L'Assemblée nationale rejette la motion de censure de la Nupes

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Valérie Rabault, le 12 juin 2023, à l'Assemblée nationale. LCP
Valérie Rabault, le 12 juin 2023, à l'Assemblée nationale. (LCP)
par Maxence KagniSoizic BONVARLET, le Lundi 12 juin 2023 à 20:18, mis à jour le Mardi 13 juin 2023 à 11:05

La motion de censure déposée par la Nupes n'a pas été adoptée, obtenant 239 voix sur les 289 requises pour son adoption. L'alliance de gauche a dénoncé un "abaissement continu" de l'Assemblée nationale. Elisabeth Borne a répondu en soulignant que l'incapacité des oppositions à faire tomber le gouvernement démontrait l'absence de "majorité alternative".

Une motion de censure dont les promoteurs avaient conscience qu’elle avait peu de chances d’aboutir, mais pensée pour dénoncer "l'abaissement continu (…) infligé à l'Assemblée nationale depuis des semaines". C’est ce qu’a revendiqué ce lundi 12 juin Valérie Rabault (Socialistes), à la tribune de l’Assemblée nationale, alors qu’elle défendait la motion de censure déposée contre le gouvernement par les quatre groupes de la Nupes. 

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"Mettre un terme au discrédit que le gouvernement jette sur l'Assemblée", dit Valérie Rabault  

"Ce qui se joue aujourd'hui (...), c'est la possibilité de mettre un terme au discrédit que le gouvernement jette sur l'Assemblée nationale", a affirmé Valérie Rabault. Revenant sur les différents épisodes liés à la proposition de loi du groupe Liot, qui visait à abroger la retraite à 64 ans, elle a estimé que "le gouvernement [avait] fait pression sur la présidente de l'Assemblée nationale pour que le débat n'ait pas lieu", évoquant "un très grave précédent".

Vous avez parfaitement le droit de ne pas être en accord avec les convictions politiques [d’Eric Coquerel]. Mais vous n’avez pas le droit de le dénigrer dans son rôle institutionnel. Valérie Rabault (Socialistes)

Inversement, la vice-présidente de l’Assemblée et ancienne rapporteure générale du budget a défendu la décision du président de la commission des finances, Eric Coquerel (La France insoumise), au sujet de la recevabilité financière de la proposition de loi du groupe Liot. Une décision qu'elle a jugée "en tous points conforme à celles de ses prédécesseurs" à la commission des finances alors que, ces derniers jours, Eric Coquerel a été vivement critiqué par les groupes de la majorité. 

"Merci" à la Nupes, répond Elisabeth Borne

La Première ministre Élisabeth Borne a répondu avec ironie à Valérie Rabault, disant à plusieurs reprises "merci" aux députés de la Nupes. "Merci de faire une fois de plus la démonstration que, quels que soient les événements, (...) le mot de la fin revient toujours à l'Assemblée nationale", a déclaré la Première ministre.

Aux yeux de la cheffe du gouvernement, les 16 motions de censure examinées - et rejetées avant celle du jour - montrent que son gouvernement et la majorité présidentielle, bien que relative, sont les seuls à être en capacité d'exercer le pouvoir : "Merci, Mesdames et Messieurs les députés de la Nupes, d'avoir permis aux Français, déjà à 16 reprises, de constater que vous n'avez pas de majorité et qu'il n'y a pas de majorité alternative au Parlement", a ajouté la Première ministre, anticipant le rejet de cette 17e motion de censure. 

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"Nous n'avons ni le temps ni le droit de tergiverser", a affirmé Elisabeth Borne, semblant se projeter sur la suite de son bail à Matignon, alors que son remplacement est parfois évoqué : "D'autres chantiers nous attendent et nous continuerons à construire des majorités", a-t-elle notamment expliqué, évoquant tour à tour la transition écologique, les services publics, l'éducation, la résorption de la dette, la sécurité ou encore le plein emploi.

Nous n'avons ni le temps, ni le droit de bloquer les solutions nécessaires pour les Français. Élisabeth Borne

"Vous deviez apaiser le pays en 100 jours et vous échouez" a, quant à lui, tonné le président du groupe Liot. "Vous devriez tirer vous-même les conclusions qui s'imposent, votre responsabilité désormais serait de démissionner", a suggéré Bertrand Pancher en s'adressant à la Première ministre. Lui-même, comme la plupart des députés de son groupe, n'a cependant pas voté la motion de censure. 

Au contraire, le groupe du Rassemblement national a voté la motion de la Nupes. Ce qui a fait dire à l'orateur du groupe Les Républicains, Jean-Louis Thiériot, que cette motion était le "mariage de la carpe LFI et du lapin RN". En mars dernier, après l'utilisation du 49.3 par Elisabeth Borne sur la réforme des retraites, 19 députés LR sur 61 avaient soutenu la motion de censure "transpartisane" présentée par le groupe Liot. Cette fois, aucun député Les Républicains n'a voté pour la chute du gouvernement.