Bétharram : "Si je ne savais pas, d'autres savaient", contre-attaque François Bayrou à l'Assemblée

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par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mardi 18 février 2025 à 20:10, mis à jour le Mercredi 19 février 2025 à 11:14

A nouveau interpellé lors des Questions au gouvernement sur l'affaire des violences à Notre-Dame de Bétharram, François Bayrou a répété mardi 18 février n'être "jamais" intervenu, "ni de près ni de loin", auprès de la justice. Et le Premier ministre a contre-attaqué en visant le gouvernement de Lionel Jospin, au pouvoir à la fin des années 1990.

Une nouvelle séance de Questions au gouvernement et une nouvelle salve d'interrogations, à destination de François Bayrou, sur l'affaire des violences au sein de l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques. Mardi 18 février, c'est la socialiste Colette Capdevielle qui a lancé l'offensive. "Le juge d'instruction Christian Mirande affirme vous avoir rencontré longuement. (...) Ce juge a-t-il menti ?", a interrogé la députée issue du même département que le Premier ministre.

Ce juge d'instruction, Christian Mirande, "c'est mon voisin depuis 50 ans", a répondu le maire de Pau. "Est-ce que nous avons pu parler avec le juge Christian Mirande de cette affaire ? Sans doute oui", a indiqué François Bayrou, tout en précisant qu'un magistrat "n'a pas le droit de communiquer le moindre élément du dossier dont il a la charge à quelque personne extérieure au dossier que ce soit". Et d'ajouter, dénonçant "la récupération politique" faite du sujet : "On a pu parler de l'ambiance, on a pu parler de l'établissement, jamais du dossier."

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Quant au procureur général, "je ne le connais pas" et "il n'a eu aucune communication" avec "qui que ce soit sur ce dossier", a assuré le chef du gouvernement, contrairement à ce qu'avait affirmé un ancien gendarme sur TF1 dimanche, puis dans La République des Pyrénées. L'épisode relaté par ce dernier a cependant été contredit par Christian Mirande qui soutient n'en avoir aucun souvenir. Le procureur général de l’époque est, quant à lui, décédé.

Elisabeth Guigou, Ségolène Royal et Claude Allègre

Dans la foulée, François Bayrou – qui était ministre de l'Education nationale jusqu'en 1997 – a contre-attaqué en pointant l'attitude d'autres anciens ministres. "Si je ne savais pas, d'autres savaient. Parce que j'affirme devant vous, et vous le vérifierez, que le procureur général a tenu informé la Chancellerie sur ces affaires à quatre reprises dans l'année 1998. Il l'a fait téléphoniquement le jour de l'incarcération et il l'a fait ensuite à trois reprises par écrit, en signalant la gravité des faits", a déclaré le Premier ministre dans l'hémicycle. 

Devant les députés, le locataire de Matignon n'a pas hésité à citer nommément la ministre de la Justice de l'époque, à savoir Elisabeth Guigou, membre du gouvernement socialiste de Lionel Jospin. Tout en jugeant également inimaginable que le ministre de l'Education nationale, Claude Allègre (décédé le 4 janvier 2025), et la ministre de l'Enseignement scolaire, Ségolène Royal, n'aient pas été "avertis" d'un "signalement aussi important". 

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Sur X, Ségolène Royal s'est dite "scandalisée par les attaques" de François Bayrou à son encontre, des "attaques indignes d'un Premier ministre paniqué" pour lesquelles elle confirme examiner "un dépôt de plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse". L'ancienne ministre évoque aussi sa circulaire d'août 1997 contre les violences faites aux enfants ; un texte qui "rappelle les obligations de signalement, de sanction et d’enquête", "non appliquée à Bétharram manifestement". 

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BFMTV s'est procuré trois courriers datant de 1998 et 2000, qui "prouvent" que la garde des Sceaux de l'époque, Elisabeth Guigou "avait été prévenue de la gravité des faits reprochés au père Carricart", qui dirigeait l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, par le procureur général de la cour d'appel de Pau, écrit la chaîne. 

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"Dans cette affaire, le gouvernement au sein duquel j’ai eu l’honneur d’assumer les fonctions de ministre de la Justice (...) a fait son travail et l’institution judiciaire a fait le sien, en toute indépendance", a réagi dans la soirée auprès de l'AFP Elisabeth Guigou, déplorant "misérable polémique politicienne".

Dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, une autre question a été posée, ce mardi 18 février, à François Bayrou par le député Paul Vannier (La France insoumise), qui avait déjà interpellé le chef du gouvernement à deux reprises la semaine dernière, appelant à sa démission. "Quelles mesures avez-vous prises après avoir reçu en 1996, alors que vous étiez ministre de l'Education nationale, un rapport d'inspection sur Bétharram ?", a-t-il notamment interrogé

Ce n'est pas à ceux qui n'étaient pas aux responsabilités ce jour-là qu'il faut poser des questions. Gérald Darmanin

Cette fois, c'est le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui a répliqué. "A la demande du Premier ministre, nous avons demandé au parquet général et au procureur de Pau de nous formuler les demandes de renforts nécessaires" pour traiter "les très nombreuses plaintes, plus d'une centaine, qui ont été déposées", a-t-il annoncé. Avant d'ajouter, à l'intention des oppositions : "Si vous cherchez à savoir ce qu'il s'est passé dans cette affaire, ce n'est pas à ceux qui n'étaient pas aux responsabilités ce jour-là qu'il faut poser des questions."

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