Le député Rémy Rebeyrotte (Renaissance) affirme avoir réalisé un salut nazi pour dénoncer l'attitude d'un élu du Rassemblement national, qui aurait lui-même effectué ce geste. Le RN nie cette accusation et s'appuie sur une vidéo de la séance du 12 juillet pour mettre en cause le député de Saône-et-Loire.
Le ton monte entre le Rassemblement national et le député Renaissance Rémy Rebeyrotte. Ce dernier a déclaré avoir réalisé un salut nazi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, mardi 12 juillet, afin de dénoncer l'attitude d'un député du Rassemblement national qui aurait, selon lui, effectué ce geste. "Il a fait ce geste, j'ai voulu lui dire depuis le banc que c'était strictement interdit", explique l'élu de la majorité, interrogé par LCP.
De son côté, le RN dénonce un "mensonge". Sébastien Chenu, vice-président de l'Assemblée, critique sur Twitter l'attitude d'un député qui "pendant cinq ans a insulté les députés du RN, mais aussi de tous les groupes d'opposition. (...) Il franchit l'ignoble avec son salut nazi." Selon Sébastien Chenu, "les témoignages de députés, mais aussi d'agents de l'Assemblée nationale sont accablants". Mardi 19 juillet, lors de la conférence des présidents, la cheffe de file du groupe RN, Marine Le Pen, a demandé des sanctions à l'encontre du député Renaissance. Le Rassemblement national indique qu'il pourrait également porter plainte pour diffamation.
Les faits se sont déroulés le 12 juillet, lors de l'examen du projet de loi de veille sanitaire, durant la séance de nuit. Le gouvernement et la majorité présidentielle, qui n'est plus que relative au Palais-Bourbon, viennent d'être mis en minorité par les oppositions. Selon Rémy Rebeyrotte, un "grand gaillard" du Rassemblement national se lève alors et effectue un salut nazi. L'élu Renaissance affirme avoir reproduit ce geste pour le dénoncer et pour dire qu'une telle attitude est "interdite".
Le geste de Rémy Rebeyrotte est remarqué par le député Les Républicains Marc Le Fur : "Monsieur Rebeyrotte, ne recommencez plus ce que vous avez fait tout à l'heure, hein, c'était pas beau ça monsieur Rebeyrotte, c'était pas beau du tout", déclare l'élu. Interrogé par LCP, le député LR n'a pas souhaité répondre à nos questions.
(à partir de 30 secondes dans la vidéo qui suit :)
Anticipant la polémique, Rémy Rebeyrotte justifie son geste dans un message publié sur Facebook, le 13 juillet : "Un grand gaillard élu FN (Rassemblement national, ndlr) que Madame Le Pen a mis tout au fond sous la tribune fait un salut nazi. Je lui signifie de loin que j'ai vu et qu'il ne faut pas faire cela." Rémy Rebeyrotte ajoute que lors d'une pause "trois fachos, dont l'auteur des faits", ont exercé sur lui une "pression physique" à la buvette de l'Assemblée nationale, afin de le persuader "de ne rien dire". Des propos que le député de la majorité a réitéré auprès de LCP.
Sa version est formellement démentie par deux députés du Rassemblement national sur les réseaux sociaux. Yaël Menache, députée RN de la Somme, a publié sur Twitter une photo de la séance accompagnée d'un texte dans lequel elle s'adresse à Rémy Rebeyrotte. "Vous n'assumez pas votre geste", écrit l'élue, dénonçant la "lâcheté" du député Renaissance.
"En plus d'être un menteur, c'est un lâche, petite précision il a effectué à trois reprises son salut nazi", affirme pour sa part Antoine Villedieu, député RN de Haute-Saône. Interrogé par LCP, le député assure qu'il n'y a eu aucun salut nazi dans les rangs du Rassemblement national. Il reconnaît, par ailleurs, avoir confronté Rémy Rebeyrotte à la buvette de l'Assemblée nationale, mais nie toute pression physique ou toute menace formulée à l'encontre du député de la majorité : "Si cela avait été le cas, cela aurait été visible", affirme l'élu. "Des excuses publiques seraient les bienvenues pour les millions d'électeurs qu'il a insulté", ajoute Antoine Villedieu.
Pour mettre en cause Rémy Rebeyrotte, les députés du RN s'appuient sur un extrait vidéo des débats, filmé par les caméras de l'Assemblée nationale. On y distingue Rémy Rebeyrotte en train d'effectuer un geste qui ressemble à celui qui lui est reproché (à 17 secondes dans la vidéo qui suit).
Rémy Rebeyrotte s'en tient à sa version des faits. Il se dit peu étonné par ce qui ressemble, selon lui, à des "méthodes classiques de l'extrême droite", et met en cause des "spécialistes du révisionnisme". "Quand Marine Le Pen a le dos tourné, les fachos dansent", déclare Rémy Rebeyrotte. L'élu a été entendu par la présidente de l'Assemblée nationale, mais ne sait pas à ce stade si une sanction sera prise à son encontre. Yaël Braun-Pivet "ne tolérera aucun comportement de la sorte dans l'hémicycle" et va rencontrer d'autres députés pour éclaircir ce qui s'est produit, a indiqué son entourage, précisant que le cas échéant, les députés fautifs seront sanctionnés. "J'ai appris par la presse que je serai convoqué par le bureau de mon groupe politique", ajoute Rémy Rebeyrotte, assurant qu'il honorera bien sûr cette convocation.