INFO LCP - Le plan de Macron pour les élections européennes

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Emmanuel Macron au Parlement européen de Strasbourg, le 17 avril, pour présenter son plan post-Brexit devant les eurodéputés. ELYXANDRO CEGARRA / NurPhoto
Emmanuel Macron au Parlement européen de Strasbourg, le 17 avril, pour présenter son plan post-Brexit devant les eurodéputés. ELYXANDRO CEGARRA / NurPhoto
par Vincent Kranen, le Vendredi 18 mai 2018 à 14:25, mis à jour le Mardi 20 octobre 2020 à 21:26

À un an des élections européennes, La République en marche consulte tous azimuts ses partenaires européens afin de tenter de nouer des alliances et aboutir à une plate-forme programmatique commune. Surprise : il pourrait y avoir des ressortissants étrangers de l'Union européenne sur les bulletins de vote de La République en marche en mai 2019, mais aussi... des Français sur les listes de ses partenaires européens. Explications.

Des Allemands, des Italiens ou des Espagnols, sur les bulletins de vote des électeurs français aux élections européennes de mai 2019 ? Après avoir vu rejetée, en février, sa proposition d’une liste européenne transnationale pour l’élection de députés européens - en remplacement des eurodéputés britanniques disparus pour cause de Brexit -, le parti fondé par Emmanuel Macron ambitionne désormais de constituer une liste transnationale en France constituée pour partie de citoyens d'autres pays de l'UE.

"On y travaille. Pour l’instant ça avance...", révèle un proche d'Emmanuel Macron. "C'est une idée qui existe, confirme à LCP le député des Français de l’étranger du Bénélux Pieyre-Alexandre Anglade. Un, deux, trois candidats est une hypothèse probable." Ces candidats pourraient être des binationaux comme des citoyens européens dépourvus de la nationalité française. Le droit européen permet en effet à tout citoyen européen, résident dans un autre pays de l'UE depuis au moins 6 mois, de se présenter aux élections européennes.

Par le passé, des citoyens de l'UE se sont déjà présentés à des élections européennes dans un autre pays de résidence, mais La République en marche en ferait l'un des arguments de sa campagne. Comme ce fut le cas pour les élections législatives l'an dernier, le président de la République validera en dernier ressort la constitution de la liste La République en marche (LREM).

Une alliance entre LREM et d'autres partis européens ?

Plus ambitieux encore, la volonté du parti présidentiel de créer une plate-forme programmatique au niveau européen. Un dossier piloté par Pieyre-Alexandre Anglade. Depuis plusieurs semaines, le député des Français du Bénélux, mandaté par Christophe Castaner, rencontre d'éventuels partis partenaires.

Objectif : faire converger les positions de mouvements proches de LREM sur la scène européenne, comme Ciudadanos en Espagne ou le Parti démocrate italien. "C'est une phase de prises de discussions informelles, explique Pieyre-Alexandre Anglade. Nous discutons largement avec des personnalités européennes de la société civile et d'autres partis politiques, du Bénélux, du nord de l'Europe, des grandes familles politiques allemandes. Nous n'avons pas d'a priori et nous ne sommes pas exclusifs : rien ne nous empêche d'échanger avec d'autres partis dans un même pays."

"On ne considère pas l'échéance européenne comme une élection de seconde division" Pieyre-Alexandre Anglade, député LREM des Français du Bénélux.

Pieyre-Alexandre Anglade assure avoir rencontré "la semaine dernière à Madrid des forces progressistes d'Europe centrale et orientale". Une visite qui fut aussi l'occasion d'affermir la relation de LREM avec le parti Ciudadanos en Espagne, un mouvement avec lequel les discussions sont les plus mûres."On ne va pas se limiter à la seule ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe). Nous avons vocation à rassembler plus et plus largement", confie Pieyre-Alexandre Anglade. Si les négociations aboutissaient, on pourrait trouver des Français sur les listes de ces partis partenaires. Une stratégie qui promet d'être difficile, dans l'optique de la constitution des groupes parlementaires au Parlement européen.

Pour l'heure, les tractations n'en sont qu'à leurs prémices. Le patron de La République en marche, Christophe Castaner, doit entamer des déplacements en Europe cet automne pour rencontrer d'éventuels partenaires adoptant la même ligne, progressiste et démocrate. Mais selon nos informations, le calendrier pourrait s'accélérer, avec des déplacements du patron de LREM dès le mois de juin. Pour le mouvement fondé par Emmanuel Macron, il s'agit d'éviter à tout prix le scénario catastrophe : une majorité eurosceptique au Parlement européen et des institutions européennes bloquées.

79 sièges de députés européens seront en jeu en mai prochain en France. Les Français donneront-ils leur chance à des candidats d'autres nationalités ?