Budget 2021 : les députés votent la hausse des crédits du secteur culturel

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Bachelot PLF
par Soizic BONVARLETAriel Guez, le Vendredi 6 novembre 2020 à 16:25, mis à jour le Lundi 15 novembre 2021 à 10:41

Dans le cadre de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 2021, les députés examinaient ce vendredi 6 novembre le budget de la Culture. À l'heure où ce secteur se voit particulièrement éprouvé par les conséquences économiques de la crise sanitaire, la ministre Roselyne Bachelot a voulu rassurer.

Les députés ont validé vendredi 6 novembre les crédits des missions "Culture" et "Médias, livre et industries culturelles" du projet de loi de finances pour 2021. La hausse des crédits n'a pas compensé les inquiétudes sur ces secteurs durement frappés. C'est un budget "autant de crise que de refondation" a déclaré la rapporteure pour avis Céline Calvez (La République en marche). 

La presse et le livre, grandes priorités de ce budget

Avec 19 millions de moyens nouveaux - une progression de 3,2% - le budget des médias, du livre et des industries culturelles - dont le cinéma - s'élèvera au total à 606 millions d'euros. Parmi eux, 8 millions d'euros supplémentaires seront alloués à la presse et aux médias. Pour le secteur du livre, "dont l'ensemble des maillons de la chaîne doivent être considérés", selon Céline Calvez, "qu'il s'agisse des auteurs, éditeurs, imprimeurs, distributeurs, diffuseurs ou encore libraires", et celui des industries culturelles, c'est une hausse de 11 millions d'euros que consacre ce Budget pour 2021.

"Certes le budget de cette mission traduit un effort", a déclaré Michèle Victory (Socialistes et apparentés), "mais les 4,8% d'augmentation au PLF 2021 risquent de ne pas être à la hauteur des enjeux colossaux". La députée de l'Ardèche a ainsi évoqué la régulation du marché numérique et le 7e art, "qui tente de résister malgré des mesures incohérentes à son égard : fermeture, réouverture, couvre-feu puis de nouveau fermeture".

Côté baisses, c'est celle du budget de l'audiovisuel public - au moment où il subit une lourde perte de ses recettes publicitaires - qui a nourri l'incompréhension sur plusieurs bancs de l'opposition. La ministre de la Culture a répondu en évoquant les 70 millions d'euros contenus dans le plan de relance à destination de l'audiovisuel public.

Réouverture des librairies : une réflexion en cours ?

Autre sujet brûlant : les librairies. Alors que le gouvernement vient d'annoncer la prise en charge des frais d'envoi de livres commandés auprès de librairies indépendantes pendant la durée du confinement - afin de les aider à faire face à la concurrence des plateformes en ligne, Virginie Duby-Muller (Les Républicains) a jugé cette disposition "insuffisante", et plaidé pour la réouverture des libraires de proximité. "Nous avons du mal à comprendre pourquoi acheter un livre dans une librairie multiplierait les chances de contamination par rapport à l'achat d'un yaourt dans le rayonnage d'un supermarché", a-t-elle ainsi déclaré.

La ministre a fait remarquer que précisément, une librairie constituait "un lieu de convivialité", et que si des discussions sont en cours, il s'agissait de réfléchir "au fait d'assurer la sécurité sanitaire dans une librairie", en allant "au-delà du gel hydroalcoolique à l'entrée".

Un peu plus tôt dans la journée ce sont les crédits de la mission "Culture" qui avaient fait débat.  Là encore le budget augmente de 4,8 % pour atteindre 3,8 milliards d'euros - auxquels s'ajoutent les deux milliards d'euros du plan de relance.

Selon la ministre, "l'augmentation exceptionnelle manifeste la volonté qu'a le gouvernement de conforter le rôle de la culture dans la vie de notre pays". La ministre a rappelé les aides de l'État en vigueur depuis plusieurs mois. Concernant "l'année blanche de l'intermittence", Roselyne Bachelot a indiqué que "l'effort sera bien entendu poursuivi si la nécessité le demande".

Le Pass culture maintenu... mais réduit et réorienté

Les échanges ont été particulièrement nourris sur la question du Pass culture, dont l'organisation actuelle a été remise en cause par des députés de droite comme de gauche.

"Le Pass culture est en phase de gestation. Qu'il y ait encore des défauts, des choses à améliorer, je suis la première à le reconnaître", a réagi Roselyne Bachelot. "Nous réfléchissons à modifier le montant du Pass qui passerait à 300 euros", a indiqué la ministre de la Culture. "J'ai proposé de nouvelles orientations" et des "arbitrages sont en cours afin de permettre une généralisation à l’ensemble des jeunes de 18 ans", a-t-elle ajouté.

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Ce Pass profite "chaque jour d'une dynamique croissante", a-t-elle toutefois souligné, indiquant par ailleurs que 75% des réservations effectuées l’étaient pour des objets physiques : 300.000 livres ont par exemple été vendus.

Le coût des travaux du Grand Palais fixé à 466 millions d’euros

Les députés de l’opposition ont également voulu revoir l’attribution des crédits concernant la rénovation du patrimoine, et ont notamment abordé le sujet des travaux du Grand Palais. Fermé jusqu’en 2023 pour une ouverture espérée avant les Jeux olympiques 2024, le monument parisien a vu son projet architectural revu à la baisse, sans changer cependant le coût de sa nécessaire rénovation. Au cours des débats, Valérie Bazin-Malgras (Les Républicains) a proposé de prélever 2,5 des 466 millions d’euros pour les attribuer à la prise en charge des frais d’inscription des élèves universitaires dans les écoles d’art territoriales.

"Il n’y a vraiment pas l’idée qu’on puisse se servir dans les crédits du Grand Palais pour des actions qui peuvent être par ailleurs tout à fait légitimes", lui a répondu la ministre. Le rapporteur Gilles Carrez (Les Républicains) a averti Roselyne Bachelot : "Il faut se tenir aux 460 millions d’euros ! On n’a plus le droit au moindre dépassement". La ministre a tenté de le rassurer, expliquant qu’il existait une réserve de précaution dotée de 30 millions d’euros. À son tour elle a cependant alerté : il faut à tout prix réaliser les travaux du monument parisien. "Si on n’agit pas maintenant fermement, c’est la mort du Grand Palais qui est programmée !".

Notre-Dame : "Les donateurs n’ont jamais été trompés", assure Roselyne Bachelot

Autre sujet patrimonial majeur, la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris. Alors que la Cour des Comptes a pointé fin octobre le manque de transparence dans la gestion et l'utilisation des dons issus de la souscription nationale pour financer la reconstruction du célèbre monument, Gilles Carrez a défendu un amendement visant à "apporter directement sur les crédits budgétaires une subvention annuelle du ministère de la Culture".

Cette subvention correspondrait aux charges de fonctionnement de l’Établissement public chargé des travaux de conservation et de restauration de la cathédrale. Un amendement "fondamental" afin d’assurer la transparence de l’utilisation des dons, a défendu Brigitte Kuster, députée LR par ailleurs présidente de la mission d’information sur Notre-Dame.

"Je suis tout à fait claire : les opérations de maitrises d’ouvrages de conduite des travaux ne sont pas détachables du fonctionnement d’un établissement dont c’est la mission statutaire (…) Les donateurs n’ont jamais été trompés sur cette affaire", a répondu la ministre, renvoyant par ailleurs aux déclarations "parfaitement transparentes" de Franck Riester lorsqu’il occupait son poste. Roselyne Bachelot s’est finalement positionnée contre l’amendement, lequel a été largement rejeté.