La CGT a appelé, mardi 18 juin, à voter en faveur pour le Nouveau Front populaire lors des élections législatives de 30 juin et 7 juillet, tandis que la CFDT appelle à battre le Rassemblement national. De leur côté, les organisations patronales, qui auditionneront des responsables des partis politiques, jeudi 20 juin, mettent garde contre certains programmes, en particulier celui du Nouveau Front Populaire.
"Notre République et notre démocratie sont en danger", selon la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Mardi 18 juin, le comité national de la Confédération générale du travail (CGT) a publié une déclaration dans laquelle le deuxième syndicat français appelle explicitement à voter "pour le programme du Nouveau Front populaire" et donc pour ses candidats aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
Il s'agit d'un tournant, car ces dernières décennies, la CGT a parfois appelé à faire barrage entre les deux tours de l'élection présidentielle, par exemple à Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2022, mais sans pour autant appeler explicitement pour Emmanuel Macron. Cette fois la CGT donne donc une consigne de vote et le fait dès le premier tour d'une élection.
"Dans quelques jours, Jordan Bardella et l'extrême droite peuvent arriver au pouvoir, ce serait la première fois dans l'histoire de notre République, hormis l'épisode du régime de Vichy, et dans ce type de moment, la CGT prend toujours ses responsabilités", a justifié Sophie Binet, mardi sur BFMTV. "Jamais le Rassemblement ne défend et ne défendra les travailleuses et les travailleurs", a-t-elle estimé.
Le week-end dernier, la CGT avait appelé, aux côtés de la CFDT, de l'Unsa, de la FSU et de Solidaires, à manifester les 15 et 16 juin sur le thème du "sursaut démocratique et social" et pour dénoncer une éventuelle arrivée au pouvoir de "l'extrême droite" dont les votes sont "toujours défavorables aux travailleuses et aux travailleurs".
La CFDT a quant à elle indiqué dans un communiqué publié le 14 juin qu'elle "appellera systématiquement à faire battre les candidates et candidats d’extrême droite, là où ils sont en mesure de l’emporter". "Le RN a une vision de l’entreprise où les syndicats n’ont pas de place", a déclaré la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, dans Le Parisien.
Le premier syndicat de France n'appelle pas, en revanche, à voter pour un mouvement politique en particulier : "Je ne vais pas passer de consigne de vote, la CFDT ne se ralliera derrière aucune bannière", a indiqué Marylise Léon, interrogée par LCI le 12 juin. Sur son site internet, le syndicat rappelle que d'une façon générale, il ne donne plus de consignes de vote depuis 1981. Même si, comme la CGT, quelques exceptions sont à noter. Avant le second tour de la présidentielle de 2022, la CFDT avait ainsi appelé à faire battre Marine Le Pen dans les urnes "en votant pour Emmanuel Macron".
Par ailleurs, Force ouvrière reste à l'écart des élections. "On est la seule organisation syndicale à ne jamais appeler à voter pour l'un ou contre l'autre et c'est comme ça depuis 76 ans", a souligné le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, lundi 17 juin sur BFM Business.
Du côté des organisations patronales, c'est la présentation du programme du Nouveau Front Populaire qui concentre la plupart des inquiétudes et des critiques. Dans une déclaration à l'AFP datée du 14 juin, le président de Medef, Patrick Martin, a dénoncé les mesures "irrationnelles" de l'alliance de gauche, qui conduiraient à une "explosion des déficits et de la dette et à une perte de confiance dans l'avenir". Selon lui, les entrepreneurs ne "peuvent soutenir aucun programme, ni celui-ci ni aucun autre, qui affaiblirait notre économie donc notre pays".
Le Mouvement des entreprises de France avait déjà, dans un communiqué publié le mardi 11 juin, dénoncé les "mesures économiques" proposées par "certains" comme, par exemple, le retour de la retraite à 60 ou 62 ans. Une façon de cibler, sans les nommer, les programmes Nouveau Front populaire, mais aussi du Rassemblement national qui, même amendé, continue d'inquiéter certains milieux économiques. Le Medef avait également jugé "indispensable de poursuivre les réformes" engagées depuis sept ans et annoncé qu'il soutiendrait "les projets favorables aux réformes économiques et à l'ambition européenne, dans le respect de la démocratie sociale".
De son côté, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a attaqué frontalement le programme du Nouveau Front populaire mettant en garde, dans un communiqué publié le 14 juin, sur ses "conséquences catastrophiques pour l'économie française". Selon la CPME, celui-ci "conduirait à une explosion de la dette et précipiterait, à brève échéance, notre pays vers un scénario identique à celui qu’a connu la Grèce". Interrogé sur France 2 mardi 18 juin, le président de la CPME, François Asselin, a en outre renvoyé dos à dos le programme du Rassemblement national "avec 100 milliards de dépenses", et celui du Nouveau Front populaire, "avec 200 et quelques milliards de dépenses".
L'Association française des entreprises privées (AFEP), qui représente plus de 110 grands groupes privés exerçant leurs activités en France" (dont Danone, Bouygues, Orange, L'Oréal...), a été moins virulente dans les mots. Dans un communiqué publié le 17 juin, l'association plaide pour la "stabilité" et "la poursuite de la mobilisation en faveur du travail", ainsi que pour la "responsabilité budgétaire". L'AFEP, qui ne cite aucun mouvement politique, met cependant en cause les "tentations d'isolement international" et de "fuite en avant budgétaire" et s'inquiète d'un "risque majeur" de "décrochage durable de l'économie française et européenne" en fonction du résultat des élections législatives.
Afin d'affiner leurs avis, les organisations patronales auditionneront des "chefs de parti et de coalition" jeudi 20 juin. Sont conviés des représentants d'Ensemble (la coalition présidentielle) et d'Horizons (le parti d’Edouard Philippe), ainsi que du Rassemblement national, du Nouveau Front Populaire et des Républicains. "Cette initiative (...) sera une occasion unique d’entendre les chefs de parti et de coalition nous exposer leurs propositions économiques et pour les entreprises", a commenté mardi, sur X (ex-Twitter), le président du Medef, Patrick Martin.