Auditionnée à l'Assemblée nationale, ce mercredi 18 septembre, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a une nouvelle fois alerté au sujet la surpopulation carcérale en France, en hausse par rapport à l'année dernière.
"Regarder les choses en face et avec pragmatisme". Auditionnée par la commission des lois de l'Assemblée nationale, ce mercredi 18 septembre, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot est venue présenter les conclusions du rapport d'activité annuel de l'institution qu'elle préside depuis 2020.
"La France atteint chaque mois de nouveaux records d’incarcérations", indique d'emblée le rapport. Avec un nombre de détenus toujours plus important (77 150 détenus pour 61 570 places disponibles), les prisons françaises affichent un taux d'occupation moyen de 150%, avec des pics à 250% dans certaines maisons d'arrêt, comme à Perpignan.
Une situation qui a pour conséquence logique des conditions de détention fortement dégradées. L'autorité indépendante pointe notamment une prise en charge amoindrie de la santé psychiatrique et une "invasion de punaises de lit" dans les établissements pénitentiaires. La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté alerte également sur les conséquences de la surpopulation carcérale pour les surveillants mettant en garde contre un "mal-être" et une "détresse", allant jusqu'à des "risques de décompensation psychique".
Après 110 visites de contrôle d'établissements pénitentiaires sur l'année écoulée, un constat s'impose, selon Dominique Simonnot : "Surveillants et détenus vivent pareillement l’abandon, l’inertie de l’Etat".
Alors que 5 000 nouvelles places de prison ont été créées depuis 2017, la Contrôleure générale indique qu'elle ne "croi[t] pas" aux 15 000 visées par le gouvernement d'ici 2027, défendues comme un moyen de réduire la surpopulation carcérale. A l'inverse, elle a plaidé devant la commission des lois pour la mise en place d'un mécanisme de régulation carcérale à l'échelle nationale. Détaillé dans le rapport d'activité, ce mécanisme reposerait sur "une commission locale, présidée par l’autorité judiciaire", afin de ne pas dépasser un seuil de densité carcérale.
Les échanges avec les députés ont mis en exergue des points de vue diamétralement opposés sur le travail de l'autorité indépendante et sur la politique carcérale à mener. Edwige Diaz (Rassemblement national) a estimé que la CGLPL était une "officine affreusement inutile" empêchant une "vraie politique carcérale". Ugo Bernalicis (La France insoumise) a rétorqué que le RN était le "meilleur moteur de la récidive", considérant notamment que les peines planchers ne feraient que "conduire à la surpopulation que nous constatons aujourd'hui."
Interrogé sur la drogue en prison, Dominique Simonnot a répondu sans ambages : "Si les maisons d’arrêt tiennent, c’est beaucoup grâce à la drogue". Une situation jugée inacceptable par Fabien di Filippo (Droite républicaine), selon lequel "le zéro drogue dans les prisons doit être le préalable à tout processus de réinsertion".