Auditionné par le commission des lois de l'Assemblée nationale, mercredi 2 octobre, le ministre de l'Intérieur a affiché sa détermination à lutter contre l'immigration illégale, "l'islam politique très intrusif", ou encore la criminalité organisée. Bruno Retailleau s'est, en outre, défendu après la polémique provoquée par ses propos sur l'Etat de droit.
"Passé la soixantaine, entamer une carrière d'autocrate, c'est un peu tard je trouve." Devant les députés de la commission des lois, Bruno Retailleau a manié l'ironie pour tenter de désamorcer la polémique soulevée par ses déclarations sur l’Etat de droit. "L'Etat de droit, ça n'est pas intangible ni sacré", avait déclaré le ministre de l'Intérieur selon des propos rapportés par le Journal du dimanche. Des propos "volontairement coupé[s]", a-t-il affirmé, mercredi 2 octobre à l'Assemblée nationale.
Bruno Retailleau avait déjà, dans un communiqué publié mardi, tenté de corriger la teneur du message qui lui était attribuait. Mais cela n'a pas suffi, et le ministre a été mis en cause par de nombreux élus au cours de son audition, parfois de manière virulente, comme quand Elisa Martin (La France insoumise) l'a accusé de "défigurer la France" et de s'inscrire dans "la France de Vichy". "A aucun moment j'ai voulu abolir l’Etat de droit. J'ai simplement dit qu'il fallait déplacer le curseur dans l’Etat de droit, comme nous l'avons fait au moment du terrorisme et du Covid", s'est défendu le locataire de la place Beauvau.
Devant les députés Bruno Retailleau a aussi et surtout défini les priorités qu'il souhaite mettre en œuvre. A savoir, la lutte contre la criminalité organisée, le narcotrafic, mais aussi contre la délinquance du quotidien, le tout en bonne intelligence avec la justice. "Il n'y aura pas de résultats si l'attelage Beauvau-Vendôme tire à hue et à dia", a-t-il confié.
Autre dossier en ligne de mire : la "reprise" du contrôle de la politique migratoire. Gestion des visas, accords avec les pays tiers, facilitation des expulsions... Bruno Retailleau a esquissé les évolutions de la politique migratoire qu'il souhaite mettre en place. Le ministre a également confirmé qu'il souhaitait prolonger jusqu'à 210 jours la durée de la rétention administrative des migrants en situation irrégulière, se saisissant de l'actualité et du meurtre de Philippine, dont le suspect est un ressortissant marocain sous obligation de quitter le territoire français (OQTF).
L'ex-sénateur vendéen devenu ministre a également confié sa volonté de s'attaquer à un "islam politique très intrusif : le frérisme", mouvement issu des Frères musulmans auquel il reproche de défendre la "prééminence du droit coranique sur le droit national", "l'infériorisation de la femme" ou encore "l'instrumentalisation de l'islamophobie". Bruno Retailleau souhaite que la DGSI lui remette un rapport sur le phénomène, qu'il s'est engagé à rendre - au moins concernant ce qui ne relève pas de la sécurité nationale - public. Il a, en outre, fait part de sa volonté de systématiser les contrôles, notamment dans le milieu des écoles hors contrat et du sport, et de créer une nouvelle incrimination afin de faciliter les dissolutions d'associations - un mouvement déjà largement accéléré par son prédécesseur, Gérald Darmanin.
En toute fin d'audition, Bruno Retailleau est rapidement intervenu sur plusieurs pistes qu'il compte suivre au fil des semaines à venir, comme sur l'extension des pouvoirs des polices municipales. Il a, par ailleurs, fait part de sa méfiance concernant l'introduction d'un scrutin proportionnel aux élections législatives, alors même que la veille, le Premier ministre, Michel Barnier, avait indiqué être ouvert à une réflexion.