Assemblée : pour dénoncer la situation à Gaza, les députés insoumis brandissent dans l'hémicycle des photos d'enfants palestiniens

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Les députés LFI avec les images d'enfants.
Les députés LFI avec les images d'enfants.
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mardi 8 avril 2025 à 19:03, mis à jour le Mercredi 9 avril 2025 à 11:00

Les députés de La France insoumise, Aymeric Caron en tête, ont brandi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, mardi 8 avril, des affiches montrant des visages d'enfants palestiniens, dont celui d'une petite fille "tuée dans son sommeil par un bombardement"déclenchant les protestations des élus RN et LR. Rappelant qu'il est "interdit de brandir des affiches" en séance, la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a indiqué qu'elle saisira le Bureau de l'institution en vue d'éventuelles sanctions. 

Le groupe de La France insoumise a provoqué un incident de séance, ce mardi 8 avril, à la toute fin des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. "Gaza est en train de devenir un camp de concentration, où le niveau de barbarie déployé par l'armée israélienne est tel qu'on doit énoncer des 'à peu près’ pour décrire le bilan du génocide en cours", a déclaré dans l'hémicycle Aymeric Caron (LFI) qui, pendant son intervention, a montré la photo d'une petite fille "tuée dans son sommeil par un bombardement sur sa tente".  Tout de suite rejoint par ses collègues du groupe présidé par Mathile Panot qui ont brandi d'autres images d'enfants palestiniens. 

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"Ce sont nos enfants et comme nos enfants, ils ont un nom, un visage et une vie à vivre", a poursuivi l'élu de Paris, avant d'ajouter, dénonçant "les nombreux complices" du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou au sein de l'Assemblée nationale : "Regardez tous ces visages autour de moi, ce sont les visages de notre mauvaise conscience !"

Le ministre accuse LFI "d'instrumentaliser" la situation

"Messieurs les députés, vous savez que c'est interdit de brandir des affiches. (...) Vous contrevenez au règlement de l'Assemblée nationale", a réagi la présidente Yaël Braun-Pivet, alors que de vives protestations s'élevaient des bancs du Rassemblement national et de la Droite républicaine. La présidente de l'Assemblée a indiqué qu'elle saisira le Bureau de l'institution, sa plus haute autorité collégiale, pour évoquer d'éventuelles sanctions à l'égard du groupe de La France insoumise et d'Aymeric Caron. Une réunion dudit Bureau est d'ailleurs prévu demain, mercredi 9 avril. 

Dans la foulée, le ministre délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, a fustigé l'attitude de LFI qui, selon lui, n'a "cessé d'instrumentaliser ce sujet si tragique à des fins politiques, a soufflé sur les braises de l'antisémitisme, alors que notre diplomatie se mobilise". "La France et le président de la République ont toujours été du côté de ceux qui souffrent des deux côtés", a-t-il ajouté, déplorant ces "outrances" et "caricatures". 

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Sans surprise, ces propos n'ont pas apaisé la colère d'Aymeric Caron. Salle des Quatre-Colonnes, entouré de ses collègues et de Mathilde Panot, il s'est insurgé de la réponse de Benjamin Haddad : "On vient de se faire traiter d'antisémite par un représentant du gouvernement, alors que la seule chose que nous faisons depuis un an et demi est de dénoncer le calvaire que subissent les Palestiniens !"

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En mai 2024, le député Sébastien Delogu (LFI) avait écopé d'une "censure avec exclusion temporaire" pour avoir brandi un drapeau palestinien dans l'hémicycle du Palais-Bourbon. Soit la plus forte sanction prévue par le règlement de l'Assemblée nationale. 

L'article 9 de l'Instruction générale du Bureau indique que : "Dans l’hémicycle, l’expression est exclusivement orale : l’utilisation, notamment pendant les questions au Gouvernement, à l’appui d’un  propos,  de  graphiques,  de  pancartes,  de  documents,  d’objets  ou instruments divers est interdite". 

Et l'article 70 du règlement du Palais-Bourbon prévoit qu'un député qui se livre "à des manifestations troublant l'ordre ou qui provoque une scène tumultueuse" ou qui se rend "coupable d'outrages ou de provocations envers l'Assemblée" est passible de peines disciplinaires.