Retraites : "plus de dépenses" à partir de 2050 en raison de "pensions plus élevées", selon le président du COR

Auditionné mardi 11 juillet à l'initiative de Jérôme Guedj (Socialistes) et Cyrille Isaac-Sibille (Démocrate), par la mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale, Pierre-Louis Bras a souhaité introduire ses propos par une mise au point. Les analyses du Conseil d'orientation des retraites (COR) ayant été souvent citées, commentées, interprétées, voire prises à partie durant les débats sur la réforme des retraites, son président est revenu, schéma à l'appui, sur la composition plurielle et pluraliste de cette instance. Par nature constituée de membres pouvant s'avérer favorables ou défavorables à telle ou telle politique publique, il a ainsi souligné qu'elle n'avait pas vocation à livrer des "avis", notamment sur la réforme des retraites, mais bien des "données".

Pour 2023, des "dépenses stables" et un déficit persistant

À court terme, le président du COR est revenu sur les prévisions de "dépenses stables" du système de retraite dans le PIB, faites devant les députés en janvier dernier et qui avaient été largement commentées, en arguant qu'elles n'induisaient pas d'avis sur le fait de mener, ou pas, une réforme, tout comme la mise en évidence d'un "déficit" du système ne l'amenait pas à préconiser telle ou telle mesure pour y remédier. 

Les effets d’une réforme des retraites ayant été préalablement intégrés dans les prévisions macro-économiques de 2022 livrées par le gouvernement - sur lesquelles le COR se fonde pour réaliser ses analyses -, Pierre-Louis Bras a réitéré le scénario de "dépenses stables" pour 2023, qui "ne dérapent pas", et d'"un déficit qui est durable".

Des dépenses qui baissent en 2030 avant de repartir à la hausse en 2050

Sur les conséquences de la réforme à moyen terme, le président du COR a indiqué que si en 2030, elle aurait pour effet de faire baisser la part des dépenses du système, elle induirait à partir de 2050 et au moins jusqu'à 2070 "plus de dépenses". Un "apparent paradoxe" qu'il a expliqué par le fait que ceux qui travailleront plus longtemps en raison du recul de l'âge légal auront au bout du compte des "pensions plus élevées" que si ces futurs retraités avaient travaillé moins longtemps. De même, les mesures destinées a améliorer les pensions les plus basses, avec la revalorisation du minimum contributif (MiCo), impliquent que "la réforme contribue à augmenter les dépenses et non pas à les diminuer".

En 2030 la réforme fait baisser la part des dépenses de retraites dans notre pays (...) En 2050 la réforme des retraites fait plus de dépenses. Pierre-Louis Bras

Pierre-Louis Bras a cependant relativisé les effets de cette hausse des dépenses, "annulée par le fait qu'on ait de meilleures prévisions du PIB", et ce dès 2023. Pour ce qui est du solde du système, il a indiqué que celui-ci serait "réduit jusqu’aux années 2040, puis aligné sur ce qu’il était en 2022". Une évolution qui résulterait d'un amoindrissement des ressources, malgré des cotisations sociales issues du travail qui devraient continuer d'augmenter. Pour expliquer cette évolution, Pierre-Louis Bras a pointé la baisse de la contribution d’équilibre du régime de la fonction publique d’Etat, ainsi que celle des contributions de la branche famille et de l'assurance chômage, en raison de la réduction du nombre d'enfants par femme et du nombre de chômeurs.

"On a besoin de ces éclairages fournis par le COR, nonobstant les poussées d’urticaire qu’il peut déclencher ici ou là", a conclu Jérôme Guedj (Socialistes) en fin d'audition, appelant à ce qu'elle puisse se renouveler dans les meilleurs délais.