Alexandre Loubet (RN) présente ses pistes pour "réindustrialiser la France"

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Alexandre Loubet, le 13 juin 2025.
Alexandre Loubet, le 13 juin 2025. LCP
par Maxence Kagni, le Vendredi 18 juillet 2025 à 14:57

Le député RN a rendu publiques les conclusions de la commission d'enquête "visant à établir les freins à la réindustrialisation de la France" dont il était le rapporteur. Son travail, qui met en cause le bilan d'Emmanuel Macron, est contesté par le président de la commission, Charles Rodwell (EPR).

Selon Alexandre Loubet, "la France est le pays qui s'est le plus désindustrialisé d'Europe". Le député Rassemblement national a publié ce jeudi 17 juillet 2025 les conclusions de la commission d’enquête "visant à établir les freins à la réindustrialisation de la France". Cette commission a été créée en mars 2025 à la demande du RN, qui a utilisé pour cela son "droit de tirage", c'est-à-dire le droit annuel pour chaque groupe politique représenté à l'Assemblée nationale de créer sa propre commission d'enquête.

Le rapport, de plus de 500 pages, a été adopté par la commission le 10 juillet dernier. Dans ce texte, Alexandre Loubet présente 130 propositions, parmi lesquelles l'arrêt des subventions publiques aux énergies intermittentes ou la création d'un fonds souverain français. Le travail de l'élu RN est aussi le vecteur d'une critique acerbe de la politique menée par les gouvernements successifs depuis 2017.

Une critique de la politique d'Emmanuel Macron

Alexandre Loubet avait en effet profité de la conférence de presse de présentation de son rapport, organisée le 10 juillet dernier à l'Assemblée nationale, pour fustiger la politique industrielle d'Emmanuel Macron. Selon le député RN, "l'objectif affiché en 2023 d'atteindre 15% d'industrie dans le PIB d'ici 2035 relève d'une opération de communication" : "Les travaux de la commission d'enquête ont mis en lumière que ce cap ne reposait sur aucune étude viable."

L'élu met en cause "la politique de l'offre d'Emmanuel Macron", qui a selon lui été "neutralisée par l'impôt paperasse". Selon Alexandre Loubet, les allègements fiscaux "auraient pu bénéficier aux entreprises" mais "leur compétitivité s'est retrouvée plombée par l'idéologie d'une écologie punitive et excessive". "Ainsi, la politique de l'offre a été largement compensée par l'explosion des factures énergétiques et par le coût de l'inflation normative", a expliqué l'élu RN.

De nombreux indicateurs incontestables témoignent de la poursuite du phénomène de désindustrialisation sous la présidence d’Emmanuel Macron. Extrait du rapport

Autre critique formulée par Alexandre Loubet : "La politique industrielle de ces dernières années a négligé notre socle industriel de base." Le parlementaire RN regrette que la politique mise en place par Emmanuel Macron se soit "concentrée sur les innovations de rupture et les acteurs émergents, autrement dit les start-up" ce qui a créé un "retard compétitif considérable" pour les autres acteurs industriels.

"Priorité locale"

Alexandre Loubet préconise donc l'instauration d'une "planification industrielle nationale pluri-décennale" et la création d'un fonds souverain français. Dans son plan, l'élu souhaite notamment miser sur un mix énergétique reposant sur "l'alliance du nucléaire et de l'hydraulique". En d'autres termes, le député RN propose d'"arrêter les subventions publiques aux énergies intermittentes", c'est-à-dire l'éolien et le solaire. 

L'élu souhaite également baisser les impôts de production et de transmission. Alexandre Loubet envisage aussi de permettre aux entreprises d'augmenter leurs salariés (jusqu'à 10%, dans la limite de 3 Smic) en contrepartie d'exonérations de cotisations patronales. Fustigeant "l'impôt paperasse", le député propose d'entamer un "chantier de simplification". Il préconise aussi d'instaurer un critère de priorité locale dans le droit des marchés publics.

Le rapporteur souhaite également "concilier décarbonation et impératifs économiques" : il propose ainsi de "flexibiliser drastiquement les contraintes relatives à l'interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques en 2035", notamment en "reportant les délais" de sa mise en œuvre. Alexandre Loubet se dit également favorable à l'exemption des projets industriels de l'objectif zéro artificialisation nette (ZAN). Des dérogations à certaines contraintes environnementales seraient  accordées à des projets industriels qui "s'implantent sur les friches et plateformes industrielles".

Charles Rodwell rejette le rapport sur le fond

La commission d'enquête était présidée par le député Ensemble pour la République, Charles Rodwell. Dans un avant-propos d'une soixante de pages, qui constitue presque un rapport dans le rapport, l'élu affirme rejeter "pleinement sur le fond" le contenu du rapport et juge "dangereuses" et "démagogiques" les propositions d'Alexandre Loubet.

Charles Rodwell précise d'ailleurs que la commission a "permis d'engager un débat idéologique fondamental entre la politique économique et industrielle que nous voulons porter pour la France dans les années à venir et celle du Rassemblement national". Selon le député EPR, "les constats et propositions formulés par Alexandre Loubet illustrent les incohérences du RN en matière de politique économique". Le député des Yvelines estime ainsi qu'une "part significative" des recommandations sont "en contradiction directe avec les programmes électoraux successifs du Rassemblement national".

Les travaux de la commission d'enquête confirment le succès de la politique économique menée depuis 2017 pour réindustrialiser la France. Extrait de l'avant-propos

Charles Rodwell estime qu'"en matière économique, le RN se situe, bien souvent, plus à gauche que la gauche française" à "une différence majeure", son "agenda anti-environnemental". Charles Rodwell regrette en effet que les propositions d'Alexandre Loubet consistent en une "remise en cause sans précédent de tous nos efforts de lutte contre le changement climatique".

Charles Rodwell propose la retraite par capitalisation

L'élu demande pour sa part au gouvernement de "sauver la politique de l'offre conduite depuis 2017" mais aussi de "poursuivre les réformes structurelles fondamentales" et de "mener une politique de déréglementation massive de l'économie".

L'élu propose aussi un "choc fiscal et social massif" avec notamment "la baisse puis la suppression des impôts de production payés par nos entreprises" et "l'élargissement massif du 'Pacte Dutreil'" sur la transmission d'une entreprise familiale. Charles Rodwell souhaite aussi "réserver une part des marchés publics aux PME" et "engager un choc de liberté et de déréglementation".

Le député des Yvelines propose surtout de "financer massivement le réarmement industriel de la France" en "adoptant un régime de retraite par capitalisation". L'élu propose ainsi d'instaurer un "pilier de capitalisation" via un "mécanisme universel et obligatoire" qui complèterait un "pilier de retraite par répartition".