ans avant l'annonce d'Emmanuel Macron, l'Assemblée nationale avait adopté une proposition de résolution visant à reconnaître l'Etat de Palestine, par 339 voix pour et 151 contre. Le texte, qui n'avait pas de valeur contraignante pour le gouvernement en place, était défendu par le groupe socialiste.
C'était il y a plus de onze ans. François Hollande était président de la République, Manuel Valls Premier ministre. Le 2 décembre 2014, l'Assemblée nationale, alors présidée par Claude Bartolone, adoptait une proposition de résolution portant sur la reconnaissance de l'Etat de Palestine. Dans l'hémicycle, 339 députés avaient voté en faveur de ce texte déposé par le groupe socialiste, et 151 s'y étaient opposés ; 68 élus n'avaient pas pris part au scrutin et 16 s'étaient abstenus. Dans son article unique, la proposition de résolution affirmait notamment que "le statu quo (était) intenable et dangereux" et "invit(ait) le gouvernement français à reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit".
"Cette résolution est d'abord et avant tout une contribution à la paix. Elle reflète la position équilibrée de la France depuis la présidence de François Mitterrand. Personne ne doit en douter", avait expliqué le président du groupe socialiste de l'époque, Bruno Le Roux, au cours de la discussion générale. Et d'ajouter : "La résolution que nous vous proposons d'adopter aujourd'hui n'a d'autre but que de concourir à l’effort international de paix au Proche-Orient."
Ce texte avait été adopté après une nouvelle recrudescence des violences entre Palestiniens et Israéliens au cours de l'été 2014.
> Lire aussi - Emmanuel Macron annonce une future reconnaissance de l'Etat de Palestine par la France
La quasi majorité des députés des groupes socialiste, écologiste, radical et de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) avaient soutenu le texte. Cinq élus du PS (sur 288) s'étaient abstenus : Laurent Cathala, David Habib, Monique Iborra, Armand Jung et François Pupponi. A l'inverse, les groupes UMP et UDI, qui étaient alors dans l'opposition à l'Assemblée nationale, avaient voté contre. Neuf députés UMP (sur 197) avaient quand même fait un choix contraire, en se prononçant en faveur du texte : Nicole Ameline, Marcel Bonnot, Olivier Carré, Jean-Louis Christ, Jean-Jacques Guillet, Jacques Myard, Bérengère Poletti, Axel Poniatowski et Jean-Luc Reitzer. "Il y a un réel clivage gauche-droite", résumait alors le député UMP Claude Goasguen.
"Vous le savez, votre résolution est juridiquement nulle. Elle va mettre de l'huile sur le feu, dans une région du monde qui n'en a pas besoin", avait lancé dans l'hémicycle, lors des explications de vote, le président du groupe UMP, Christian Jacob. Car une proposition de résolution, même adoptée, n'a pas de valeur contraignante. Le même poursuivait : "Elle ne résoudra rien du tout. Elle risque, au contraire, d’opposer ici, en France, des Français entre eux."
Alors ministre des Affaires étrangères de François Hollande, Laurent Fabius avait défendu la position du gouvernement dans l'hémicycle de l'Assemblée : "Le Parlement peut se prononcer, il va le faire, mais (...) l'exécutif, et lui seul, est juge de l'opportunité politique. C'est clair, c'est net et c'est la Constitution." Lors du débat, il avait rappelé la position française qui défend que cette reconnaissance devait "intervenir dans le cadre d’un règlement global et définitif du conflit négocié par les deux parties". La raison ? "Nous ne voulons pas d'une reconnaissance symbolique qui n'aboutirait qu'à un Etat virtuel. Nous voulons un Etat de Palestine réel."
Il y a onze ans, Laurent Fabius l'assurait déjà : "La France reconnaîtra l'Etat de Palestine", une décision qui n'était pas, à ses yeux, "une faveur", mais "un droit". Restait à savoir quand. Depuis cette proposition de résolution de 2014 - qui avait été voté au Sénat la semaine suivante -, les autorités françaises n'étaient pas passées à l'acte. Dans son programme pour l'élection présidentielle, François Hollande écrivait vouloir "soutenir la reconnaissance internationale de l'Etat palestinien".
Jeudi 24 juillet 2025, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait reconnaître l'Etat de Palestine lors d'une "annonce solennelle à l'Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain". "Et bien, je vais attendre septembre pour y croire", a réagi sur X le député Eric Coquerel (La France insoumise), venant ajouter sa voix aux nombreuses réactions politiques du jour.
En 2023, l'Assemblée avait rejeté un texte associant Israël à un "régime d’apartheid"
Plus récemment, le 4 mai 2023, l'Assemblée nationale avait rejeté (71 voix pour, 199 contre) une proposition de résolution associant "réaffirmant la nécessité d'une solution à deux Etats et condamnant l'institutionnalisation par l'Etat d'Israël d’un régime d'apartheid consécutif à sa politique coloniale", examinée dans le cadre de la niche parlementaire du groupe GDR. Le texte avait été combattu par les groupes de la coalition présidentielle, ainsi que par les groupes "Rassemblement national", "Les Républicains" et "Socialistes".