Alors que l'épidémie de coronavirus pourrait repartir à la hausse dès la fin du mois de juillet, les groupes politiques avaient jusqu'à aujourd'hui, mardi 6 juillet, pour donner leur avis au gouvernement, notamment sur la question de la vaccination obligatoire des soignants. Tour d'horizon des positions au Palais Bourbon.
"Chaque vaccination est une protection contre la quatrième vague, chaque vaccination est un pas vers un retour durable à la vie d’avant", disait le porte-parole du gouvernement,Gabriel Attal, mercredi 30 juin. Depuis plusieurs jours, face à la forte propagation du variant Delta et à la crainte d'une reprise de l'épidémie de coronavirus, le gouvernement encourage les Français qui ne le sont pas encore à se faire vacciner au plus vite. La vaccination n'est pas obligatoire, chacun est libre d'aller se faire vacciner ou non. Mais elle pourrait bientôt l'être pour les personnels soignants. Le Premier ministre, Jean Castex, et le ministre de la Santé, Olivier Véran, multiplient les consultations sur le sujet. Avant les associations d'élus jeudi, ils ont consulté les présidents des groupes parlementaires. LCP fait le point sur la position des principales forces politiques au Palais Bourbon, où un large consensus se dégage en faveur d'une vaccination obligatoire des soignants.
Sans surprise, au sein de la majorité, le MoDem et La République en marche se disent favorables à une telle mesure. "Concernant l'obligation vaccinale, de l'avis très majoritaire des députés du groupe, elle pourrait être décidée pour les professionnels en lien avec des personnes fragiles", écrit le président du groupe LaREM, Christophe Castaner dans sa contribution écrite adressée au Premier ministre. Le député des Alpes-de-Haute-Provence estime, par ailleurs, qu'"à terme, si la situation sanitaire l'exigeait, [il convient] de ne pas exclure l'élargissement de cette obligation à toute personne en contact avec du public, notamment au sein des services publics." "Il nous semble nécessaire de rendre d'ores et déjà obligatoire la vaccination pour les soignants et au-delà, pour les professions les plus exposées", indique quant à lui le chef de file du groupe MoDem, Patrick Mignola. Dans son courrier au Premier ministre, le groupe Agir Ensemble, dernière composante de la majorité présidentielle, se dit également favorable à la vaccination obligatoire des soignants.
A droite, les députés Les Républicains sont favorables à la vaccination obligatoire des soignants. Déjà vendredi, les sénateurs LR approuvaient la mise en place d'un tel dispositif. Ce mardi en conférence de presse, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Damien Abad, a justifié cette position, déplorant une "défaillance de l'Etat" et un "retard" de la France sur la vaccination. "Notre groupe a toujours été pro-vaccin et le sera toujours. Et donc nous serrons offensifs sur la vaccination : nous sommes favorables à la vaccination obligatoire pour le personnel soignant, mais pas seulement. (...) Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités en assumant la vaccination obligatoire pour tous les publics qui sont en contact avec le monde médical de près ou de loin", a-t-il déclaré devant la presse. "Ce n'est pas simplement les soignants, ce sont les aides à domicile, les personnels de services qui interviennent dans les Ehpad, dans les hôpitaux : c'est tout le secteur médico-social."
Un peu plus au centre, Jean-Christophe Lagarde, le président du groupe UDI, explique que lui et ses collègues "n'ont pas d’objection sur la vaccination obligatoire des soignants." Le député de Seine-Saint-Denis suggère aussi "d'envisager de rendre la vaccination obligatoire pour l’ensemble des personnels travaillant dans les écoles, collèges et lycées afin de tenter de protéger l’enseignement de nos enfants avant la rentrée prochaine."
Côté socialistes, "nous y sommes favorables, mais pas dans n'importe quelle condition", explique le député Boris Vallaud. Dans son courrier, la présidente du groupe, Valérie Rabault, demande donc des précisions à Jean Castex : "La vaccination représente notre meilleure arme pour lutter contre le virus et retrouver définitivement notre vie d’avant (...) Je souhaite que le processus rendant obligatoire cette vaccination puisse être concerté avec les représentants des personnels soignants, et que vous nous indiquiez clairement si vous envisagez de prendre des sanctions à l’encontre des personnels qui refuseraient cette vaccination."
Enfin, le groupe Libertés et Territoires, s'est également dit favorable à la vaccination obligatoire.
En revanche, le groupe La France insoumise exprime quelques réserves. "Pourquoi [les soignants] et pas les autres catégories au contact d'un public nombreux, comme le sont par exemple les enseignants ou les parlementaires ?" s'interroge Jean-Luc Mélenchon dans sa contribution écrite au Premier ministre. "Si nous devions en passer par une telle mesure, nous considérons que celle-ci doit s'appliquer collectivement sans opposer différentes catégories de citoyens. En effet, cette obligation ne peut concerner que les seuls soignants au risque de les stigmatiser injustement", écrit quant à lui le président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne.
Fort de ce large consensus, un projet de loi qui porterait notamment sur la vaccination obligatoire des soignants est à l'étude. Il devrait être présenté en Conseil des ministres dans les toutes prochaines semaines pour un examen au Parlement à la fin du mois de juillet. Ce texte pourrait aussi aborder l'extension du pass sanitaire et la question de l'isolement obligatoire des cas positifs.