Pouvoir d'achat : les trois principaux blocs en lice pour les législatives rivalisent d'engagements sur la baisse des prix de l'énergie

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Gazinière, illustration
Gazinière, illustration - 17/06/2024
par Soizic BONVARLET, le Lundi 17 juin 2024 à 23:30, mis à jour le Mardi 18 juin 2024 à 08:09

Le pouvoir d'achat étant la préoccupation majeure et constante des électeurs dans un contexte de crise énergétique, majorité présidentielle, Rassemblement national et Nouveau Front populaire ont fait de la baisse de la facture d'énergie un axe majeur de leurs campagnes respectives. Tour d'horizon des différentes propositions défendues par les trois grandes familles politiques qui aspirent à gouverner.

Alors que le tarif réglementé de l'électricité a bondi de plus de 30% depuis 2021 et qu'une augmentation de 11,7% de la facture du gaz sera applicable au 1er juillet, les trois principaux blocs en lice pour les élections législatives - qui font du pouvoir d'achat un thème central de la campagne - rivalisent notamment de propositions et d'engagements, en matière de baisse des prix de l'énergie, tout en critiquant le coût ou l'inefficacité des mesures promises par leurs concurrents.  

Rassemblement national : baisse de la TVA sur l'énergie

La baisse de la TVA à 5,5 % sur l’électricité, le gaz et les carburants, présente dans le programme porté par Jordan Bardella pour les élections européennes, figure désormais dans la profession de foi de son parti en vue des élections législatives. Martelant que sa "priorité" serait de "redonner du pouvoir d'achat" aux Français, le président du Rassemblement national a indiqué que ces baisses interviendraient dès les premières semaines de son action s'il devenait Premier ministre.

"Se déplacer et se chauffer est devenu aujourd'hui un produit de luxe", a-t-il déploré sur le plateau de BfmTV-Rmc le 14 juin. Concernant la baisse de la TVA sur les tarifs de l'énergie, Jordan Bardella a indiqué qu'il "ferai[t] voter cette mesure par le Parlement dans le cadre d'un projet de loi de finances rectificatif".

L'eurodéputé a, par ailleurs, fait part de son intention de "négocier une dérogation sur le marché européen de l'électricité, pour sortir des règles de fixation des prix, et permettre immédiatement de retrouver un prix français de l'électricité". Evoquant son ambition "d'autonomie stratégique", en particulier sur le plan énergétique, il met en avant "l'atout industriel et stratégique majeur" que constitue le parc nucléaire français, disant sa volonté que le pays "puisse bénéficier de son avantage comparatif".

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La coalition présidentielle s'engage à faire baisser la facture d'électricité en 2025

Défendant le bilan du gouvernement en matière énergétique, le ministre de l'Economie et des Finances a assuré, mardi 11 juin, que sa politique ne tarderait pas à porter ses fruits. "La facture d'électricité de chaque Français baissera de 10 à 15% en février 2025", a ainsi assuré Bruno Le Maire sur le plateau de BfmTV, évoquant un "engagement" de sa part. Il a notamment indiqué que cette baisse serait permise par la relance du nucléaire et l'investissement dans les énergies renouvelables. Afin de renforcer l'indépendance énergétique de la France et réduire la part des énergies fossiles, le gouvernement souhaite - comme l'a affirmé le locataire de Bercy lors d'une audition au Sénat le 16 janvier dernier - "doubler la part de l'électricité dans le mix énergétique en la faisant passer de 27 à 55% d'ici à 2050".

Notre majorité s'engage pour le nucléaire, l’indépendance énergétique, le développement du renouvelable. À terme, les factures seront beaucoup moins chères pour les FrançaisBruno Le Maire

Bruno Le Maire a, par ailleurs, vivement mis en cause la crédibilité et l'efficacité des propositions du RN : "Ils ne croient pas dans les énergies renouvelables ; ils vont donc laisser les Français dans les mains des producteurs de gaz ou de pétrole", a-t-il dénoncé, prédisant, en cas de victoire du Rassemblement national, "une flambée des prix dans les années qui viennent".

Et le ministre d'étriller la baisse de la TVA sur les produits énergétiques, promise par Jordan Bardella, chiffrant cette mesure à près de 17 milliards au total, contre 12 milliards avancés par le RN. Dans une vidéo publiée sur X, Bruno Le Maire évoque, en comptant la baisse de la TVA sur les produits alimentaires, "24 milliards d'euros pour rien, pour que cela aille dans la poche du distributeur ou de l'industriel".

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Nouveau Front populaire : blocage des prix et diversification énergétique

La coalition de gauche s'engage dans son programme à "bloquer les prix des biens de première nécessité dans l'alimentation, l'énergie et les carburants par décret". Elle compte également, dans le cadre d'une "grande loi pour le pouvoir d’achat", réduire les factures d'énergie en abolissant ce qu'elle appelle "la taxe Macron de 10% sur les factures d’énergie", et "annuler la hausse programmée du prix du gaz au 1er juillet". En soutien aux ménages les plus modestes, les formations de gauche proposent, en outre, "la gratuité des premiers KwH", et l'interdiction des "coupures d’électricité, de chaleur et de gaz".

Sur le plateau de BFMTV ce lundi 17 juin, le président sortant de la commission des finances, Eric Coquerel (La France insoumise), a indiqué que sa famille politique était favorable à la baisse de la TVA sur l'énergie à condition de bloquer les prix, au risque dans le cas contraire que cette réduction profite surtout aux distributeurs et aux industriels, ce qui reviendrait à faire "payer l'inflation" aux salariés. Il a, par ailleurs, fustigé la décision du gouvernement de réinstaurer, avec la fin du bouclier énergétique, la taxe intérieure de consommation finale sur l'électricité (TIFCE).

Il faut annuler l'augmentation de 10%. Et la manière d'envisager des baisses de TVA ce N'est supportable que si on bLoque les Prix, car sans bloquer les prix ce sont les marges des distributeurs qui En Profitent. Eric Coquerel (LFI)

Pour diversifier les énergies et tendre à une forme de souveraineté en cohérence avec ses objectifs de "planification écologique", le Nouveau Front populaire s'engage à œuvrer pour "renforcer la structuration de filières françaises et européennes de production d'énergies renouvelables, de la fabrication à la production". L'alliance souhaite également "faire de la France le leader européen des énergies marines avec l’éolien en mer et le développement des énergies hydroliennes".

Le programme de la gauche fait, en revanche, l'impasse sur le nucléaire, sujet sur lequel les formations du Nouveau Front populaire ne sont pas d'accord entre elles. Dans leur programme, cette question n'est abordée qu'à travers la volonté de "revenir sur la fusion entre l’Agence de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de recherche sur la sûreté nucléaire (IRSN)".

Au-delà de la question de l'énergie, Bruno Le Maire a fustigé l'ensemble du programme économique porté par le Parti socialiste, La France insoumise, Les Ecologistes et le Parti communiste, qu'il a qualifié de "délire total". Vendredi 14 juin, sur FranceInfo, le ministre de l'Economie et des Finances a affirmé que ce programme était "l'assurance du déclassement" et "l'assurance de la sortie de l'Union européenne, puisque le programme dit que cette alliance de gauche refusera la contrainte austéritaire du pacte de stabilité".