Présidentielle : quelle énergie des candidats pour le climat ?

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Centrale de Cruas
par Soizic BONVARLET, le Jeudi 24 mars 2022 à 14:03, mis à jour le Mardi 29 mars 2022 à 10:38

Au vu des alertes climatiques, il est devenu ardu pour les candidats à l'élection présidentielle de faire l'impasse sur l'enjeu environnemental. Mais des clivages apparaissent clairement, notamment sur le nucléaire. Passage en revue des principales mesures des prétendants à l’Élysée en matière d'écologie et d'énergie. 

Énergie : le nucléaire objet d’un relatif consensus

Bien que controversé pour les risques potentiels qu’il représente et le défi du stockage des déchets à long terme, le nucléaire constitue pour la majorité des candidats l’alternative privilégiée face aux énergies fossiles, problématiques tant pour leur bilan carbone que pour les hausses de tarifs dont elles sont l’objet.

Alors qu'il n'était pas encore officiellement candidat à un nouveau mandat, Emmanuel Macron a dit vouloir la "renaissance du nucléaire français" avec la construction de six réacteurs EPR, ainsi qu'une option sur huit autres, tout en développant, en parallèle, les énergies renouvelables, afin de privilégier la production d’électricité décarbonée. Très favorables au nucléaire, Marine Le Pen, Eric Zemmour et Valérie Pécresse se sont aussi prononcés pour la construction de réacteurs EPR (six pour la candidate du Rassemblement national et celle des Républicains et 14 pour le candidat de Reconquête). 

Le candidat communiste Fabien Roussel estime également que le nucléaire est incontournable et souhaite, tout comme le Président-candidat, un mix énergétique composé d’énergies nucléaire et renouvelables. Il propose également, comme Valérie Pécresse, de relancer le "projet Astrid", visant à la construction d’un réacteur nucléaire de quatrième génération.

Anne Hidalgo souhaite, quant à elle, faire du nucléaire une énergie de transition, avec la perspective d’une sortie à moyen terme, et se prononce donc contre la construction de nouveaux EPR. Une position proche de celle du candidat écologiste Yannick Jadot qui considère que sortir "progressivement" du nucléaire, est "économiquement et socialement responsable". Il s’oppose à la construction de nouveaux EPR et souhaite l’arrêt de dix réacteurs d’ici à 2035.

Plus radical, Jean-Luc Mélenchon propose d'ores et déjà de planifier le démantèlement des centrales et la reconversion des sites, au nom du danger potentiel que représente l’énergie nucléaire. Il souhaite d’ici-là que puisse être étudiée la possibilité de stocker les déchets "à l’air libre"Le candidat de La France insoumise soutient, comme alternative au nucléaire, le développement des éoliennes offshore, tandis que Marine Le Pen et Eric Zemmour se sont prononcés contre tout nouveau projet d’éoliennes. De son côté, Valérie Pécresse souhaite que la réalisation de ces projets soit conditionnée à l’accord préalable des habitants du territoire concerné.

Agriculture : un horizon "zéro pesticide" qui semble reculer…

Jean-Luc Mélenchon souhaite, là encore, planifier la réduction progressive de l’utilisation des pesticides et de certains engrais au nom du principe de précaution, et interdire les produits avérés dangereux, comme les néonicotinoïdes et le glyphosate. Une position partagée par Yannick Jadot, et en partie par Anne Hidalgo qui veut interdire les néonicotinoïdes au cours des cent premiers jours de son éventuel mandat. L’actuelle maire de Paris s’est dite partisane de l’agroécologie, qui passe également par la mise en place d'une politique de pêche 100% durable. Fabien Roussel souhaite, quant à lui, la création d’une agence européenne d’homologation des alternatives naturelles aux pesticides.

Valérie Pécresse ne souhaite en revanche pas interdire l’usage de pesticides en l’absence d’alternatives équivalentes en termes de gains de production pour les agriculteurs. Une position similaire à celle de Marine Le Pen. Eric Zemmour reconnaît qu’il faudrait pouvoir limiter la dépendance aux produits phytosanitaires et propose pour ce faire de robotiser davantage l’agriculture. Une mesure qu’il vante également en ce qu’elle permettrait de moins recourir à la main-d’œuvre étrangère pour les travaux agricoles.

Quant à Emmanuel Macron, il a reconnu en janvier dernier "ne pas avoir réussi sur le glyphosate". N’ayant pas tenu son engagement d’interdire ce pesticide particulièrement controversé d’ici à la fin de l’année 2020, il appelle désormais de ses vœux une réponse européenne.

Transports : le grand écart des candidats

Si comme Anne Hidalgo, Emmanuel Macron s'engage à favoriser le recours aux voitures électriques, il souhaite une offre abordable relative à ces véhicules via une filière 100% française. Les deux candidats envisagent un système similaire pour rendre possible cet usage de voitures électriques, y compris pour les ménages modestes, en mettant en place les conditions d'un leasing social. Ce terme, présent dans le programme présidentiel d'Emmanuel Macron, désigne un mécanisme de location de longue durée réservé à ces ménages modestes et dépendants de leur voiture, l'objectif étant de mettre à disposition, dès 2023, 100 000 véhicules électriques pour moins de 100 euros par mois.

Les programmes de Marine Le Pen et d'Eric Zemmour ne comportent à ce jour pas de mesures de soutien à l’électrification, ni de limitation du recours aux voitures individuelles, quand Jean-Luc Mélenchon souhaite faciliter leur usage partagé. Yannick Jadot souhaite, quant à lui, interdire la vente de véhicules neufs avec carburant fossile à partir de 2030, et Fabien Roussel propose une prime à la conversion de 10 000 euros pour l'acquisition d'une voiture dite propre. Enfin, Valérie Pécresse souhaite mettre fin aux transports en commun fonctionnant au diesel, et généraliser les bornes de recharge pour les véhicules électriques.

Bien-être animal : la chasse au coeur de la campagne

Si Hélène Thouy du Parti animaliste, n'a finalement pas récolté le nombre de parrainages requis pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle, la cause animale n'apparaît pas orpheline au vu des différents programmes. Yannick Jadot souhaite ainsi la création d'un ministère dédié au bien-être animal, tandis qu'Anne Hidalgo veut lancer des assises nationales sur ce sujet. De son côté, Jean-Luc Mélenchon prône un modèle alternatif à celui de l'élevage intensif, et souhaite interdire les pratiques cruelles dans l'élevage et l'abattage, ainsi que les fermes-usines. Marine Le Pen propose, quant à elle, d'accorder une reconnaissance constitutionnelle au statut juridique des animaux.

Eric Zemmour se revendique pour sa part indifférent à la cause animale, "les vrais écologistes sont des chasseurs", a-t-il par ailleurs affirmé lors d'un déplacement en Sologne en janvier dernier. Présent le 22 mars devant le Congrès national de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), il a, tout comme Valérie Pécresse et Fabien Roussel, assuré qu'il ne comptait pas interdire la chasse, alors que Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, qui souhaitent la proscrire le week-end, n'avaient pas été conviés. Emmanuel Macron a, lui, affiché dès 2017 sa proximité avec les chasseurs. Au cours du quinquennat, le gouvernement a réautorisé certaines techniques de capture d'oiseaux, qui ont cependant été suspendues par le Conseil d’État, et divisé par deux le prix du permis de chasse.