Le premier groupe d'opposition organise une élection interne pour désigner son futur président. Damien Abad, Daniel Fasquelle, Philippe Gosselin, Véronique Louwagie, Olivier Marleix et Michèle Tabarot sont en lice pour ce scrutin qui aura lieu le 6 novembre.
C'est l'un d'entre-eux qui le dit : en l'absence d'une personnalité "incontestée et charismatique", ils seront six à briguer la présidence du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale.
Damien Abad, Daniel Fasquelle, Philippe Gosselin, Véronique Louwagie, Olivier Marleix et Michèle Tabarot tenteront le 6 novembre prochain de devenir le président ou la présidente du premier groupe d'opposition (104 membres).
Le vainqueur aura pour mission de succéder à Christian Jacob, en poste depuis 2010 et récemment élu président du parti.
Si quelques députés, interrogés mardi, estiment que les favoris de l'élection sont Damien Abad et Olivier Marleix, les modalités du scrutin en rendent l'issue incertaine. Les deux tours se dérouleront tous les deux le 6 novembre et il n'y a pas de seuil minimum à atteindre pour se maintenir au second tour. Et selon les statuts du groupe, une majorité relative suffira alors pour l'emporter.
Tout devrait donc se jouer durant le très court entre-deux-tours lors duquel chacun devra dire s'il se maintient ou s'il soutient un autre candidat. Plusieurs députés interrogés redoutent un éparpillement des voix entre trois ou quatre noms : le risque étant de saper la légitimité du vainqueur et d'afficher une certaine désunion.
>> LCP vous présente le profil des six candidats
Il avait déjà tenté, en 2017, de prendre la tête du groupe parlementaire. Damien Abad, 39 ans, est l'un des favoris du scrutin.
Auparavant vice-président du parti, le député de l'Ain n'a pas été reconduit dans ses fonctions lors du renouvellement de l'équipe dirigeante, annoncée dans la foulée de l'élection de Christian Jacob à la tête de LR.
"J'ai fait le choix de me consacrer exclusivement à cette mission [de président de groupe, ndlr] en ne cumulant avec aucune autre fonction dirigeante au sein du parti", a-t-il expliqué au JDD. Une façon de se démarquer de Daniel Fasquelle, trésorier des Républicains, et de Michèle Tabarot, conseillère politique au sein du parti.
Damien Abad a été élu député pour la première fois en 2012, à l'âge de 32 ans. Auparavant, de 2009 à 2012, il a été député européen. Il a aussi été porte-parole de Bruno Le Maire lors de la primaire de la droite en vue de l'élection présidentielle de 2017.
Par ailleurs, Damien Abad a été le premier député handicapé élu à l'Assemblée nationale, nécessitant lors de son arrivée des travaux au Palais Bourbon afin de rendre accessible l'hémicycle. En avril, le député de l'Ain a poussé un "cri de colère" sur Twitter, dénonçant le manque d’accessibilité de la station de métro Assemblée nationale et dénonçant la "ségrégation" dont seraient victimes les personnes handicapées.
Trésorier du parti depuis quatre ans, Daniel Fasquelle a été élu député pour la première fois en juin 2007.
L'élu de Pas-de-Calais a été maire du Touquet de 2008 à 2017 et il est actuellement le vice-président de la commission des affaires économiques. En 2017, il avait tenté de se présenter à la présidence du parti mais sa candidature avait été invalidée, faute d'avoir obtenu le nombre de parrainages nécessaires.
Daniel Fasquelle a soutenu Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite en vue de 2017.
Dans un document envoyé à ses collègues, Daniel Fasquelle a, selon Le Figaro, rappelé qu'il avait "battu la belle-fille d'Emmanuel Macron lors des élections législatives" et "posé la question d'actualité qui a été le point de départ de l'affaire Cahuzac".
Philippe Gosselin s'est fait connaître en 2013 lors des rassemblements de La Manif pour tous.
Parlementaire assidu, catholique assumé, l'élu de la Manche a récemment été l'un des députés LR les plus actifs lors des débats sur le projet de loi relatif à la bioéthique. Il a aussi représenté son groupe lors de la fronde de l'opposition contre la réforme du règlement de l'Assemblée nationale.
Élu depuis juin 2007, Philippe Gosselin assure vouloir "fédérer les 104 PME" (c'est-à-dire les 104 députés) du groupe. Il est actuellement vice-président de la commission des lois. En tant que député, il est aussi juge de la Cour de justice de la République et membre de la CNIL.
Philippe Gosselin s'est opposé, en juin 2018, à la position d'Eric Ciotti lors de la polémique liée à l'accueil, ou non, de l'Aquarius, estimant que la France "aurait pu accueillir pour des raisons humanitaires ces enfants, ces vieillards, ces jeunes".
En 2016, le député de la Manche a apporté son soutien à Hervé Mariton, qui tentait alors de se qualifier pour la primaire de la droite.
Élue depuis 2012, elle est membre de la commission des finances et spécialiste des questions de fiscalité.
En décembre 2018, Véronique Louwagie a rédigé avec Eric Ciotti une lettre, cosignée par 53 députés LR, demandant à Emmanuel Macron de "renoncer au Pacte de Marrakech" sur les migrations.
Lors de la primaire de la droite en vue de 2017, la députée de l'Orne a soutenu la candidature de François Fillon. "Bosseuse et sympa, elle peut tirer son épingle du jeu", pronostique une députée LR.
Il serait, aux côtés de Damien Abad, l'un des favoris du scrutin. Député depuis 2012, Olivier Marleix s'est fait connaître à la fin de l'année 2017 en présidant la commission d'enquête sur la vente d'Alstom à General Electric. Il est le fils de l'ancien député et secrétaire d'Etat Alain Marleix.
L'élu a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite en vue de 2017.
"Il est le candidat du parti", croit savoir un député Les Républicains, qui estime qu'il "reste à savoir si l'on veut un président de groupe très inféodé au parti". S'il était avéré, ce statut pourrait porter préjudice à Olivier Marleix, juge un autre parlementaire.
Michèle Tabarot est députée depuis 2002. L'élue des Alpes-Maritimes a été maire du Cannet de 1995 à 2017 et secrétaire générale de l'UMP de 2012 à 2014 lors de la présidence de Jean-François Copé.
Moins en vue lors de cette quinzième législature, Michèle Tabarot a présidé la commission des affaires culturelles et de l'éducation de 2009 à 2012. "Avec sa candidature, on s'est rappelé qu'elle est encore députée", ironise un député LR.
Toutefois, remarque une élue, Michèle Tabarot a été deuxième lors du vote interne au groupe pour la désignation du candidat LR à la questure. Ce qui attesterait, selon l'une de ses collègues, de la persistance de ses "réseaux".