En cas de recours au 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale, ce lundi 2 décembre, et sauf arbitrages significatifs qui répondraient à ses exigences, le Rassemblement national votera une motion de censure avec le Nouveau Front populaire pour faire tomber le gouvernement, a annoncé le président du parti, Jordan Bardella, sur RTL.
La censure du gouvernement de Michel Barnier est-elle désormais inéluctable ? C'est en tout cas l'hypothèse qui se dessine de plus en plus clairement à cette heure, en cas de recours au 49.3 sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), qui fera son retour à l'Assemblée nationale, ce lundi 2 décembre, sur la base de l'accord trouvé en commission mixte paritaire la semaine dernière. Pour que la motion de censure consécutive à un éventuel 49.3 fasse tomber le gouvernement, il faut que les voix du Rassemblement national, premier groupe en nombre de députés, s'ajoutent à celles des groupes du Nouveau Front populaire, premier bloc d'opposition.
"Le Rassemblement national actionnera le mécanisme du vote de la censure, sauf évidemment miracle de dernière minute, si Michel Barnier venait à revoir sa copie d'ici 15 heures, mais j'ai peu d'espoir qu'il soit touché par la grâce", a déclaré le président du RN, Jordan Bardella, ce lundi matin sur RTL, évoquant "un budget de punition qui va ralentir très drastiquement l’activité économique de notre pays et fragiliser le pouvoir d’achat".
"Le ministre du budget, Laurent Saint-Martin, s'est exprimé hier en indiquant que le gouvernement n'entendait plus bouger. Par conséquent, à partir du moment où Michel Barnier poursuit la politique d'Emmanuel Macron, le Rassemblement national censurera évidemment ce gouvernement", a poursuivi Jordan Bardella en référence aux propos du ministre tenus dans Le Parisien dimanche. Ce dernier avait estimé que le budget de la sécurité sociale étant "le fruit d’un compromis parlementaire", et que "revenir dessus serait s’asseoir sur le Parlement", actant de fait la fin des négociations.
La semaine dernière, le RN avait semblé obtenir, en partie au moins, satisfaction sur certaines de ses "exigences", notamment rappelées par Marine Le Pen lors de son entrevue avec le Premier ministre. Même si ces demandes n'émanaient pas du seul Rassemblement national, Michel Barnier avec annoncé l'abandon de la hausse des taxes sur l’électricité et la réduction du champ de l’aide médicale d’Etat (AME). La triple candidate à l'élection présidentielle n'avait, en revanche, pas été entendu sur la revalorisation de toutes les pensions de retraite au 1er janvier et sur son opposition à la baisse du remboursement de médicaments. Malgré les déclarations de Laurent Sain-Martin et sans faire référence au RN, Matignon a fait savoir dimanche soir que le gouvernement de Michel Barnier restait "ouvert au dialogue, comme il l'est depuis le début".
Une indication intervenue après les propos tenus par Marine Le Pen, qui avait indiqué dimanche que son groupe ne laisserait pas "les Français se faire dépouiller pour réparer les erreurs de sept ans de macronisme". "Il y a des chances qu’on tire les conséquences de ce comportement extrêmement fermé et sectaire", avait aussi déclaré à l'AFP la cheffe de file des députés RN à l'Assemblée nationale.
Ce lundi matin, Sébastien Chenu est, quant à lui, revenu sur les conditions du "miracle" évoqué par Jordan Bardella pour que la censure ne soit pas votée par son groupe. "Un miracle, ce serait un changement de ligne politique (...) pour que ce budget ne soit pas un budget de punition pour les Français", a déclaré le député à l'antenne de BFM. Faute de cet infléchissement en profondeur réclamé par le RN qui tient "de la responsabilité du gouvernement (...) c'est plié", selon les mots de Jordan Bardella.
Si Sébastien Chenu a indiqué que la motion de censure du groupe de Marine Le Pen était "prête" et "signée", c'est celle du Nouveau Front populaire qui aboutirait en cas de 49.3, les groupes de gauche n'ayant jamais voté une censure présentée par les troupes de Marine Le Pen, alors que le RN s'est dit prêt, comme il l'a déjà fait, à voter une motion du NFP. Le cas échéant, la censure pourrait être soumise au vote des députés faire tomber le gouvernement ce mercredi 4 décembre, à moins que le gouvernement décide de ne pas recourir au 49.3 cet après-midi - ce qui est un scénario possible - laissant ainsi le budget de la Sécurité sociale être mis au vote, quitte à ce que celui-ci soit rejeté.