Sainte-Soline, Lopmi... Ce qu'il faut retenir de l'audition de Gérald Darmanin à l'Assemblée

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Gérald Darmanin auditionné à l'Assemblée nationale, mercredi 02/11/2022
par Raphaël Marchal, le Mercredi 2 novembre 2022 à 16:17, mis à jour le Mercredi 2 novembre 2022 à 19:07

Le ministre de l'Intérieur était auditionné ce mercredi pour présenter les grandes lignes du projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur, qui est examiné cette semaine en commission. Gérald Darmanin a été interpellé à plusieurs reprises sur les heurts entre forces de l'ordre et manifestants à Sainte-Soline.

Largement approuvée au Sénat, la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) fait son arrivée à l'Assemblée, où elle est examinée en commission des lois à compter de ce mercredi. À ce titre, le ministre de l'Intérieur était auditionné en amont de la discussion des articles, pour présenter sa vision aux élus. Gérald Darmanin a vanté un texte au périmètre inédit, ambitieux et qui doit permettre de faire face à cinq "crises" qui touchent le pays.

Une crise d'ordre public, d'abord, avec une mutation importante des manifestations, mise en exergue lors du mouvement des "gilets jaunes". Une crise cyber également, alors que les tentatives d'extorsion numériques se multiplient. De fait, sur les 15 milliards d'euros prévus par la Lopmi, plus de la moitié sont consacrés à la lutte contre la cybercriminalité et à la transformation numérique du ministère. Troisième axe : la sécurité civile, alors que la France a été touchée par des incendies ravageurs au cours de l'été. "La moitié des feux ont eu lieu au nord de la Loire", a constaté Gérald Darmanin.

Autre point relevé par le ministre : la lutte contre la délinquance, elle aussi concernée par de larges évolutions. Pour y faire face, formation et doublement de la présence des forces de l'ordre sur la voie publique sont prévues par le texte. Enfin, Gérald Darmanin a évoqué la crise de l'investigation qui touche les services. "Dans la réponse pénale qui me paraît parfois décevante, il y a beaucoup de travail incomplet des services du ministère de l'Intérieur, par manque d'officiers de police judiciaire", a-t-il indiqué. En parallèle, il s'est dit prêt à encadrer dans la loi la réforme de la police nationale, dont la départementalisation prévue inquiète la police judiciaire. "Nous garderons tous les offices, toutes les antennes", a promis le ministre de l'Intérieur, face aux questionnements notamment soulevés par Roger Vicot (Socialistes et apparentés).

Sainte-Soline : Nupes et Darmanin opposés

Une fois n'est pas coutume, l'actualité a quelque peu fait déborder le cadre strict de l'audition. En l'occurrence, les heurts ayant eu lieu ce week-end entre les forces de l'ordre et les manifestants opposés au projet de "mégabassines" dans les Deux-Sèvres. Plusieurs députés de la Nupes ont critiqué les opérations de maintien de l'ordre menées à proximité du site. Thomas Portes (LFI) a pointé une "répression" policière "inacceptable", ponctuée par des tirs de LBD ayant touché un jeune homme "en plein visage".

Sandra Regol (Écologiste), pour sa part, a fustigé le choix des mots employés par Gérald Darmanin à l'égard des manifestants, désignés comme des "écoterroristes". "Cette assimilation est dangereuse", a-t-elle averti. Une opinion opposée à celle d'Éric Ciotti (LR), qui a approuvé le vocabulaire de l'exécutif... Tout en regrettant que la Lopmi ne prévoie pas le rétablissement des peines plancher, demandé de longue date par la droite, et qui auraient été utiles "face aux hordes sauvages qui ont attaqué les gendarmes".

Enfin, Ugo Bernalicis, Sandra Regol comme Thomas Portes ont évoqué le sort de Lisa Belluco, qui a affirmé avoir été "bousculée" par les gendarmes ce samedi à Sainte-Soline au cours de la manifestation. Ce dernier point a fait l'objet d'un recadrage du ministère de l'Intérieur, qui a dénoncé les "provocations" de certains élus présents sur place, qui avaient choisi de participer à cette "manifestation interdite". Tancé par un Ugo Bernalicis remonté, il a précisé qu'"un député, ce n'est pas une immunité vivante, il doit respecter toutes les règles de la République [...]. Et les députés de la Nupes ne sont pas au-dessus des lois qui s'appliquent aux députés."