Malgré les annonces de dernière minute, le gouvernement pense limiter le déficit en 2022

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Olivier Dussopt - AFP
par Jason Wiels, le Mercredi 3 novembre 2021 à 17:35, mis à jour le Jeudi 4 novembre 2021 à 13:48

Le gouvernement a dévoilé mercredi un nouveau budget rectificatif pour 2021 et des dépenses supplémentaires pour 2022. Grâce au bon niveau de la croissance et à des annulations de crédits provisionnées pour la crise sanitaire, Olivier Dussopt a estimé que le déficit public devrait tout de même retomber sous la barre des 5% l'année prochaine.

Annoncée et répétée, la fin du "quoi qu'il en coûte" est-elle vraiment actée ? En septembre déjà, le gouvernement a dévoilé une première version de son budget pour 2022 dans lequel tous les ministères ou presque ont vu leurs crédits augmenter. La relance de l'économie, la nécessité d’investir et de ne surtout pas "casser la croissance" étaient alors autant de raisons mises en avant par l'exécutif.

Depuis, la hausse brutale des prix de l'énergie et la volonté présidentielle de dessiner la France d'après ont encore renchéri la facture. Mercredi, le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire et son homologue aux Comptes publics Olivier Dussopt ont dévoilé le deuxième projet de loi de finances rectificative pour 2021 (après un premier collectif budgétaire en juin) ainsi que plusieurs amendements clés pour le budget 2022. 

Parmi les mesures mises sur la table, dont le chiffrage était attendu alors que le Parlement débat déjà depuis un mois de la future loi de finances, le gouvernement ouvre cette année 900 millions d'euros de crédits supplémentaires pour l'embauche des chômeurs de longue durée en contrat de professionnalisation, dépensera 3,8 milliards d'euros pour verser "l'indemnité inflation" de 100 euros à 38 millions de Français et lancera l'année prochaine la première tranche du plan France 2030 pour 3,5 milliards d'euros (34 milliards d'euros programmés sur cinq ans).

Des mesures qui s'ajoutent au "bouclier tarifaire" pour juguler la hausse des prix du gaz et de l'électricité, voté en cours d'examen du projet de loi de finances à la mi-octobre. Mises bout à bout, l'avalanche de nouvelles dépenses pourrait avoir de quoi faire déraper les prévisions budgétaires. Pourtant, selon Olivier Dussopt, il n'en sera rien. Le ministre a promis que "l'objectif d'un déficit public sous la barre des 5% sera tenu".

Par quel tour de passe-passe ? D'une part, par l'annulation de 7,3 milliards d'euros de crédits destinés à lutter contre la crise sanitaire et finalement inutilisés. D'autre part, la croissance française affiche une vigueur inespérée, avec un acquis de croissance pour 2021 de 6,6% au troisième trimestre : "C'est le meilleur chiffre trimestriel depuis 1968", s'est félicité Bruno Le Maire.

Un chèque de 100 euros, mode d'emploi

Les ministres ont enfin dévoilé le calendrier et les modalités de versement du futur chèque inflation de 100 euros, annoncé par le Premier ministre pour éviter que la flambée du carburant ne se transforme en nouvelle flambée sociale. Dans le détail, cette indemnité sera versée à "70% des Français", soit ceux qui gagnent moins de 2600 euros brut par mois. Le revenu sera calculé de "janvier à octobre de manière à éviter les effets d'éviction par le versement de primes", a précisé Olivier Dussopt. Les étudiants, les chômeurs et les retraités modestes seront aussi concernés.

Selon un "calendrier prévisionnel", les étudiants, les salariés et les indépendants recevront l'indemnité au mois de décembre. Les demandeurs d'emploi et bénéficiaires du RSA seront concernés en janvier, les fonctionnaires entre janvier et février et les retraités devront attendre le mois de février.

La crise énergétique coûtera au moins 8,2 milliards d'euros

Bruno Le Maire a ensuite tenu à tordre le cou à l'idée selon laquelle l'État gagnerait de l'argent grâce à la hausse des prix de l'énergie. Le locataire de Bercy a sorti la calculette : selon lui, les gains attendus liés au surplus de taxes en 2021 et 2022 seront de 3,8 milliards d'euros. Un montant loin de compenser les mesures prises par l'exécutif (rallonge pour le chèque énergie, indemnité inflation, blocage partiel des prix et indemnisation des industriels), chiffrées à 12 milliards d'euros de dépenses supplémentaires.

"L'État perd de l'argent dans cette crise énergétique !" Bruno Le Maire, le 3 novembre 2021

Un surplus de croissance consacré au désendettement

Enfin, le ministre de l'Économie a souligné la possibilité d'une embellie fiscale, si la croissance se maintenait à un haut niveau au quatrième trimestre. "Les recettes fiscales pourraient être de l'ordre de 3 à 5 milliards d'euros supplémentaires", a-t-il indiqué. Une manne que l'exécutif s'empresserait de consacrer à la réduction du déficit, donc de la dette. Celle-ci devrait s'établir pour le moment à 113,5% du PIB en 2022, à peine moins que le record établi en 2021 à 115,3%.