Le député LFI a vu sa sanction confirmée par le bureau de l’Assemblée nationale, mercredi, pour avoir refusé de retirer le maillot de football qu’il portait dans l'hémicycle. LCP.fr l’a suivi dans son périple très médiatique.
Comme un élève avant son conseil de discipline. 11 heures pétantes mercredi, le député François Ruffin s’avance dans la grisaille parisienne en direction de l’Hôtel de Lassay, la résidence du président de l’Assemblée nationale. Entouré d’un stagiaire et d’un assistant muni d’un appareil photo, François Ruffin attend son attaché parlementaire, chargé notamment de partager l’événement sur les réseaux sociaux. Si François Ruffin est arrivé une demi-heure avant son audition devant le bureau de l’Assemblée nationale, c’est principalement pour pouvoir organiser un Facebook live dans un salon du Palais Bourbon.
Réalisation vidéo, photos, tweets, le député de La France insoumise ne néglige rien dans sa stratégie médiatique. Deux semaines après l’incident de séance où le réalisateur de Merci Patron ! a revêtu, dans l’hémicycle, le maillot de football vert de l’équipe d'Eaucourt-sur-Somme, une commune de sa circonscription, le député veut s’expliquer sur sa démarche devant les 182 000 abonnés à sa page Facebook.
Regard caméra
"C’est une décision arbitraire du président de l’Assemblée nationale, rien ne m’interdit de porter un maillot dans l’hémicycle !", tonne François Ruffin. Il entre dans le Palais Bourbon, non loin du salon Delacroix où rentrent les députés de gauche dans l’hémicycle et s’assoit dans un coin. Son assistant pose le trépied de l’appareil photo. Un autre le filme avec un smartphone. Alternance des valeurs de plan, regard caméra, le député s’adresse à ses électeurs en véritable professionnel des médias.
18 minutes et 36 secondes d’un plaidoyer intitulé "Live – Conseil de discipline de l’Assemblée". La vidéo totalisera 87 000 vues le lendemain et ce commentaire de l’élu communiste Sébastien Jumel : "Solidarité de ton camarade député". Tout au long de son plaidoyer, François Ruffin ne quittera pas le maillot vert posé bien évidence sur la table à sa droite. Il y a du Marat – celui de l’ami du Peuple – chez cet élu, par ailleurs rédacteur en chef de la revue Fakir, une revue militante qui dénonce les violences sociales.
"Il faudra retravailler au montage"
Une fois son Live terminé, le député LFI débriefe avec son équipe sa prestation, relevant ce qui a pu pêcher. "Je crois que cette partie-là il faudra la retravailler au montage", ses deux assistants en prennent bonne note. Presque onze heures et demi, direction l’Hôtel de Lassay. François Ruffin se dirige vers la présidence où se tient la réunion du bureau de l’Assemblée. Il va tenter, sans grand espoir, d’obtenir l’annulation de sa sanction – une retenue de 1 378 euros, soit le quart de son indemnité parlementaire.
Ce n’est que la deuxième fois qu’il pénètre dans la galerie dorée avec ses lustres, ses dorures et son épais tapis rouge. Son audition est retardée, il patiente en lisant un exemplaire du Canard enchaîné. Face au bureau il se défend pendant 25 minutes mais sa prestation ne changera rien : François de Rugy, et la quasi-unanimité du bureau, resteront inflexibles. Sa sanction est confirmée. Mais pas question pour lui de démissionner, comme la rumeur l’indique parfois. "Au contraire, ça leur ferait trop plaisir !.."