Lors d'une réunion à Matignon sur la Nouvelle-Calédonie, la présidente de l'Assemblée nationale, ainsi que plusieurs parlementaires, ont demandé une mission de dialogue et le report de la convocation du Congrès sur le dégel du corps électoral, conjugués au retour de l'ordre.
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a demandé ce vendredi 17 mai, lors d'une réunion à Matignon sur la Nouvelle-Calédonie, une mission de dialogue et le report de la convocation du Congrès conjugués au retour de "l'ordre et de la paix civile", selon plusieurs sources parlementaires.
Le Congrès, réunissant députés et sénateurs, sera convoqué "avant la fin juin" a indiqué Emmanuel Macron pour entériner un dégel du corps électoral spécifique aux élections provinciales dans l'archipel. Une réforme contestée par les indépendantistes, sur fond de violences ayant fait plusieurs morts et amené à la mise en place de l'état d'urgence dans ce territoire d'outre-mer. Ce Congrès serait convoqué faute d'un "accord global" entre les parties prenantes locales - loyalistes et indépendantistes - auquel appel le gouvernement.
Le Premier ministre, Gabriel Attal, a réunit vendredi soir les comités de liaison parlementaire sur la Nouvelle-Calédonie, qui rassemblent Yaël Braun-Pivet (Renaissance), le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains), ainsi que les présidents de chaque groupe parlementaire ou leurs représentants. Les présidents de la commission des lois de chacune des Chambres, Sacha Houlié (Renaissance) et François-Noël Buffet (Les Républicains), étaient également présents, ainsi que deux ministres, Marie Lebec (Relations avec le Parlement) et Prisca Thevenot (Porte-parole).
La présidente de l'Assemblée nationale a demandé "le retour de l'ordre et de la paix civile avec une mission de dialogue", a indiqué une source parlementaire à l'issue de la réunion. Parallèlement, Yaël Braun-Pivet a proposé de "reculer la date" du Congrès, sa convocation ne permettant pas aujourd'hui, selon elle, les conditions du dialogue et de l'apaisement. La présidente de l'Assemblée ne fait cependant pas du report du Congrès un "préalable", précise un autre source parlementaire, qui ajoute que la mission de dialogue demandée par Yaël Braun-Pivet avait vocation à "déboucher sur un accord global". Il s'agit d'un ensemble destiné à esquisser une sortie de crise, explique en substance cette même source.
Le président du Sénat, Gérard Larcher, a lui aussi demandé une mission de dialogue, et évoqué la question du nickel, poumon économique de l'archipel aujourd'hui en crise, qui doit, selon lui, faire partie des discussions. Disant constater une "convergence" de la plupart des participants pour demander une mission de dialogue et le report de la convocation du Congrès, le président du groupe Union centriste au Sénat, Hervé Marseille, y est lui-même "favorable". Tout comme le président de la commission des lois de l'Assemblée, Sacha Houlié.
En revanche, le chef de file des députés Les Républicains, Olivier Marleix, a souhaité, le maintien de la convocation du Congrès fin juin, "pour ne pas donner le sentiment que les émeutiers gagnent", selon des propos rapportés par un participant. Tandis que la présidente des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, favorable à la réforme électorale, a suggéré que les personnes choisies dans une éventuelle mission soient "acceptées localement et pluralistes".
"C'est le dialogue, et le dialogue seulement, qui permettra aux acteurs politiques calédoniens de bâtir un accord global", avait déclaré Gabriel Attal au début de la consultation organisée à Matignon, considérant que "la solution en Nouvelle-Calédonie sera politique".