Au lendemain de la censure du gouvernement Barnier, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a appelé le président de la République, Emmanuel Macron, à nommer "rapidement" un nouveau Premier ministre. "Les institutions sont solides, elles tiennent", a-t-elle déclaré, estimant nécessaire de "rassurer les Français".
"Il ne faut pas perdre de temps." Au lendemain de la censure du gouvernement Barnier en pleine période budgétaire, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, considère qu'il faut aller vite : "Je préconise qu'[Emmanuel Macron] procède rapidement à la nomination d'un Premier ministre, c'est important, il ne faut pas laisser de flottement", a-t-elle déclaré sur France inter ce jeudi 5 décembre. Un message que Yaël Braun-Pivet aura l'occasion de délivrer en personne au président de la République puisqu'elle doit être reçue à l'Elysée à la mi-journée.
"Le moment est grave, il faut maintenant que nous réussissions à trouver les moyens pour apporter de la stabilité", a expliqué la présidente de l'Assemblée, qui juge nécessaire de mettre à profit le mois de décembre pour "doter le pays d'un budget". Pour ce faire, la députée Ensemble pour la République des Yvelines "appelle de [ses] vœux un gouvernement d'union républicaine des démocrates et de ceux qui partagent les même valeurs, allant du Parti socialiste à [La Droite républicaine]".
Au-delà du fonctionnement institutionnel, qui englobe l'ensemble des forces politiques représentées au Palais-Bourbon, Yaël Braun-Pivet estime que, sur le plan politique, "il ne faut travailler avec aucun extrême, que ce soit l'extrême gauche ou l'extrême droite". Elle ajoute, en revanche, qu'il faut "écouter les préoccupations des Français", y compris les "onze millions [d'électeurs qui ont] voté pour le RN", précisant que "cela ne veut pas dire négocier avec le Rassemblement national". Et de repousser également toute "alliance" ou "compromission avec la France insoumise".
Interrogée sur le profil du prochain Premier ministre, Yaël Braun-Pivet en a dressé le portrait-robot : "Il faut quelqu'un qui connaisse bien l'Assemblée nationale et qui ait cette capacité à animer, [à faire preuve de] dialogue, de concertation." Sur le fond, elle considère que le prochain locataire de Matignon ne devra "exclure a priori aucun Français de la réflexion que l'on doit avoir sur le programme de gouvernement qui sera mis en place". Quant à la couleur politique du successeur de Michel Barnier, elle "n'exclut pas, par principe, un Premier ministre [ayant une] sensibilité de gauche", soulignant cependant que "les Français n'ont pas validé le programme du Nouveau Front populaire" puisqu'"ils n'ont donné la majorité à personne".
En attendant une nomination à Matignon et la composition d'une équipe gouvernementale, "toutes les activités parlementaires qui ne nécessitent pas la présence du gouvernement continuent", indique Yaël Braun-Pivet. "Les commissions permanentes se réunissent, les missions d'information ont lieu, l'activité de contrôle, les commissions d'enquêtes se poursuivent, les nominations se poursuivent", a-t-elle détaillé. Et de marteler : "L'Assemblée nationale fonctionne et elle fonctionnera jusqu'au bout".
La présidente de l'institution a également évoqué la suite des débats budgétaires : "S'il y a un Premier ministre avec son gouvernement qui est nommé rapidement, ma préférence va vers la poursuite de la navette parlementaire". Ainsi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale reviendrait au Palais Bourbon en nouvelle lecture "avec une capacité d'amender". Le projet de loi de finances, lui, continuerait d'être examiné au Sénat. "Il est encore temps de doter la France d'un budget avant la fin de l'année", a-t-elle conclut sur ce sujet.
Evoquant son entretien à venir avec Emmanuel Macron à la mi-journée, alors que le Président s'exprimera ce jeudi 5 décembre à 20 heures à la télévision, Yaël Braun-Pivet a estimé nécessaire de "rassurer les Français". Disant elle-même vouloir le faire au micro de France inter : "les institutions sont solides, elles tiennent", a-t-elle assuré. Dans cette logique, la présidente de l'Assemblée nationale rejette l'hypothèse d'une démission du chef de l'Etat qui apporterait davantage d'"instabilité" et de "chaos" : "Cela ne changerait strictement rien à la situation actuelle."