Le gouvernement de Michel Barnier censuré au terme d'une journée historique à l'Assemblée nationale

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Michel Barnier LCP 04/12/2024
Michel Barnier à l'Assemblée nationale, mercredi 4 décembre 2024 (© LCP)
par Raphaël Marchal, le Mercredi 4 décembre 2024 à 21:27, mis à jour le Jeudi 5 décembre 2024 à 08:18

L'Assemblée nationale a voté, ce mercredi 4 décembre, la motion de censure présentée par le Nouveau Front populaire contre le gouvernement de Michel Barnier. La motion a été approuvée par 331 députés, au-delà de la majorité absolue de 288 voix qui était requise. Le Premier ministre qui va maintenant devoir remettre sa démission à Emmanuel Macron a jusqu'au bout, mais sans succès, tenté d'alerter à propos des "lourdes conséquences" d'une censure sur la vie du pays et des Français. 

Pour la deuxième fois de l'histoire de la Ve République, un Premier ministre a été censuré. Le seul précédent remonte à 1962, alors que Georges Pompidou était chef du gouvernement, tandis que le président de la République était Charles de Gaulle. Soixante-deux ans plus tard, ce mercredi 4 décembre, c'est donc Michel Barnier qui connaît les affres de la censure. La motion déposée par le Nouveau Front populaire a été approuvée par 331 députés, au-delà de la majorité absolue de 288 voix qui était requise pour contraindre le gouvernement à la démission. Comme il l'avait fait savoir depuis plusieurs jours, le Rassemblement national a ajouté ses voix à celles de la gauche pour faire tomber le gouvernement et rejeter l'accord qui avait été trouvé en CMP sur le budget de la Sécurité sociale.

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Jusqu'à l'ultime seconde, Michel Barnier a tenté de convaincre une partie au moins des députés qui penchaient pour la censure de changer d'avis. Citant son lointain prédecesseur à Matignon, il a rappelé que Georges Pompidou appelait en toutes circonstances à "rechercher à préserver la morale de l'action". De manière plus prosaïque, il a également évoqué la situation précaire des finances publiques, qui ne sera pas effacée par "l'enchantement d'une motion de censure".

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Visiblement ému au moment de prendre la parole, le Premier ministre sortant a alerté sur les "lourdes conséquences", selon ses mots, d'une censure sur le fonctionnement de l'Etat et sur le pouvoir d'achat des Français. Ainsi que sur les inconnues concernant, d'après lui, le barème de l'impôt sur le revenu, les aides en faveur des agriculteurs, ou encore le financement de la dette du pays.

La main tendue de Gabriel Attal

Peu avant lui, c'est le Premier ministre auquel il avait succédé à Matignon, Gabriel Attal, qui a tenté de tendre la main aux députés socialistes, les appelant à "s'affranchir" de "l'extrême gauche" et d'un Jean-Luc Mélenchon présent dans les tribunes de l'hémicycle. "On peut s'opposer sans tout gâcher, sans censurer", a-t-il exhorté. 

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Le président des députés Ensemble pour la République a, par ailleurs, égratigné les élus du Rassemblement national, qui ont "tenté de faire croire aux Français" qu'ils étaient "responsables et prêts à gouverner". "Chassez le naturel, il revient au chaos", a lancé Gabriel Attal, qui a tancé plus largement le "spectacle désolant" orchestré par les "extrêmes de l'hémicycle".

Le réquisitoire d'Eric Coquerel

Notamment visés par ces propos, les députés de La France insoumise, alors qu'en ouverture de séance le président de la commission des finances, Eric Coquerel, avait présenté la motion de censure de la gauche, lançant à Michel Barnier : "Vous chuterez dans le déshonneur", fustigeant les concessions faites ces derniers jours au Rassemblement national pour tenter d'éviter la censure. Dénonçant "l'illégitimité" du Premier ministre et sa vision catastrophiste de la censure, il a salué un jour "historique", appelant à la nomination d'un gouvernement NFP. "La promesse d'une aube après le crépuscule", a-t-il espéré.

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Le verdict de Marine Le Pen

Peu après, la présidente du groupe Rassemblement national a scellé le sort de Michel Barnier et de son équipe gouvernementale. "Les institutions nous contraignent à mêler nos voix à celles de l'extrême gauche", a déclaré Marine Le Pen à la tribune de l'Assemblée nationale. 

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