Dans la foulée de l'annonce d'Emmanuel Macron de la reconnaissance prochaine par la France de l’État de Palestine, les réactions se sont multipliées. La droite a dénoncé une décision "inutile", voire "contre-productive". "C'est reconnaître un Etat Hamas et donc un Etat terroriste", a dénoncé Marine Le Pen. La gauche a, quant à elle, salué l'annonce, mais appelé à agir dès aujourd'hui pour "faire cesser le génocide en cours" à Gaza.
Les réactions ne se sont pas faites attendre après l'annonce par Emmanuel Macron ce jeudi 24 juillet de la reconnaissance par la France, en septembre, de l’État de Palestine. Dans le camp politique du chef de l’État, on salue cette "décision historique et tant attendue" d'après les mots de Marc Fesneau, le président du groupe Modem à l'Assemblée nationale.
"La solution à deux États, dans des conditions clairement énoncées, est l'unique chemin pour une paix et une sécurité durables au Proche-Orient et la protection des populations civiles", a réagi la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne. Son collègue François Rebsamen (Aménagement du territoire) a salué "une parole claire et nécessaire".
"Cette déclaration d'Emmanuel Macron est historique et à la hauteur du moment que nous vivons", a écrit sur X Pieyre-Alexandre Anglade (Ensemble pour la République), le président de la Commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale. C'est une "décision historique, fidèle aux valeurs que la France a toujours défendues", a renchéri la députée EPR, Eléonore Caroit, vice-présidente de la commission des Affaires étrangères.
Des propos loin d'être partagés par leur collègue Caroline Yadan (EPR), élue dans la 8e circonscription des Français de l'étranger, qui comprend Israël. "Cette perspective me heurte profondément. Elle constitue, à mes yeux, une faute politique, morale et historique", a-t-elle dénoncé dans un long message publié sur X.
L'annonce du président de la République a également été critiquée à droite. Invité de RTL ce vendredi 25 juillet, le numéro 2 des Républicains François-Xavier Bellamy a jugé "inutile" voire "contre-productive" la décision d'Emmanuel Macron. Listant les conditions précédemment fixées par le président de la République pour une telle reconnaissance de l'Etat de Palestine, à savoir la démilitarisation du Hamas, la non-participation du mouvement islamiste palestinien à la gouvernance, la libération de tous les otages et la reconnaissance d’Israël par plusieurs pays arabes, il a déclaré : "Aucune n'a été remplie."
Emmanuel Macron "s'apprête à oublier" ces conditions et "se retrouve félicité par le Hamas", a déploré sur X le président du groupe Droite républicaine à l'Assemblée, Laurent Wauquiez.
Les critiques sont également venues de l'extrême droite. "Reconnaître aujourd’hui un État palestinien, c’est reconnaître un État Hamas et donc un État terroriste", a réagi Marine Le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement national. A ses yeux, "cette décision légitime les massacreurs du 7 octobre et leur cortège de souffrances" et "constitue donc une faute politique et morale, y compris à l’égard des Palestiniens qui subissent le joug du Hamas". Jordan Bardella a, lui, qualifié de "précipitée" l'annonce du chef de l’État.
"Précipitée" aussi, dans les mots de leur allié Eric Ciotti (Union des droites pour la République). "Après trois défaites électorales, le chef de l’État n'a plus aucune légitimité pour engager la France sur un sujet aussi sensible. C'est au Parlement de se prononcer", estime le député.
A l'opposé de l'échiquier politique, l'annonce d'Emmanuel Macron a été saluée par l'ensemble des forces politiques de gauche, qui en attendent toutefois la concrétisation en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies. "Enfin", a réagi sur X le président du groupe Socialistes, Boris Vallaud, qui met en garde sur la situation à Gaza : "Si rien n'est mis en place immédiatement pour mettre fin aux horreurs commises par le gouvernement Netanyahu et à la famine organisée, il ne restera plus rien à reconnaître en septembre."
Une position partagée par son homologue de La France insoumise, Mathilde Panot. "Pour que cette reconnaissance n'advienne pas quand il n’y aura plus de Palestiniens, la France ne doit pas attendre septembre", a-t-elle écrit sur X, appelant les autorités à d'ores et déjà prendre des "mesures concrètes et immédiates". "La victoire morale est là mais on connaît la technique des annonces différées de Macron", a pour sa part commenté Jean-Luc Mélenchon sur X, qui s'interroge : "Pourquoi en septembre et pas maintenant ? Et l'embargo sur les armes ?"
Sur son compte Bluesky, l'écologiste Cyrielle Chatelain a affirmé que "la reconnaissance de l’État de Palestine est un devoir, une nécessité" et exhorté à la mise en œuvre dès aujourd'hui de "tous les moyens pour faire cesser le génocide en cours". Le président communiste du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), Stéphane Peu, estime que la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France, dont il se réjouit, "ne sera pas suffisant pour imposer la paix à l'extrême droite israélienne". "Il va falloir user de tous les ressorts du rapport de force pour imposer à Netanyahu le respect du droit international", ajoute-t-il.
L'ancien Premier ministre (2005-2007), Dominique de Villepin (République solidaire) a pour sa part salué une décision "historique, attendue et courageuse", qui "nous oblige immédiatement à agir". "Gaza est un territoire martyrisé depuis trop longtemps (...). Cette urgence absolue ne peut attendre", ajoute celui pour qui la France doit désormais "mener une initiative humanitaire", "ouverte à tous les États volontaires" qui "serait le signe fort du retour de notre pays à sa vocation de puissance médiatrice et solidaire".