Le Rassemblement national est arrivé en tête dans 457 circonscriptions (sur 577) lors des élections européennes. C'est ce que montre la projection des résultats du scrutin à l'échelle des circonscriptions législatives. Suivent la liste de La France insoumise (48 circonscriptions), puis celle de la coalition présidentielle emmenée par Renaissance et celle du Parti socialiste - Place publique (39 circonscriptions chacune). Une projection qui n'a pas de valeur prédictive, mais qui illustre le rapport de force national et territorial entre les partis politiques à moins de trois semaines des législatives.
Il se sera écoulé exactement trois semaines entre les élections européennes et le premier tour des élections législatives, qui aura lieu le 30 juin, comme l'a fait savoir Emmanuel Macron lorsqu'il a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale, dimanche 9 juin au soir. Trois semaines au cours desquelles le Rassemblement national va tenter de confirmer sa performance, tandis que les autres partis vont tenter de changer la donne.
Sans aucune valeur prédictive, des données publiées cette semaine par le ministère de l'Intérieur illustrent la géographie électorale au soir des élections européennes : il s'agit des résultats du scrutin européen projetés au niveau des 577 circonscriptions qui servent de cadre à l'élection des députés. Sans surprise, comme au niveau des communes, c'est le Rassemblement national qui arrive en première position dans la grande majorité des circonscriptions : 457.
Viennent ensuite la liste de La France insoumise, avec 48 circonscriptions puis, malgré des scores plus importants que LFI au niveau national, la liste de la coalition présidentielle emmenée par Renaissance, avec 39 circonscriptions, et celle de du Parti socialiste - Place publique, avec 39 circonscriptions aussi. La liste des Républicains arrive, quant à elle, en tête 2 circonscriptions, tandis que Reconquête arrive en première position dans 1 circonscription.
A noter qu'en additionnant les scores des quatre formations de gauche du Nouveau Front populaire (LFI, PS, Ecologistes, PC) celles-ci arrivent en tête dans 256 circonscriptions. Dans ce cas de figure, le Rassemblement n'arrive en première position que dans 315 circonscriptions.
Quoi qu'il en soit, bien que ces projections soient intéressantes, car elles illustrent l'état du paysage électoral au soir des élections européennes, ce découpage et cette carte - pas plus les sondages nationaux et leur éventuelles projections en sièges à ce stade - n'ont de sens électoral ou de valeur prédictive.
Parce que les enjeux et les logiques politiques ne sont pas les mêmes. Parce que les modes de scrutin ne sont pas les mêmes : scrutin de liste nationale à un tour et à la proportionnelle pour les européennes ; scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour les législatives, qui sont à la fois une élection nationale et 577 élections différentes. Et parce que la campagne ne fait que commencer, avec notamment un enjeu de mobilisation des électeurs par les différents partis politiques.
Alors que l'abstention aux législatives avait été très forte en 2022 (53,77 %), la participation sera un paramètre décisif le 30 juin et le 7 juillet. Indicateur de la mobilisation avant même les élections : lundi et mardi, juste après l'annonce des législatives anticipées, plus de 63 000 procurations avaient été enregistrées, selon le ministère de l'Intérieur.
En attendant les législatives, la comparaison entre les résultats des européennes de 2019 et les résultats du scrutin de 2024 montrent que le Rassemblement national renforce son assise territoriale au niveau national et améliore son score dans de nombreuses circonscriptions. Si le vote pour le parti de Marine Le Pen reste faible dans la plupart des grandes villes (Paris et départements limitrophes, Lyon, Strasbourg, Lille et Nantes), ainsi que dans certaines villes moyennes du Grand Ouest, ou encore dans certains villages d’Occitanie et d’Auvergne-Rhône-Alpes, les résultats de dimanche soir illustrent la montée en puissance, parfois très forte, du Rassemblement national.
Au niveau global, la progression est nette puisque le liste de Jordan Bardella est arrivée en tête dans 457 circonscriptions dimanche dernier, contre 325 circonscriptions lors des européennes de 2019. Avec un score qui est passé de 23,34 % des voix en 2019 à 31,37 % cette année (plus 8 points).
Au niveau local, dans bon nombre de circonscriptions, notamment situées dans le quart nord-est du pays, le RN gagne au minimum 10 points de 2019 à 2024. La plus forte hausse est enregistrée dans la 1ère circonscription de la Haute-Loire, celle dont Isabelle Valentin (Les Républicains) est la députée sortante, où le score du RN passe de 23,2 % à 39,6 %. Un phénomène similaire est observé dans la 4ème circonscription de Moselle, où Fabien Di Filippo (Les Républicains) a été élu en 2022. où le RN gagne près de 15 points. Cas de figure plus rare, le RN perd du terrain dans la 7ème circonscription des Bouches-du-Rhône, dont Sébastien Delogu (La France insoumise), est le député sortant.
Plus largement, dans l'Aisne, le Rassemblement national dépasse la barre des 50% dans plusieurs circonscriptions. Et s'approche ou dépasse ce score dans certaines circonscriptions de l'Aube, de la Somme, ou encore des Ardennes. Autant d'éléments instructifs dans les dynamiques et les rapports de force qu'ils illustrent, en attendant le vote des Français qui, seul, décidera de la composition de la prochaine Assemblée nationale.